Interview of the Mexican-Spanisch painter Adrián Jurado about his exhibition "destructivismo" for Tv Brussels
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Adrián Jurado, peintre mexicain résidant à Bruxelles, ébauche la profondeur grâce à la figure de fond et donne à la matière la possibilité de contourner les esquisses qui portent la toile. La matière prend possession de l’œuvre d’art à travers des superpositions qui ne se voient pas à l’œil nu mais qui trouvent dans l’espace une disposition originale des plans.
Les figures se séparent en profondeur grâce à la projection d’interférences associées à des symétries diagonales. Les distances produisent une tension visuelle comparable à un point qui se perdrait dans l’horizon en donnant à la ligne droite une perception courbée. L’aspect tridimensionnel entraîne un effet visuel permettant à la figure de se libérer de sa propre image et de générer une espèce de déconstruction, ce qui amène le spectateur à discerner la lumière des objets s’infiltrant dans différents plans et produisant une transparence entre les différentes couches des textures obtenues par dégradation.
Découverte de la matière
La matière se découvre telle un fait signifiant, loin de toute prétention de livrer un message. Les deux premières étapes de la réalisation picturale semblent définies par les contours des dessins qui adhèrent à la couleur des surfaces. Il y a ainsi une propension du fond vers la surface, comme des figures sous-marines se détachant de leur contexte par effet de transparence.
Le bleu d’une table de billard permet de voir le violet montant le long d’escaliers où des coups de pinceau rouge ont laissé des taches proposant des dégradations visuelles tendant vers un monde compartimenté. Les figures décomposées à première vue cherchent à donner une unité structurelle dans un autre contexte. Si nous transposions la peinture d’Adrián Jurado à la forme que prend une équation pour structurer ses résultats, ses simplifications, ses réductions, ses fractions et ses facteurs, ses monômes à l’intérieur de polynômes, nous aurions une explication à l’échelle visuelle de la façon dont les dimensions spatiales se comportent.
Les dégradations chromatiques sont ici de la luminosité et du contraste, c’est-à-dire de la couleur limitée par des formes soumises à des taches contextuelles. Ces formes sont à leur tour les symboles d’objets qui tentent d’échapper à leur nature première afin de gagner dans l’espace ce qui dans leur ressemblance leur fait être autre chose que leur propre essence. Dans un des tableaux, le corps, étant sur le point d’uriner, s’adapte à une machine grâce à laquelle l’eau et la matière sont évacuées. La circulation est dans ces conditions une double vision : l’image sera à la fois devant et derrière le support et donnera au contenant un aspect de contenu. Elle se libèrera ainsi de la forme en tant que support. La peinture d’Adrián Jurado regorge de trapèzes et d’équilibres bidimensionnels, ce qui incite l’observateur à changer de place : ici, c’est la parallaxe spatiale des images qui est à l’origine de l’aspect tridimensionnel.
Adrián Jurado a souvent recours aux degrés de profondeur ainsi qu’à des contractions de la perspective à travers des croquis de figures transparentes dont les apparences se désagrègent, se détruisent, reproduisent leurs fragments dans leurs propres ombres où d’autres objets abritent à leur tour leurs propres ombres.
Un univers de réductions
Cette peinture nous offre un univers de réductions. Les objets dissolvent leur opacité, se revêtent, se maquillent et se déguisent pour déplacer le pouvoir de la métaphore visuelle vers une figuration qui traverse l’espace en provoquant l’impression de mondes qui se soutiennent l’un l’autre, grâce à l’équilibre de la couleur et d’esquisses de figures juxtaposées.
L’art est ici une forme d’interpellation. Le monde dans son chaos transforme la surabondance en magie des artifices face à un équilibre menacé par de possibles ruptures, de nouveaux engrenages et de nouvelles disparitions. L’abondance des signes fait partie d’une machinerie