Revue ParcoursL'informateur des arts - hiver 2004 -vol. 9, no 4Carson... << Ma peinture est une projection spontanée de ce que je ressens ; je suis devant ma toile comme l'écrivain devant sa page blanche. >>Par : Robert BernierLa peinture moderne aura permis de repousser considérablement les frontières de la représentation du monde. Son véritable envol se fera à la fin de la Seconde Guerre mondiale, alors que son principal pivot se sera déplacé de Paris à New York. Qu’on le veuille ou non, que l’on soit pour ou que l’on soit contre, la peinture d’aujourd’hui est un art transformé, et ce de manière irréversible. Aucun recul n’est possible. L’expression picturale aura fait naître au XXe siècle une nouvelle ère, rien de moins. L’un des éléments qui aura rendu possible l’élargissement des horizons créatifs est sans aucun doute l’arrivée de nouveaux matériaux, comme l’acrylique et ses dérivés. La peinture est en effet depuis toujours directement tributaire des matériaux qui la composent, et les soixante dernières années ont été particulièrement novatrices en ce sens. Cet engouement pour les nouvelles voies, pour les nouveaux matériaux, bref pour les nouvelles explorations plastiques, est partagé par un certain nombre d’artistes, dont Charles Carson.Curieusement, penserez-vous peut-être, Charles Carson s’est d’abord fait connaître en Amérique du Sud, et plus particulièrement en Colombie où il a vécu et travaillé plusieurs années. L’artiste conserve d’ailleurs des liens étroits avec ce pays, même s’il est de retour au Québec depuis 2000. Dans son pays d’adoption, l’artiste a fait coulé beaucoup d’encre, tant au sens propre qu’au sens figuré ; il y a laissé et y laisse toujours sa marque et ses couleurs, à tel point que, en 1997, pour souligner son apport à la culture de Carthagène, une statue grandeur nature à son effigie a été érigée dans la ville. L’artiste a aussi signé une murale monumentale qui orne le hall de l’aéroport principal de la ville. Il a connu et côtoyé plusieurs artistes colombiens majeurs, notamment Botero, pour ne nommer que lui.La peinture de Charles Carson se divise en deux approches à la fois distinctes et complémentaires. L’une d’elles a même été baptisée par certains critiques et historiens de l’art de « carsonisme* ». Cette approche n’est pas facile à décrire, mais de manière générale on peut parler d’une succession infinie de touches légèrement obliques qui sur la surface dynamisent au maximum la perception de la matière et du sujet, le tout s’animant sur la toile dans des transparences subtiles tout à fait sensationnelles, donnant une impression de profondeur à la couleur. On dirait un flot incessant de particules – tout de même assez larges – qui balaient la matière avec une régularité fascinante, voire déconcertante. La seconde approche, Carson la nomme tout simplement « mosaïque ». Comme son nom l’indique, cette dernière suggère la fragmentation de la forme et de la surface qui caractérise les mosaïques. Dans un cas comme dans l’autre, il s’agit pour le créateur de dynamiser la surface pour lui donner un état autre dans lequel s’anime un univers suggestif puissamment métaphorique. On le constate notamment avec le thème des fonds marins, que l’artiste exploite avec beaucoup de justesse et de pertinence plastique et narrative. Deux approches, donc, deux explorations, à scruter avec attention pour le plaisir de la surprise et de l’étonnement.Je m’en voudrais de passer sous silence le site Web de l’artiste : www.charlescarson.com. Un seul mot me vient à l’esprit pour le décrire : fabuleux ! Que l’on soit ou non un fan de Charles Carson, vous serez littéralement émerveillé – le mot n’est pas trop fort – par la qualité du site et particulièrement par les extraordinaires animations en flash qu’habituellement je passe en un simple clic. Ici, pas question : on regarde, et une fois qu’on a terminé, on n’a qu’une envie : faire repasser la bande.
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