Chronique de lecture sur le site de l'AREAW (Association des Ecrivains belges de Wallonie):https://www.areaw.be/1826014-2/On s’attardera dans la lenteurPoèmes de Martine ROUHART éd Les chants de Jane (areaw)« On s’attardera dans la lenteur », voilà un titre de bon augure pour la patiente approche de la Vie et de la Littérature, formes conjuguées que manie, avec brio, la poète vivant sa poésie au quotidien.En effet, Martine écoute le moindre bruissement de vie, ramenant la fébrilité de l’instant à ses propres évocations ainsi que ce « battement d’ailes/ papillon s’en allant (« le papillon s’en va ») poser ailleurs/ sur d’autres fleurs/ses fragiles/ battements de cœur ».Chaque murmure est chez Martine une délicieuse appellation contrôlée, le souci du détail servant de porte-voix à la joyeuse résonance de son chant : « Je me souviens/ de ce matin-là/ de la lumière/ qui montait à l’assaut/ des arbres/ je me souviens/ du chemin/ presque effacé/ dans le jardin doré ».De la même façon, toujours aussi précise, sa progression a besoin de cette sorte d’introversion qui l’habite, parfois presqu’en recul d’elle-même : « Deux ou trois feuilles/ dans l’air mouillé/ flâneuses /lumineuses/ si seules » prêtant alors sa propre émotion au miroir de ce qu’elle observe, ajoutant une dimension supplémentaire à l’image première. Elle se fait ainsi partie prenante de l’objet de son observation.Avec les mots de la poète, on semble vivre un éternel matin, décor de jardin où le temps semble n’avoir d’emprise que par petites touches comme pour ne pas brusquer le bonheur, ne l’appréhender qu’avec une infinie douceur et grande précaution.Elle demande aux oiseaux et aux fleurs cette réciprocité qui lui sied si bien ; il y a presque partage équilibré des tâches entre l’auteur et la nature puisqu’elle n’hésite pas à l’interpeller quand elle considère qu’il lui faut une sorte de confirmation : « Prête-moi la clé/ pour vivre dans l’évidence du jour », s’adresse-t-elle ainsi à l’oiseau qui, peut-être, est une sorte d’ange gardien veillant sur sa détermination, forte, à confirmer ses rêves et le sourire intérieur qui l’habite.Poésie généreuse qui, aussi, révèle la fugacité du temps qui passe en accélérant la lenteur comme ces « roses/ qui se replient/ à peine écloses ».A l’instar des penseurs shintoïstes, Martine « s’adosse (s’adosser) au tronc/ d’un grand arbre ».Et, en effet, « s’attarder (on s’attardera) dans la lenteur de la lumière » n’est sûrement pas une vaine promesse pour qui se ralentit un peu de l’allure du monde à l’écoute de son chant.Patrick Devaux
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Commentaires
merci Adyne, amitiés!
Félicitations Martine ! Franc succès à ce nouveau recueil!
Amitiés.
Adyne