Enfant, j’ai égaré ma fée
J’ai inventé un autre jeu.
Et j’ai aimé mon invention
Depuis que d’autres jeux j’ai inventés !
A vingt ans, j’ai inventé un jeu fou
A trente, un jeu-rêve
A quarante, un jeu d’Or.
Mais à cinquante, qui ne le sait ?!, commence la vie !
Alors je me suis mise à jouer,
Après avoir cru l’avoir inventé
seule et avec l’autre, le jeu-vie !
Loin du miroir, loin du temps,
Importe peu la fresque en rides
Et la lactescence de ma noire chevelure !
Puisque au détour d’une cavale
S’est posé dans ma paume l’amour
Epervier à ses heures
Et, au crépuscule, troubadour
Qui vadrouille de souvenir en souvenir
Son jeu-vie de chaque jour.
Scribe quinquagénaire à la plume nerveuse
Je joue à la marelle des mots
Voguant parmi les éternelles marées et rivages
Semant dans leur limon la question du verbe!
Et puis j’attends…
Ici, les gerbes en or font de la vie une fable
Là, poèmes et légendes
Suturés de silences et de refrains
Ondes marines et de labour
Qui font sur ma peau brune
Couleur de datte mûre
Courir de tièdes frissons.
Même l’aurore ne distingue plus
Si la fillette au regard coquin
Rêve encore ou la folie l’a emportée
Au loin se lève le cri de la marée
Ramenant l’enfant qui joue
A la rive de la réalité
Mais comme si ne se souciant de rien
Au loin, et je la vois !,
Ma fée entame sa résurrection !
Monia Boulila