Jean-Claude Leprou installe ses « lignes de force » spatial et aérien, peintre ou « colleur » ,sculpteur sur bois ou de métal,« petit format » ou monumental, figuratif ou abstrait, polychrome ou monocolore, Jean Claude Leprou possède une palette de talents d’exception. Avec une constante. L’extraordinaire ligne de force qui se dégage de chaque œuvre .Cet artiste hors normes qu’il faut bien classer d’entrée parmi les … inclassables. Le premier constat que l’on fait, lorsqu’on regarde les peintures et les sculptures de jean claude leprou, ’est la grande géométrie qui s’en dégage. Elle apparaît notamment dans ses sculptures bois les plus anciennes. Elle est omniprésente dans ses sculptures métal de petit format. Elle se gomme un peu dans ses peintures récentes mais reste très vive.
Pour les spécialistes, tous ces cercles et carrés, ces lignes droites, parallèles ou perpendiculaires à l’esthétique simple, laissent penser, l’espace d’un …
Instant, que l’on est face à un tenant de l’art géométrique néo-plasticiste cher à Mondrian. Et ce désir de destruction du figuratif premier au profit de formes « pures » dans une reconstruction sans cesse renouvelée de la réalité, laisse croire que jean claude Leprou est un adepte du constructivisme prôné par Tatline. On s’attend donc à trouver face à soi un artiste à la rondeur « carrée »et au rationalisme bien ancré. Il n’en est rien .En fait, Jean Claude Leprou, dans sa tête comme dans sont art, est tout sauf « rangé » . C’est un instinctif pur, un « artiste-poète » qui aborde ses peintures sans dessin préalable, et tout juste un croquis sur le bout d’un bout de papier pour ses sculptures Sa peinture ne se limite donc pas,sa sculpture ne se contrôle pas. Si on n’avait pas peur que ce soit mal interprété, on dirait que Jean Claude Leprou n’est pas un artiste qui évolue. Parce qu’évoluer implique une certaine continuité. Or Leprou innove et renouvelle son art constamment. Tant dans sa manière de passer avec une aisance aussi surprenante que magnifique, de la peinture à la sculpture, du petit format de quelques kilos au monumental de plusieurs tonnes, que dans sa façon d’aborder une œuvre. En peinture, Leprou joue des couleurs avec une étonnante facilité. Des couleurs qu’il pose et superpose d’instinct. Des couleurs toujours complémentaires, qu’il ne laisse jamais en paix. Avant qu’elles ne sèchent, il les gratte, les frotte, les supprime, au gré de ses idées ,en fonction aussi de la matière. Et finalement c’est l’œuvre qui lui dit quand s’arrêter. Elle dégage alors d’étonnantes lignes de forces, comme toutes ses sculptures en possèdent, qu’elles soient en bois directement travaillé ou faites de pièces de métal assemblées. Alors l’œuvre de Leprou devient spatiale et aérienne, sidéral et…sidérante, car elle s’assimile à un fantastique courant tellurique qui remonterait le visiteur vers la vibration originelle. Si l’on accepte que l’artiste est sur la même « longueur d’onde »que Théo Van Doesburg, l’un des maître de l’art géométrique>,quand il affirmait <<l’art tel que nous le comprenons n’est ni prolétarien, ni bourgeois. Il n’est pas non plus déterminé par les circonstances sociales, il développe au contraire des forces qui conditionnent à leur tour l’ensemble de la culture.>>non, décidément non, l’art de Jean Claude Leprou n’a rien de rationnel. Et c’est tant mieux
Philippe LEGLISE