Un mot sur le travail remarquable des animations quasi muettes dont Willy Kemp nous fait régulièrement don, (à moins qu'il ne les abandonne sans illusion sous nos yeux d'otages consentants des productions spectaculaires, comme on lance une bouteille à la mer écumante). Douceur, colère, émotion. Dans chacune de ses œuvres, avec un tact inouï, Willy Kemp s'attaque sans relâche à la violence du monde par sa façon de penser par les images.
Voir un court métrage de Willy, c'est toujours apprendre quelque chose du monde et du temps dans lesquels nous vivons, tant il y déploie une forme ouverte de la pensée imaginative qui, dans son avancée, la fait se dépasser elle-même et permet aux choses de devenir peu à peu lisibles. Aucune de ses créations qui n'implique ensemble regard, geste et pensée, au point qu'il faut sans cesse se demander devant chaque nouvelle image comment celle-ci nous regarde, comment elle nous pense et comment elle nous touche. Grâce à un jeu d'affinités inattendues avec les objets les plus humbles, les formes patiemment élaborées, alternativement sous exposées et surexposées pour ne jamais se refermer sur une certitude exempte de doute, suscitent des événements minuscules ou de petits espaces-temps qui échappent au contrôle serré de nos appareils d’État. Comme s'il prenait l'actuel déferlement des images techniques dans la sphère publique en l'attaquant de biais, à revers, avec d'autres règles, en lui opposant une objection d'images toujours plus tranchantes par la précision de ses dispositifs. J'y vois une manière subtile de nous rappeler le lien fondamental entre l'individuation, les inventions formelles et les formes de vie.
Rusé compère n’est-il pas, notre Willy, de pratiquer avec un art consommé cette sorte rare de désobéissance méthodique qui fait taire les Sirènes ? Comme si des moyens apparemment désuets, puérils même, pouvaient servir à savoir réellement quelque chose du monde et à agir sur lui. J'admire avant tout la modestie pédagogique de ses prises de position, avec cette joie malicieuse du négatif inhérent à son contournement systématique de nos pensées. Car il n'y a dans ses gestes ni mot d'ordre, ni message immédiatement lisible, ni métaphysique du sublime, mais des retournements inattendus de points de vue qui nous rendent visibles, sans effet de style, les aspects dramatiques de notre société que nous ne percevons plus faute de temps, ou plus souvent encore, suite à l'usure de nos yeux fatigués.
Superbe ! En ces temps de commémoration des massacres qui ont endeuillé notre court passage sur cette terre, cette vidéo, qui est hommage à la fidélité d'un couple et, aussi, de la vie qui renaît sur nos cendres, devrait être l'objet d'une large diffusion.
Commentaires
Un mot sur le travail remarquable des animations quasi muettes dont Willy Kemp nous fait régulièrement don, (à moins qu'il ne les abandonne sans illusion sous nos yeux d'otages consentants des productions spectaculaires, comme on lance une bouteille à la mer écumante). Douceur, colère, émotion. Dans chacune de ses œuvres, avec un tact inouï, Willy Kemp s'attaque sans relâche à la violence du monde par sa façon de penser par les images.
Voir un court métrage de Willy, c'est toujours apprendre quelque chose du monde et du temps dans lesquels nous vivons, tant il y déploie une forme ouverte de la pensée imaginative qui, dans son avancée, la fait se dépasser elle-même et permet aux choses de devenir peu à peu lisibles. Aucune de ses créations qui n'implique ensemble regard, geste et pensée, au point qu'il faut sans cesse se demander devant chaque nouvelle image comment celle-ci nous regarde, comment elle nous pense et comment elle nous touche. Grâce à un jeu d'affinités inattendues avec les objets les plus humbles, les formes patiemment élaborées, alternativement sous exposées et surexposées pour ne jamais se refermer sur une certitude exempte de doute, suscitent des événements minuscules ou de petits espaces-temps qui échappent au contrôle serré de nos appareils d’État. Comme s'il prenait l'actuel déferlement des images techniques dans la sphère publique en l'attaquant de biais, à revers, avec d'autres règles, en lui opposant une objection d'images toujours plus tranchantes par la précision de ses dispositifs. J'y vois une manière subtile de nous rappeler le lien fondamental entre l'individuation, les inventions formelles et les formes de vie.
Rusé compère n’est-il pas, notre Willy, de pratiquer avec un art consommé cette sorte rare de désobéissance méthodique qui fait taire les Sirènes ? Comme si des moyens apparemment désuets, puérils même, pouvaient servir à savoir réellement quelque chose du monde et à agir sur lui. J'admire avant tout la modestie pédagogique de ses prises de position, avec cette joie malicieuse du négatif inhérent à son contournement systématique de nos pensées. Car il n'y a dans ses gestes ni mot d'ordre, ni message immédiatement lisible, ni métaphysique du sublime, mais des retournements inattendus de points de vue qui nous rendent visibles, sans effet de style, les aspects dramatiques de notre société que nous ne percevons plus faute de temps, ou plus souvent encore, suite à l'usure de nos yeux fatigués.
Daniel Moline
Une histoire qui touche en profondeur appuyée par un bon choix musical qui en exploite toute sa valeur. Sonia.G
J'y reviens de temps à autre, tant cette video est magique et parlante.
A diffuser .... en urgence.
D'accord avec Liliane et les autres.
Superbe, émouvant, l'espoir renaît avec l'enfance.
Bravo, votre travail est étonnant, cela sevrait être montré dans les écoles, au cours de français, il y a tant à dire et écrire sur cette histoire...
Très beau! Félicitations.
Adyne
Heureuse de le revoir.
On connaît ta valeur, Willy, et c'est toujours un bonheur (même si c'est terriblement triste).
Re-félicitations à toi!
Au plaisir,
Superbe ! En ces temps de commémoration des massacres qui ont endeuillé notre court passage sur cette terre, cette vidéo, qui est hommage à la fidélité d'un couple et, aussi, de la vie qui renaît sur nos cendres, devrait être l'objet d'une large diffusion.
Merci à vous. Amicalement. Rolande.
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