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Miji-L'Hybride des Rives

Miji-L'Hybride des Rives
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Commentaires

  • Cette critique a été faite par Monsieur Jean-Claude Kangomba Lulamba (Critique littéraire)
  • Parution de Miji, l'Hybride des Rives, récit autobiographique d'Emilie Flore Faignond.

     

    Le 24 mars 2011, a été présentée à Bruxelles, dans le cadre chaleureux du célèbre restaurant Inzia de Matonge, le dernier ouvrage publié de l'écrivain congolais Emilie Flore Faignond. Il s'agit de Miji, l'Hybride des Rives, une somme de près de 700 pages consacrées à la mémoire, parue fraîchement aux éditions Paulo-Ramand (2011, Nantes, France). La mémoire d'une vie mouvementée et riche en péripéties, toutes plus édifiantes les unes que les autres.

    Evocation, avant tout, de l'itinéraire familial et social de l'auteur, Miji répond à une aspiration, à une quête qui considère le langage à la fois comme un médium et comme un refuge, sinon un exutoire aux drames qui ont émaillé la vie de l'auteur. Et c'est tout naturellement que l'auteur le dédie[1] aux deux figures tutélaires de son existence : sa grand-mère maternelle Bajana Marie, surnommée "la vierge de Luebo" ; et son père, le regretté Emile Faignond, grande figure culturelle du Congo-Brazzaville dès avant les indépendances,  jusqu'à sa mort en 2003.

    "On naît poète. On devient écrivain", dit un adage. Dans cette dernière publication, Emilie Flore Faignond rappelle avec émotion le moment qui a vu l'écriture envahir son existence : "Elle se lança à corps perdu dans l'écriture qui, plus que jamais, devint non seulement son seul refuge, mais aussi une sorte de transfuge entre elle et le monde inaccessible où dansait l'âme légère de son frère. Les mots coururent sur les feuilles blanches, se remplirent  de toute l'expression de sa souffrance, de son impuissance, de ses mille et une interrogations qui la torturaient, l'érodaient" (Miji, l'Hybride des Rives, p. 579). Ce surgissement éruptif des mots débouchera sur Méandres, un recueil de poésie, genre propice à la rythmique lyrique de l'auteur. C'est cette rythmique qui a imprimé cette métrique si particulière aux vers de sa première production littéraire.

    Cette publication est vécue comme un véritable accouchement, ainsi que l'affirme l'auteur à propos de son passage à la télévision congolaise : "cet instant (à la télévision) avait tant de similitude avec un autre moment : l'accouchement. C'était l'enfantement de "Méandres", le bébé de son esprit, comme elle l'aimait, comme elle tremblait pour lui, comme elle s'inquiétait pour son avenir, son devenir" (604).

    Cette richesse thématique en suggère d'autres, repérables dans le texte.

    D'abord les langues d'usage, qui permettent à l'auteur de convoquer aux côtés du français, langue principale de la narration, le lingala et le tshiluba, lors de l'évocation d'une mélodie ou d'une coutume africaines.

    Les genres sont les plus représentés : poésie, textes de funérailles, correspondance, considération morales et poétiques (essai), longues pages sur la nature, allocutions d'anniversaires et de jubilés, prières et requêtes adressées au Dieu des chrétiens, et j'en passe.

    Le style, éblouissant, et d'une très grande poésie, mériterait à lui seul une étude. Signalons simplement l'usage envahissant de la périphrase, qui est sans doute, pour l'auteur, une manière de pudeur et une porte ouverte sur l'imaginaire, poussant la réalité jusqu'au symbole et au mythe. Cette fascination pour la périphrase est également une manière de satisfaire le désir humain de nommer les choses et les êtres. Une manière de rendre notre univers plus familier, de le maîtriser, mais également d'en désigner la part de mystère.

     

    Héritière d'un quadruple métissage[2], l'auteur de Miji, l'Hybride des rives, a pour ambition, à travers ses écrits, d'illustrer toutes les richesses culturelles que cette posture raciale exceptionnelle a apport

  • Parution de "Miji, l'Hybride des Rives", récit autobiographique d'Emilie Flore Faignond.

    Le 24 mars 2011, a été présentée à Bruxelles, dans le cadre chaleureux du célèbre restaurant "Inzia" de Matonge, le dernier ouvrage publié de l'écrivain congolais Emilie Flore Faignond. Il s'agit de: " Miji, l'Hybride des Rives", une somme de près de 700 pages consacrées à la mémoire, parue fraîchement aux éditions Paulo-Ramand (2011, Nantes, France). La mémoire d'une vie mouvementée et riche en péripéties, toutes plus édifiantes les unes que les autres.

    Evocation, avant tout, de l'itinéraire familial et social de l'auteur, "Miji "répond à une aspiration, à une quête qui considère le langage à la fois comme un médium et comme un refuge, sinon un exutoire aux drames qui ont émaillé la vie de l'auteur. Et c'est tout naturellement que l'auteur le dédie aux deux figures tutélaires de son existence : sa grand-mère maternelle Bajana Marie, surnommée "la vierge de Luebo" ; et son père, le regretté Emile Faignond, grande figure culturelle du Congo-Brazzaville dès avant les indépendances, jusqu'à sa mort en 2003.
    "On naît poète. On devient écrivain", dit un adage. Dans cette dernière publication, Emilie Flore Faignond rappelle avec émotion le moment qui a vu l'écriture envahir son existence : "Elle se lança à corps perdu dans l'écriture qui, plus que jamais, devint non seulement son seul refuge, mais aussi une sorte de transfuge entre elle et le monde inaccessible où dansait l'âme légère de son frère. Les mots coururent sur les feuilles blanches, se remplirent de toute l'expression de sa souffrance, de son impuissance, de ses mille et une interrogations qui la torturaient, l'érodaient" (Miji, l'Hybride des Rives, p. 579). Ce surgissement éruptif des mots débouchera sur Méandres, un recueil de poésie, genre propice à la rythmique lyrique de l'auteur. C'est cette rythmique qui a imprimé cette métrique si particulière aux vers de sa première production littéraire.
    Cette publication est vécue comme un véritable accouchement, ainsi que l'affirme l'auteur à propos de son passage à la télévision congolaise : "cet instant (à la télévision) avait tant de similitude avec un autre moment : l'accouchement. C'était l'enfantement de "Méandres", le bébé de son esprit, comme elle l'aimait, comme elle tremblait pour lui, comme elle s'inquiétait pour son avenir, son devenir" (604).
    Cette richesse thématique en suggère d'autres, repérables dans le texte.
    D'abord les langues d'usage, qui permettent à l'auteur de convoquer aux côtés du français, langue principale de la narration, le lingala et le tshiluba, lors de l'évocation d'une mélodie ou d'une coutume africaines.
    Les genres sont les plus représentés : poésie, textes de funérailles, correspondance, considération morales et poétiques (essai), longues pages sur la nature, allocutions d'anniversaires et de jubilés, prières et requêtes adressées au Dieu des chrétiens, et j'en passe.
    Le style, éblouissant, et d'une très grande poésie, mériterait à lui seul une étude. Signalons simplement l'usage envahissant de la périphrase, qui est sans doute, pour l'auteur, une manière de pudeur et une porte ouverte sur l'imaginaire, poussant la réalité jusqu'au symbole et au mythe. Cette fascination pour la périphrase est également une manière de satisfaire le désir humain de nommer les choses et les êtres. Une manière de rendre notre univers plus familier, de le maîtriser, mais également d'en désigner la part de mystère.


    "Je parlerai de toi grand-mère dans la langue de grand père"

    Héritière d'un quadruple métissage , l'auteur de "Miji, l'Hybride des Rives", a pour ambition, à travers ses écrits, d'illustrer toutes les richesses culturelles que cette posture raciale exceptionnelle a apportées à sa vie, sans pour autant en occulter les parts

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