Tradition et modernité. Si ce tableau répond bien aux principes de la Vanité, il n'offre rien de macabre cependant "Le souffle de la vie s'immisce partout, même lorsqu'il est le dernier et qu'il s'éteint dans les orbites dans les orbites des crânes, dans les pages fatiguées des livres, dans la béance des fleurs à maturité, dans la transparence des volumes, dans l'effet de suspension qui circule entre les objets." (Alain Tapié, Vanité : Mort, que me veux-tu !).
Au contraire, il vit, il rit, il danse, il fait fi de la mort, cette vieille lune.
Il parait qu'à loisir elle se mire nue,
De face, de profil, et même, hélas ! de dos,
...
Il parait que, levant au ciel un oeil complice,
Elle dit : "Bravo, Seigneur, c'est du joli travail !"
Puis qu'elle ajoute avec encor plus de malice :
"La cambrure des reins, ça, c'est une trouvaille !"
Et les enfants de choeur souffrent un vrai supplice...
Il parait qu'à minuit, Bonne Mère, c'est pire :
On entend se mêler , dans d'étranges accords,
La voix énamourée des anges qui soupirent
Et celle de la soeur criant "Encor ! Encor!"
Et les enfants de choeur, les malheureux, transpirent...
Je vois déjà l'oeil sévère dans la tombe, la bouche amère dire :
Le même cours des planètes
Règle nos jours et nos nuits :
On m'a vu ce que vous êtes ;
Vous serez ce que je suis.
...
Peut-être que je serai vieille,
Répond marquise, cependant
J'ai vingt-six ans, veille Corneille
Et je t'emmerde en attendant.
Que Brassens me pardonne, j'ai un peu mélangé et pastiché ses vers de La religieuse et de Marquise, mais pour cette dernière n'avait-il pas repris les stances de Corneille et la conclusion de Tristan Bernard ?
En tout cas bravo et merci Chantal pour "C'est par l'esprit que l'on vit", d'ailleurs :
"Au dernier jour, on ne vous demandera pas ce que vous avez su, mais ce que vous aurez fait.", Thomas A. Kempis.
Toile aux multiples échos. Le spectateur est invité à pénétrer dans un théâtre d'ombres, salle de jeux et de plaisirs où l'on joue sa vie à mort, sur un coup de dés. Voyeur, il pense avoir pris le recul nécessaire, il jubile. Et puis un doute l'étreint, la vérité sort de son puits, dialogue de sourds, le souffleur murmure :
Je suis au bout de ma route ;
C'était un vrai casse-cou.
J'y vis clair, je n'y vis goutte ;
Je fus sage, je fus fou.
Enfin je me vois au trou
Qui n'évite fou ni sage.
Alexis Piron (à Voltaire)
Mais la belle Dame, venimeuse, semble répondre, comme Voltaire, un pied au tombeau dans un dernier sursaut :
Commentaires
Après tout ce qu'il a été dit, on ne peut que tirer son chapeau!
Félicitations Chantal!
Bonne soirée.
Amitiés.
Adyne
Tradition et modernité. Si ce tableau répond bien aux principes de la Vanité, il n'offre rien de macabre cependant "Le souffle de la vie s'immisce partout, même lorsqu'il est le dernier et qu'il s'éteint dans les orbites dans les orbites des crânes, dans les pages fatiguées des livres, dans la béance des fleurs à maturité, dans la transparence des volumes, dans l'effet de suspension qui circule entre les objets." (Alain Tapié, Vanité : Mort, que me veux-tu !).
Au contraire, il vit, il rit, il danse, il fait fi de la mort, cette vieille lune.
Il parait qu'à loisir elle se mire nue,
De face, de profil, et même, hélas ! de dos,
...
Il parait que, levant au ciel un oeil complice,
Elle dit : "Bravo, Seigneur, c'est du joli travail !"
Puis qu'elle ajoute avec encor plus de malice :
"La cambrure des reins, ça, c'est une trouvaille !"
Et les enfants de choeur souffrent un vrai supplice...
Il parait qu'à minuit, Bonne Mère, c'est pire :
On entend se mêler , dans d'étranges accords,
La voix énamourée des anges qui soupirent
Et celle de la soeur criant "Encor ! Encor!"
Et les enfants de choeur, les malheureux, transpirent...
Je vois déjà l'oeil sévère dans la tombe, la bouche amère dire :
Le même cours des planètes
Règle nos jours et nos nuits :
On m'a vu ce que vous êtes ;
Vous serez ce que je suis.
...
Peut-être que je serai vieille,
Répond marquise, cependant
J'ai vingt-six ans, veille Corneille
Et je t'emmerde en attendant.
Que Brassens me pardonne, j'ai un peu mélangé et pastiché ses vers de La religieuse et de Marquise, mais pour cette dernière n'avait-il pas repris les stances de Corneille et la conclusion de Tristan Bernard ?
En tout cas bravo et merci Chantal pour "C'est par l'esprit que l'on vit", d'ailleurs :
"Au dernier jour, on ne vous demandera pas ce que vous avez su, mais ce que vous aurez fait.", Thomas A. Kempis.
Très belle symbolique là aussi.Raymond!!!
Et que voit-on ? Que le manque d'esprit n'empêche pas certains de vivre ! cherchons la faille!
Toile aux multiples échos. Le spectateur est invité à pénétrer dans un théâtre d'ombres, salle de jeux et de plaisirs où l'on joue sa vie à mort, sur un coup de dés. Voyeur, il pense avoir pris le recul nécessaire, il jubile. Et puis un doute l'étreint, la vérité sort de son puits, dialogue de sourds, le souffleur murmure :
Je suis au bout de ma route ;
C'était un vrai casse-cou.
J'y vis clair, je n'y vis goutte ;
Je fus sage, je fus fou.
Enfin je me vois au trou
Qui n'évite fou ni sage.
Alexis Piron (à Voltaire)
Mais la belle Dame, venimeuse, semble répondre, comme Voltaire, un pied au tombeau dans un dernier sursaut :
Ci-gît qui toujours babilla,
Sans avoir jamais rien à dire,
Dans tous les livres farfouilla,
Sans avoir jamais pu s'instruire,
Et beaucoup d'écrits barbouilla,
Sans qu'on ait jamais pu les lire.
Epitaphe à Monsieur de la Sardière
Qu'elle beau tableau et belle phrase , c'est par l'esprit que l'on vit...
Tu as dans chacune de tes oeuvres un monde magique , un style bien à toi, Chantal continue donc à nous étonner.
Merci, gros bisous.