Ce que l' art n'est pas: il n'est pas la philosophie, parce que la philosophie est une réflexion logique, alors que l' art est irréfléchi. L' art n'est pas l'histoire, laquelle repose sur des catégories critiques, alors que l'art ne vit que de pures images. L' art n'est pas la science, même si l'on constate une force constructrice et unificatrice dans l'esprit poétique. Il n'est pas un simple jeu de l' imagination, mais la préoccupation sérieuse de faire d'un vague sentiment une intuition claire. L' art n'est pas non plus le sentiment immédiat, mais sa contemplation. Enfin, l' art ne saurait être utilisé à des fins morales.
L' art est avant tout intuition lyrique pure. L' intuition est l'essence du fait esthétique. Il n'y a pas cependant d'à priori esthétique "en soi", mais plutôt quelque chose d'immanent aux oeuvres singulières.
Le discours sur l' art par excellence est l' esthétique: celle-ci réorganise sans cesse l'univers des oeuvres. L' esthétique est plus qu'apparentée à la philosophie, elle est "toute la philosophie", par-delà le fait qu'elle traite de l' art. Ainsi, l'on ne peut séparer histoire de la philosophie et histoire de l' esthétique, de même qu'une esthétique non philosophique est impossible.
L'esthétique comble l'espace entre les perceptions confuses du vécu et les intuitions claires dont les oeuvres sont l'achèvement.
L' art est fondamentalement Un, et toute classification ou division est technique, ce qui entraîne une confusion entre art et technique; celle-ci n'est qu'une action pratique pour la conservation et la communication des oeuvres.
Réponses
L'art....
modulation de fréquences vibratoires à des octaves diverses incluant tonalités,harmonie ou disharmonie
donc lyrique!
"une oeuvre d'art est un tout....accompli, achevé"
" Le plus surprenant dans la création, c'est la faculté donnée à l'artiste de pouvoir se surprendre lui-même..." Roger Wauters
J'écrivais cela dans le groupe citation il y a peu. Cela coïncide avec la première phrase, ci-dessous. Par contre, je ne suis pas d'accord avec le fait que la conscience, la raison et la pensée n'accompagnent pas l'auteur en ce qui concerne la majeure partie des artistes hormis Jackson Pollock (1938- 1960) qui, faisant précisément exception, laissait parler son subconscient sur la toile... Même chez cet artiste, l'analyse fractale de son oeuvre a cependant démontré que sa raison et sa pensée dictaient ses gestes sur la toile... Bonne année 2011 ! RogerGil a dit :
Bonjour Gil,
à votre commentaire je répondrai ceci : L'art est rendu universel par la reconnaissance des critiques, d'un public.
Dans l'acte créatif il n'y d'autre but que l'acte.
Je me vois mal exprimer un ressenti instantanné sans faire appel inconsciemment à tout ce qui me façonne.
Je ne peux m'exprimer avec les mots d'un autre et inversément vvous ne verrez ce que je vois avec mes yeux.
Je ne peux toucher l'autre dans ses émotions qu'a condition de rendre mon émotion perceptible à l'autre.
Je ne pourrais me dissocier de ce que je suis pour atteindre l'autre. Un poème, un dessin est un infini rendu tangible
par l'outil, le métier, la personnalité de l'artisan.
C'est une vague, une bruine, un éclat jeté qui n'attend rien en retour. Il est
Quant à l'Ame n'est-ce pas cet infini que l'on possède, qui nous possède et dont chacun éprouve les vibrations?
Personnellement j'en exprime souvent les "étincelles"
Cordialement
Martine,
Est-ce que l’Art ne doit pas être « universel », pour justement toucher un plus grand nombre ?
Dans ce cas « le devoir d’exigence auquel se soumet le créateur ne doit pas varier selon des paramètres de vie qui lui sont propres ». Sinon seul l’artiste sera sensible à sa création.
Lorsque l’homme crée une chose, elle est nouvelle… il ne l’a connaissait pas avant de l’avoir créée. Il ne pouvait pas y penser avant… de la voir. (Nous ne pouvons penser qu’à ce que l’on connaît déjà, nous ne pouvons que REconnaitre… nos pensées sont des souvenirs de perceptions antérieurs. Essayez de penser à une chose que vous ne connaissez pas… c’est impossible). (((L’homme ne peut pas créer avec sa pensée. Ceci mérite une autre discussion :-) ))).
Donc lorsque l’artiste crée, il ne peut faire intervenir la culture, le savoir, la RE-flexion, l’esprit critique… qui sont des pensées, des souvenirs issus de notre passé. (Si il utilise ces éléments… ce n’est plus une « création », mais de la « communication », avec la volonté de faire passer un message… qui s’adressera… à la culture, au savoir, à la réflexion, à l’esprit critique du spectateur).
Lorsque l’artiste crée, il est en réaction à des perceptions dans l’instant, qui ne sont pour lui, que des « intuitions », puisqu’il ne les à pas encore interpréter par sa raison (il ne prend pas le temps de la REflexion, il reste en contact avec l’œuvre, avec l’instant présent).
Mais si l’artiste n’utilise pas sa raison pour créer… qu’est ce qui le guide ????
Ceci nous amène à l’autre discussion en cours sur le site… Qu’est ce que L’Ame ?
Lorsque vous retranchez à l’homme, sa culture, son savoir, ses réflexions, sa critique, son histoire, sa volonté, ses pensées… son passé… son MOI… il reste… son « Ame ».
Ce principe de vie qui nous anime, (qui se maintient en vie, disaient les Grecs), qui est mue par le « Bien ressentit ».
L’artiste crée avec son Ame, le spectateur « ressent » avec son Ame. On peut qualifier (après coup) cette perception, d’ « intuition lyrique ».
Ni voyez aucune attaque, Martine, juste « les pensées » d’un illuminé.
Amitiés,
Gil.
Vandenkerkove Martine a dit :
Personnellement et sans faire de grandes phrases je dirais que toute forme d'art naît d'un jaillissement spontané, intuitif,lyrique.
Mais, pour que ce cri, à peine ébauché sur le papier, la toile, la pierre, le cuir... ou n'importe quel support (du plus noble au plus quelconque),devienne quelque chose (je n'aime pas le mot Oeuvre), encore faut-il que son auteur le pétrisse, le maltraite, l'entame, l'ampute, s'y blesse, y désespère, s'en époustoufle pour mener son élan au plus près de l'idéal qu'il s'est donné.
C'est lors du travail créatif qu'interfèrent Culture, Savoir,Réflexions, Esprit critique.
Mais pour chaque créateur, le devoir d'exigence auquel il Se contraint varie selon des paramètres de vie qui lui sont propres.
Pour approfondir notre réflexion sur l’art, j’aimerais partir de l’affirmation de Robert Paul selon laquelle « il n'y a pas d'à priori esthétique "en soi", mais plutôt quelque chose d'immanent aux oeuvres singulières », et de son constat « d’une force constructrice et unificatrice dans l'esprit poétique » ( cf le texte du 10 mai 2010 ). Je pense en effet que chaque œuvre digne de ce nom invente sa propre historicité – c’est l’invention qu’elle fait d’elle-même – et peut transformer les conditions sociales de sa réception – c’est ce qui fait sa force. Le problème est de repérer précisément le fonctionnement concret de ces œuvres d’art, selon une relation qui suppose au moins trois termes : un artiste (parfois inconnu), une œuvre et un public.
L’homme réalise sa valeur dans sa faculté de renaître à chaque nouvelle rencontre et de s’inventer dans de nouvelles formes. Cette interaction individu/milieu est quelque chose d’actif. Elle définit chacun non par un être mais par un faire énergique et un mouvement dynamique. Ce qui implique un vrai courage dans le vivre, car on ne sait jamais vers quoi on va. Il y a donc là une sorte de défi permanent aux habitudes, aux idées reçues et aux kitschs du maintien de l’ordre. Il y faut aussi des renoncements souvent inattendus et une authenticité sans faille jusque dans les détails concrets.
L’exemple le plus simple de cette expérience est celui du passage bloqué par une chute de pierres. On va disposer judicieusement ces pierres qui barrent le chemin pour inventer et ouvrir un autre passage vers l’inconnu. Un autre exemple pourrait être celui de l’habitat. Le hiéroglyphe égyptien qui signifie maison est fait d’un rectangle dont l’un des côtés est percé d’une ouverture. La maison est stylisée comme un rectangle avec une porte ouverte, une figure qui n’apparaît jamais spontanément dans la nature. C’est une construction artificielle, destinée à protéger le maître de maison et à lui permettre les échanges avec l’extérieur. Le tout étant plongé dans un paysage en transformation continuelle. S’il n’est pas possible de construire chaque matin une nouvelle maison, on peut aménager et occuper jour après jour sa vieille maison d’une manière différente grâce à la communication avec le dehors. C’est ainsi que le maître de maison peut prendre des décisions qui définiront son propre temps et changeront sa vie. Il peut par exemple abattre l’arbre situé dans le paysage et le débiter en planches pour en faire une table et des chaises. Alors il pourra enfin inviter son voisin à déjeuner à sa table.
L’ expérience de l’œuvre d’art est pour moi le type même de cette expérience interactive altérante, avec son effet de transformation entre une œuvre et un sujet. Ce qui fait qu’une œuvre est une œuvre, ce n’est pas tant sa beauté que sa force, sa capacité à bousculer les données du présent. C’est le rapport d’invention qu’elle autorise. Pour moi, la valeur d’une œuvre d’art se mesure à sa force, à son impact sur son paysage, le contexte où elle est située. J’ai gardé le souvenir de trois moments forts, trois rencontres avec des œuvres d’art qui ont eu sur moi cet effet positif, stimulant et critique : l’Ethique de Spinoza en 1970, « l’Empire des sens » de Nagisa Oshima en 1976 et l’exposition "Francis Bacon: Paintings 1945-1982" le 6 octobre 1983 au Musée National d'art moderne de Kyoto. Avec chaque fois le même bonheur imprévisible et le même tourment d’y être pris autant que prenant.
Il y a ainsi des rencontres qui sont proprement fascinantes et influent sur le cours des choses. Ce qu’on appelle l’académisme en art est précisément la raréfaction ou la duplication jour après jour de ces expériences altérantes.
L'art, ne serait-ce pas une manière personnelle de capter le monde et plus particulièrement l'humain dans un espace-temps donné?
C'est exact Mohammed, ce plaisir croissant finit par surprendre l'artiste, parce que sa conscience, sa raison, sa pensée... n'est pas "l'auteur" de la création.
Cordialement.
Je partage entièrement votre conception de l’Art.
"L’Art est irréfléchi, il ne peut provenir d’une réflexion, il n’est pas la science, il n’est pas l’histoire, il ne peut être utilisé à des fins morales"… je rajouterais que l’Art ne peut pas transmettre de message, que l’Art ne peut être conceptuel, il ne peut comporter d’intension…
"L’Art n'est pas non plus le sentiment immédiat, mais sa contemplation."
Encore d’accord avec vous. Platon disait : "philosopher c’est contempler". Dans ce cas où la philosophie n’est pas une réflexion, elle se rapproche de l’Art, dans le sens ou les deux sont "une contemplation"… une perception de "ce qui est".
Qu’appelez vous intuition claire ?
Pour moi l’Art est le résultat d’une "création esthétique". La "création esthétique" étant une réaction à l’acte en cours, induite par la contemplation (dans l’instant) du résultat. Cette réaction étant "guidée" par "le plus de bien être ressenti".
Cordialement.
c'est une situation de flux et reflux pour un objectif jamais atteint a savoir le dépassement esthétique.
Un dépassement esthétique accompagné d'un plaisir croissant optimum qui doit finir par surprendre l'artiste.