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Publications de Philippe Lemoine (8)

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Sans attente...

 

Endiguer la lumière, épingler le soleil,

Fil à fil dénuder ses couleurs ondoyantes

Et tisser ses rayons en corolles de miel,

Enrubanner ton cœur de douceurs chatoyantes… 

 

Le poser tendrement sur l’herbe du jardin,

Laisser le vent sécher les larmes taciturnes

Qui ternissent le ciel de tes yeux au matin, 

Libérer cet oiseau de ses ombres nocturnes…

 

Épandre autour de lui la menthe et le jasmin,

Aromatiser l’air qu’il respire d’épices,

Ensemencer de fleurs l’esquisse d’un chemin,

D’un geste de la main l’extraire des abysses…

 

Repeindre l’horizon d’une écharpe d’iris,

Composer l’harmonie aux cordes d’une lyre,

L’écouter palpiter dans la claire oasis,

L’éveiller dans un nid de soie et cachemire…

 

D’un souffle éparpiller les ombres de l’ennui,

Composer un poème impossible à transcrire,

Déposer une clef sur ta table de nuit,

Dessiner au crayon, sur ta bouche, un sourire…

 

Et puis, à pas feutrés, comme je suis venu,

Disparaitre, partir, me fondre dans l’espace,

M’étendre dans l’oubli, glisser vers l’inconnu,

Sans attente, ne plus penser au temps qui passe…

 

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J'aurais...

 

J’aurais voulu quitter mes habits de tristesse,

Ne pas me sentir seul lorsque tu dis tendresse,

La vie est infidèle au bon vouloir du cœur,

Sous ma fenêtre chante un grand merle moqueur…

 

J’aurais voulu cueillir des roses sur tes lèvres,

Ensemencer le ciel d’aubépine et de rêves

Mais le temps est cruel avec celui qui aime,

Des promesses d’hier, ne reste qu’un poème…

                                                                                                    

J’aurais voulu t’aimer à en perdre la tête,

Faire de chaque jour une nouvelle fête,

Je t’ai vu doucement ne plus dire demain,

Pas à pas t’éloigner en délaissant ma main…

 

J’aurai voulu partir avec toi pour Venise

Et peut-être m’assoir sur le banc d’une église

Mais sur les quais déserts, s’éloigne ton regard,

Seul résonne l’écho d’un train sur le départ…

 

J’aurais voulu garder ton petit cœur pour cible

Mais je suis maladroit, cela devient risible,

Comme peau de chagrin mon carquois est usé, 

Je n’en ai plus la force et mon arc est brisé…

 

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Dites-lui, chaque jour...

 

N’enfermez pas l’amour dans un sombre bazar,

Dans l’ennuyeux fracas de la vie ordinaire,

Non, ne le laissez pas s’éteindre solitaire

Sous les cendres du temps simplement par hasard…

 

Écoutez-le chanter dans le creux de vos mains,

Acceptez l’arc-en-ciel, les couleurs de son âme,

Quel que soit son humeur, n’en faites pas un drame,

Prenez-le comme il est sans peur des lendemains…

 

Allez moudre le grain qu’il attend chaque jour

Sans lequel, doucement, il perdra la parole,

Ce n’est pas une offrande et ni même une obole,

Simplement une étoile au sommet d’une tour…

 

Au rythme de son cœur, d’un pas respectueux,

En humble serviteur, aux sources des tendresses,

Emmenez-le danser la valse des caresses,

Avec lui tournoyer sous un dais somptueux…  

  

Donnez-lui des étés de braises et des nuits

Sans sommeil, de l’eau fraîche…Allez boire à ses lèvres

La lumière limpide où s’abreuvent les rêves,

À ses pieds déposez des bouquets épanouis…

 

Dans ses bras lâchez prise, éveillez du désir

Et le corps et la flamme. Entendez comme il vibre !

Au bien-être des sens, montrez-lui qu’il est libre,

Avec lui partager l’essence du plaisir !...

 

Préservez ce joyau des soucis, des tracas,

Du quotidien banal, de la fureur des armes,

De l’hiver et du froid, du sang et puis des larmes ;

Dites-lui, chaque jour, des mots doux, délicats… 

 

 

 

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D'encre et de sang...

 

De la vie à la mort, la fusion des astres,

Tout le long de la route et de joies en désastres,

L’immanence vitale et la couleur des cieux,

Le visage de ceux que l’on désigne Dieux,

Le chaos, le néant, les mauvaises fortunes

Et si tout dépendait du bon vouloir des runes ?

Créateurs d’infinis, poètes décidés,

Lancez autant de fois que possible, les dés

Sur la table et s’il le faut, trichez ! L’imaginaire

Se moque et méconnait le hasard arbitraire !

Alchimistes des mots, puisez la liberté

À la source de l’art où l’œuvre, en aparté,

Brise chaque maillon du cycle despotique ;

Transmutez la poussière en miroir prophétique…

Au carrefour des vents, souffles phosphorescents,

Ensemencez le ciel d’éclats incandescents, 

D’encre et de sang, tracez des routes admirables

Et donnez consistance aux voix impénétrables….

 

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Je me demande souvent...

Je rêvais d’un amour à la fois doux et tendre

Et tu ne disais rien, j’en suis resté surpris.
Je te disais les mots que je voulais entendre,
Ce n’étaient pas les tiens et je n’ai pas compris
Ou plutôt j’ai compris, à travers ton silence,
Ce qu’il fallait entendre alors je suis parti
Te laissant à ta vie. Au loin sans ta présence ;
Demeure le besoin d’un bonheur interdit…

A la fois insoumise et colombe fragile,
Ombrageuse parfois mais tellement gracile,
Fascinante, émouvante, éprise au fil de l’eau,
Et plus encore aussi sensible à fleur de peau…
Souvent je pense à toi, comme à cette andalouse
A la beauté rebelle et charmes enjôleurs,
En quête d’infini, cette femme jalouse
Exigeante et pourtant otage de ses peurs…

Tu me disais des mots que je n’ai su comprendre,
Ce n‘étaient pas les miens, j’étais compréhensif
Mais je ne disais rien, t’aurais pas pu m’entendre,
Tu parlais d’un amour orgueilleux, possessif,
Un peu fou mais jaloux, impossible à te rendre
Alors tu es partie en d’autres rendez-vous
Chercher cet absolu sans plus jamais m’attendre,
Je me demande souvent, que reste t-il de nous ?...

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Flétrissure...

Flétrissure…

1

Abandonnés de tous, le cœur ensanglanté,
Anonymes défunts à la maigre ossature,
Partout gisent des corps sans croix ni sépulture,
Dont seule la charogne aime la nudité…

Ni femmes, ni vieillards et encore moins d’hommes
Dans la force de l’âge et pas même d’enfants
N’ont trouvé de pitié dans les yeux triomphants
De ces bourreaux sans nom bâtisseurs de pogromes…

Et combien de martyrs en d’immondes fossés
Blanchissent de leurs os l’admirable nature,
De tyrans ont souillé la belle architecture
Ne laissant sur leurs pas que temples fracassés…

Nombreux des orphelins déambulent hagards,
A demi-moribonds subissent la famine
Et succombent soudain rongés par la vermine
Repliés sur le sol, méconnus des regards,

Squelettes rabougris comme de vieilles souches,
Dans la poussière sèche au hasard des chemins,
Ils agonisent seuls, misérables gamins,
Jusqu’à leur dernier souffle assaillis par les mouches…

Des cavités parfois, ressuscitent des ombres,
Contestant de la mort l’horrible et la stupeur
Et de leurs grands yeux noirs obscurcis par la peur,
Elles traquent la vie au milieu des décombres…

Par d’incultes césars, sans combattre vaincu,
Des causes du chagrin le prochain épisode,
Pauvres sont ceux prenant la route de l’exode,
Pour simplement survivre à l’horrible vécu…

Cohortes de damnés passant en file indienne,
Ils cherchent dans l’ailleurs un instant de répit,
Rien qu’une once de paix que le temps interdit,
Supportant de l’exil la douleur quotidienne…

Par la faim et la soif nullement épargnés,
N’éprouvant dans leurs cœurs nul espoir ni rancune,
D’une fausse lenteur, vers des camps d’infortune,
En d’arides déserts ils marchent résignés…

Harassés, lapidés par des revers extrêmes,
Ils trouvent dans la fuite un ultime levier,
Une miette de chance, un rameau d’olivier
Et puisent l’énergie au plus profond d’eux-mêmes…

Fantômes harassés se tenant par la main,
Il en est un qui tombe et puis un autre encore,
Leur nombre, lentement, pied à pied, s’édulcore…
Surmontant les périls d’un effort surhumain,

Ils sont là, par milliers, allongés sur les sables,
Recueillant du repos un trop maigre butin,
D’un lourd sommeil sans rêve, ils espèrent le matin ;
Hommes toujours vivants et pourtant périssables…

………


2

Victimes de la guerre ou de l’enfer sur terre,
Par l’humaine bêtise, immolés, suppliciés,
Sur l’autel du pouvoir, citoyens sacrifiés,
Violentés, frappés par l’hydre délétère,

Crèves la faim, migrants, réfugiés, vagabonds,
Fuyant la mort, la peur, l’ombre des cimetières,
Pour les meilleurs raisons passeurs de frontières,
Pareils à des voleurs, à demi-moribonds,

Ils traversent le monde en quête d’un refuge
Gardent l’espoir secret d’un possible oasis,
D’un pays de cocagne imaginés jadis,
Quand leurs pères déjà pleuraient face à l’immonde…

Certains ont tout donné pour ce rêve lointain,
D’autres moins fortunés sur des radeaux précaires
Ont bravé l’océan, ont connu maints calvaires
Et puis ont fait naufrage oubliés du destin…

Et lorsque l’un d’entre eux aborde l’autre rive,
Il devient l’étranger, celui qui sans papiers
Est désigné du doigt, qui face aux policiers,
Dans d’infâmes taudis se cache pour survivre…

…………

3

Les poètes ont beau déclamer l’espérance
D’un jardin vertueux, croire en l’humanité,
Avec ardeur, exalter l’amour, l’égalité,
De leurs chants enfiévrés chanter la tolérance….

Depuis le premier jour, les temps n’ont pas changé,
La bête a fait son nid sous la belle parole,
Subsiste dans les cœurs rognés par la vérole
L’égoïste fléau ; la peur de l’étranger…

Ô France, mon pays, terre des droits de l’homme,
En violant l’esprit des textes fraternels,
Tu as souillé les mots inscrits sur tes autels,
Et corrompu, vendu ton idéal en somme…

Existe-il encore une terre d’accueil,
Quel que part dans le monde un lieu de référence
Où le migrant pourrait oublier sa souffrance,
Des hydres du passé faire et consommer le deuil…

Naguère prisonnier des chiens de la milice
Il a franchi les mers, gagné sa liberté,
Aujourd’hui clandestin, dans la précarité,
Il survit comme un rat traqué par la police…

……………..
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Sulfureux...

Indéchiffrable femme à ta lèvre orgueilleuse,
Rouge sang, j’ai cueilli, brûlant et sulfureux,
Le vénéré fruit mur d’un baiser langoureux
Et goûté du péché la saveur frauduleuse…

Adorable démon à l’ardeur scandaleuse,
Enivré par le jeu d’un amour dangereux,
A ta bouche, je bois du venin savoureux
Le nectar épicé de ta langue enjôleuse…

Emérite danseur d’un tango défendu,
Enflammé je titube animal éperdu
Et connaît du désir la coupable morsure…

Extatique victime encollée à ton corps,
Du plaisir immanent s’estompe le remords,
De ton sein je bénis la sublime luxure…
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L'enlumineur d'étoile...

Nature funambule au fil des sentiments,
D’une main « arc-en-ciel, » le peintre, de pigments,
Est libre de suspendre, au pinacle, une étoile
Et du vide absolu d’enluminer la toile…

Virtuose indécis sur l’image à venir,
De l’esprit, son pinceau, garant du souvenir,
Dévoile avec pudeur les secrets de l’intime
Qui s’estampe sur l’œil et que le cœur estime…

Ineffable prodige, extase ou bien douleurs,
Ce qu’il est seul à voir divulgue ses couleurs,
Effleurant le divin de son imaginaire,
Il délivre de l’art l’écho visionnaire…

Plus tout à fait lui-même, en un état second,
Il peuple l’infini de son souffle fécond,
Lorsque tremblant, son trait dessine des visages,
L’espace se transforme au gré des paysages…

Sensible sa peinture embrase l’horizon,
Emu, tout un chacun y pose une oraison,
Pour l’un le monde est triste et l’autre en voit la flamme ;
Qu’importe le regard, de l’artiste : « il est l’âme ! »

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