La pluie offre un battement arythmique
à la pesanteur de mon coeur si lent ,cieux!
si l'enfer n'est que l'en vers ce que mon corps avance
je ne puis rompre la logique mécanique
ordonnant de s'effacer devant le Pré ,cieux!
ou le Pré su? Mais plus forte est ma Lance
qui perd ce doute mi nu , minutieux
entre ténu et têtu que voudrait me conserver
les soi-disant victoires de la Raison
si je proclame de saine souveraineté
que si la Reine Intuition n'a guère de maison
sa Voix se fait en tendre sur toute vérité
Il faisait froid, la lune s'enveloppait
dans les voiles vaporeux de sa robe du soir
Je la guettais, je l'observais, dans l'espoir
d'un murmure, d'un signe de sa part
qu'elle n'aurait adressé qu'à moi
J'avais froid, sans doute je pleurais
je ne me souviens pas exactement...
Il régnait cette intimité silencieuse, lancinante
entre sa pâleur et mon âme frissonnante
Une mélodie sans paroles, envoûtante
pétrifiant mon coeur et mon être tout entier
tendu vers elle d'un seul mouvement
Mais je m'enfonçais, je ne pouvais le nier
Je me figurais un rêve d'enfant
qui attendait la tendresse de sa maman...
Le regard si lointain de cette Dame en blanc
me glaçait et pourtant je restais là,face au vent
Combien d'heures suis-je restée ainsi ?
Jusqu'à l'épuisement de mes sens
qui dans un dernier appel à l'esprit
me forcèrent à quitter le néant
Il faisait froid, la lune se retirait
dans son salon tapissé de soie rose
me tournant le dos, fatiguée de sa pose,
laissant mes yeux éteints et cernés...
J'allai retrouver le lit dont les draps
seulement froissés par moi
pouvaient encore m'envelopper
de la nécessité de me reposer
Des lys, lilas, folies, faux lits j'en ai connus,
il est vrai des lits de maladies
des lits de délits ,des lits de naissance,
mon délit de naissance? mon délit d'essence?
de l'indécence des lits, des lits froids,
des lits vides ,des lits de douleur,
de violence des lits de joie...si peu...
j'ai crié : je veux, je peux et à l'aide
j'ai supplié dans les nuits : maman !
j'ai hurlé : viens, reviens, j'ai prié
j'ai pensé et je me suis tue
le silence a couvert mes nuits
l'absence n'a plus fait de bruit
je me suis tue, j'ai dormi ,ni père,
ni mère, ni amant ,j'ai dormi sans esprit
avec et sans calmants j'ai appris,
tout s'apprend ,même le viol, même la peur,
la pudeur,la terreur, les saisons sans chaleur
les ciels obscurs du mineur ,
une main refusée, une main lâchée
tout s'apprend ...par coeur
comme des leçons à répéter
jusqu'a ce que le jour pleure sa lumière
et rappelle qu'il faut se lever et marcher ,
espérer à nouveau, au travers du gel du froid,
aller tout de même vers Elle
mais oui, la Vie... quelle que soit la couleur de la nuit
du lit, des lilas endormis, des lys des folies, des délits
' Manifester ses pouvoirs spirituels ' tome 1 de Pierre Lessard
Enrichissant, à intégrer à petites doses ....rien à voir de l'ésotérisme de grandes surfaces ;)
Tout va si vite, s'estompe et s'oublie
quand vient la marée qui reprend repentie
ses jolis coquillages avec ses murmures
pour ramener le tout vers les ondes obscures
lointaines et si froides qui embrassent
les épaves des verbes qui passent,
désespérés, qu'on n'entend plus chanter,
immobiles, figés dans les glaces
des doux miroirs à tiroirs,
se couchant sur les cheveux épars
de petites sirènes meurtries
qui iront ce soir se blottir
sans plus aucune mémoire
de ceux qui les connaissaient
lorsque gaiment elles nageaient
Le silence sera à nouveau bruyant
recouvrant tous ces mots disparus à tout vent
D'une rive à l'autre du coeur,
une émotion navigue voiles tendues,
gonflée de rires et de pleurs,
chargée de joie, de mots retenus,
le mât mis à mal par les vents
soufflant sur une mer agitée
au soleil voilé des yeux embrumés
de l'âme qui se serre contre ton sang
Murmures et chuchotements
s'échangent sur des baisers tremblants
à en perdre le meilleur marin
piégé par les sirènes d'antan
celui qui espère arriver pourtant
au port rayonnant de son aimée,
couler son corps en ses lèvres rosées...
La folie écraserait- elle la raison,
se parerait du manteau rageur de la passion,
qu'elle enfourcherait sa jument démente,
la lancerait au grand galop à travers champs,
pas un seul lac, pas une vallée,pas un animal
ne ralentirait sa course pour arriver
echevelée à la porte grillagée de ton domaine,
frapper tout ce qui couperait son passage
jusqu'à toi, qu'elle enlèverait
sans autre ménagement
que celui de plaquer un baiser sans fin
dévorant toute ombre de résistance,
pas un mot ne signerait cet acte sauvage
et dans l'éclat d'un seul regard, l'instinct en toi
répondrait furieusement, jetant au sol tout regret
Tout amour si grand fût- il ,serait consumé
dans les flammes de l'enfer, en moins d'une heure
vidé de sa substance en flots tumultueux
ne trouvant leur dénouement que dans l'épuisement
de deux corps qui n'auraient plus rien à se dire
et n'auraient encore qu'à se maudire
de n'avoir pas su faire fleurir et grandir
ce bourgeon envoyé par un ange de lumière