Publié(e) par Robert Paul le 30 janvier 2021 à 10:18
Inventaire de la bibliothèque de Max Elskamp léguée à l'ULB.
Exemplaire qui me fut dédicacé par l'auteur.Un travail magistral de René Fayt.
Mon souvenir admiratif et... affectueux.
R.P.
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La préface de Paul Delsemme à cet ouvrage reçoit actuellement toute mon attention. Elle porte une réflexion que tout collectionneur rencontre inéluctablement, à savoir quels sont les gestes qu'il doit poser pour la tranmission de sa collection.
R.P.
Préface
Dans la préface, Paul Delsemme reprend la substance du discours qu'il
prononça lors du vernissage de l'exposition Max Elskamp, organisée à Bruxelles en mai
1973, dans le cadre du colloque sur le Mouvement Symboliste; nous souhaitons vivement
qu'il en publie un jour le texte intégral.
La collection des livres d'Elskamp, restée intacte à peu de chose près (malgré certaines
lacunes troublantes), se trouve ici soigneusement répertoriée et classée d'après différents
centres d'intérêt. Le simple fait de parcourir ce catalogue permet déjà de cerner certains aspects
de l'homme, à travers ses curiosités successives, ses engouements ou ses passions : la
typographie et la gravure sur bois, l'exotisme et les voyages, l'occultisme, les philosophies et
les religions orientales ou autres, l'histoire de l'art, le folklore enfin (cent dix-huit numéros),
domaine où le poète s'est particulièrement distingué.
Elskamp qui, on le sait, composait souvent avec la vérité, faisait croire volontiers à ses
amis (et à ses biographes) qu'il avait approfondi ou assimilé tel sujet ou telle doctrine
ésotérique. Pourra-t-on jamais vérifier ses dires? Il est vraisemblable qu'il n'ait pas lu tout
ce que contient sa bibliothèque (cf. le cas de Michel de Ghelderode, pertinemment analysé
par Roland Beyen dans Lettres romanes, xxiv, 1970, p. 34-72 et 132-167) et que celle-ci
ne renferme pas tout ce qu'il a lu : les bibliothèques de nos amis sont nos bibliothèques ...
C'est la littérature qui occupe la première place dans les rayons, comme dans la vie de
l'auteur. Là encore, l'inventaire permet d'éclairer ses lectures et l'évolution de ses goûts, —
dans la mesure où il s'agit de volumes qu'Elskamp s'est procurés lui-même. En effet, sur un
total de 1219 titres, nous avons compté quelque 640 plaquettes, romans et essais envoyés en
hommage! Il nous revient à ce propos (voir les Actes du colloque, à paraître) que beaucoup
de volumes n'auraient jamais été coupés : sans doute s'agissait-il de ces envois. (A moins
qu'Elskamp, en bon bibliophile, ne rangeât sans les ouvrir les exemplaires des ouvrages qu'il
avait lus avant d'en faire l'acquisition).
En tout état de cause, ces nombreux volumes dédicacés permettent de se faire une idée de
la place occupée par ce solitaire dans le mouvement des lettres de l'époque. Même en faisant
la part d'une certaine rhétorique, on peut voir dans ces dédicaces (dont le texte est souvent
reproduit dans l'inventaire), une preuve de l'audience qu'Elskamp avait obtenue de la part de
son public d'élection : ses confrères. Leurs œuvres constituent par ailleurs un véritable
tableau de la vie littéraire. Rares sont ceux, parmi les Belges, qui manquent à l'appel.
(L'absence des volumes dédicacés par Maeterlinck est expliquée dans la préface). Même les
«jeunes» de l'après-guerre, faisant leurs premières armes, envoient leur offrande au chantre
anversois. Des auteurs de France, quelques noms de détachent : Paul Fort, André Gide,
Alfred Jarry, Francis Jammes, Rémy de Gourmont, Charles-Louis Philippe, André Suarès ...
Commentaires
Je suis occupé à lire cette étude concernant mon auteur favori
Max Elskamp
Le vrai problème est de savoir comment et à qui confier la dispersion d'une collection...
La préface de Paul Delsemme à cet ouvrage reçoit actuellement toute mon attention. Elle porte une réflexion que tout collectionneur rencontre inéluctablement, à savoir quels sont les gestes qu'il doit poser pour la tranmission de sa collection.
R.P.
Préface
Dans la préface, Paul Delsemme reprend la substance du discours qu'il
prononça lors du vernissage de l'exposition Max Elskamp, organisée à Bruxelles en mai
1973, dans le cadre du colloque sur le Mouvement Symboliste; nous souhaitons vivement
qu'il en publie un jour le texte intégral.
La collection des livres d'Elskamp, restée intacte à peu de chose près (malgré certaines
lacunes troublantes), se trouve ici soigneusement répertoriée et classée d'après différents
centres d'intérêt. Le simple fait de parcourir ce catalogue permet déjà de cerner certains aspects
de l'homme, à travers ses curiosités successives, ses engouements ou ses passions : la
typographie et la gravure sur bois, l'exotisme et les voyages, l'occultisme, les philosophies et
les religions orientales ou autres, l'histoire de l'art, le folklore enfin (cent dix-huit numéros),
domaine où le poète s'est particulièrement distingué.
Elskamp qui, on le sait, composait souvent avec la vérité, faisait croire volontiers à ses
amis (et à ses biographes) qu'il avait approfondi ou assimilé tel sujet ou telle doctrine
ésotérique. Pourra-t-on jamais vérifier ses dires? Il est vraisemblable qu'il n'ait pas lu tout
ce que contient sa bibliothèque (cf. le cas de Michel de Ghelderode, pertinemment analysé
par Roland Beyen dans Lettres romanes, xxiv, 1970, p. 34-72 et 132-167) et que celle-ci
ne renferme pas tout ce qu'il a lu : les bibliothèques de nos amis sont nos bibliothèques ...
C'est la littérature qui occupe la première place dans les rayons, comme dans la vie de
l'auteur. Là encore, l'inventaire permet d'éclairer ses lectures et l'évolution de ses goûts, —
dans la mesure où il s'agit de volumes qu'Elskamp s'est procurés lui-même. En effet, sur un
total de 1219 titres, nous avons compté quelque 640 plaquettes, romans et essais envoyés en
hommage! Il nous revient à ce propos (voir les Actes du colloque, à paraître) que beaucoup
de volumes n'auraient jamais été coupés : sans doute s'agissait-il de ces envois. (A moins
qu'Elskamp, en bon bibliophile, ne rangeât sans les ouvrir les exemplaires des ouvrages qu'il
avait lus avant d'en faire l'acquisition).
En tout état de cause, ces nombreux volumes dédicacés permettent de se faire une idée de
la place occupée par ce solitaire dans le mouvement des lettres de l'époque. Même en faisant
la part d'une certaine rhétorique, on peut voir dans ces dédicaces (dont le texte est souvent
reproduit dans l'inventaire), une preuve de l'audience qu'Elskamp avait obtenue de la part de
son public d'élection : ses confrères. Leurs œuvres constituent par ailleurs un véritable
tableau de la vie littéraire. Rares sont ceux, parmi les Belges, qui manquent à l'appel.
(L'absence des volumes dédicacés par Maeterlinck est expliquée dans la préface). Même les
«jeunes» de l'après-guerre, faisant leurs premières armes, envoient leur offrande au chantre
anversois. Des auteurs de France, quelques noms de détachent : Paul Fort, André Gide,
Alfred Jarry, Francis Jammes, Rémy de Gourmont, Charles-Louis Philippe, André Suarès ...