Publié(e) par Arwen Gernak le 23 septembre 2010 à 7:38
"Enfin, je vais être ce que tu as vouluVoici le jour des jours, une autre humanitéIls vont enfin savoir pourquoi ils sont venusEt le prix de la vie et de l'éternitéJe vais marcher la tête haute, me tenir droitTu peux me regarder tu seras fier de moiJe vais chanter ton nom tout au long du cheminPour leur apprendre à vivre, leur montrer le divinIls peuvent me frapper et me jeter des pierresIls peuvent rire de moi, de ma bouche tordueC'est vrai que ça fait mal sur les reins la lanièreC'est vrai que ça fait mal qu'ils me crachent dessusMais surtout n'aie pas peur, aie confiance en moiJe sais je vais tenir parce qu'il faut que je tienneEt chasser le désordre pour que ton ordre viennePour qu'ils sachent enfin qu'ils ont besoin de toiMais ça fait mal tu sais, ça tourne dans ma têteMais ils frappent trop fort, je n'en peux plus déjàEt ils chantent, ils rient, ils se croient à la fêteParce qu'ils ne savent pas, parce qu'ils ne savent pasJe ne sais pas non plus et je ne comprends pasMais je ne renie rien, j'ai accepté le rôleMais je ne savais pas le prix de chaque pasTon dessein est trop grand, trop grand pour mes épaulesArrêtons maintenant et dis-leur s'il te plaitOui dis-leur qu'ils me laissent m'en retourner chez moiSurtout ne m'en veux pas, j'ai essayé tu saisLe chemin est trop long et trop lourde la croixOh, viens je t'en supplie, viens pour que tout s'arrêteEt dis-leur maintenant ce qu'ils doivent savoirDis-leur tout si tu veux, mais maintenant arrête !Je vais pleurer, je vais crier, j'ai peur du noirMais dis-leur maintenant, dis-leur que tu es DieuDis-leur que tu es bon, généreux et puissantGarde pitié de moi et regarde mes yeuxDeux trous d'éternité et de larmes de sangMais tu n'écoutes rien du haut de ton empireMais je suis à leurs pieds et je vais te maudireArrête maintenant ! Arrête, je n'en peux plus !Je vais te faire honte et me pisser dessusNon ça n'est pas Judas qui m'a trahi le plusMême trente deniers, la pauvreté est garceJudas criait famine, Judas marchait pieds nusMais toi, dis, toi, c'est pour la sainte farce !Je voudrais maintenant, je voudrais qu'une femmeMe fasse enfin crier, tout comme au premier jourEt tant pis pour l'enfer et tant pis pour mon âmeMais avant de mourir, mourir aussi d'amourTu m'as fait fils de Dieu, sur l'épaule une croixEt moi, je voulais vivre et avoir des enfantsEt vieillir près d'une femme qui me dirait parfois«Tu t'en souviens dis, tu t'en souviens d'avant ?»Enfin tu as gagné, enfin je me résigneJe vais dire les mots, tous les mots que tu veuxJe vais jouer le jeu, je vais faire le signePour que le feu enfin me délivre du feuJe vais parler d'espoir et de miséricordeDire qu'il n'y a que toi quand on parle d'amourOui, mais je t'en supplie qu'ils tirent sur la cordeEt qu'ils frappent plus fort et qu'ils frappent plus lourdJe sais que c'est la fin, que tu ne viendras pasMoi je suis jeune encore et je suis vieux déjàLa parole donnée, c'est vrai j'ai cru en toiMais tu veux qu'on te craigne et tu ne m'aimes pasRegarde-moi mon père, j'ai rempli mon officeJe t'ai suivi en tout, jusqu'au dernier suppliceMais je crie maintenant, mais je crie maintenantSois maudit, sois maudit jusqu'à la fin des temps !Oh non, je te le jure, je n'ai pas dit celaOh non, je t'aime, je t'aime et je n'aime que toiMais j'ai si peur, mais j'ai si peur et j'ai si froid !"Ainsi parlait Jésus sur son chemin de croix.Leny Escudero - La grande farce
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