Au large
Pouvons-nous nous tenir au large
Sur nos mers secouées
Nos amours échouées
Et nos chimères barges
Au large
Vois l’amie l’inconstance de nos âmes
Si ternes et blettes
Sous l’apparence de nos chairs et de nos squelettes
Les récits en mots projetés de nous-mêmes
Pas à pas
Lancés au travers de nos miroirs
Ne nous laissent-ils pas aux palais
Un remous d’amertume
Un ressac d’écumes lasses
Qui au fond nous désolent
Nous déboussolent
Et nous agacent
Pourtant
Si nous pouvions les voir
Au travers de nos inaptes regards
Ces lucioles si fines et rares
Ces petites pépites d’étoiles
Qui forment comme un léger voile
Luminescente tulle
Autour de chaque mot comme une bulle
Car tels alors ils s’envolent
Petites sphères dans l’air
Se grisant de la stratosphère
Alertes pétillants rigolos
De rouge d’orange ou d’indigo
Ou pulsant le jaune le bleu le vert
Jusques aux confins célestes
Lâchant le lest
Au large
De nos mémoires et de l’univers
Car quand est-il de nos profondeurs humides
Là où glissent nos planctons translucides
Sous les masses des mers
Quand est-il de nos zones arides
Où nous sentons le souffre et le vide
Sous nos réminiscences amères
Quand est-il de nos humeurs éthérées
Secrètes et vaginales
Quand est-il de nos ardeurs phalliques
Souterraines et animales
Quand est-il de nos gestuelles banales
De nos attitudes faméliques
Aurions-nous besoin d’une antique bacchanale
Ou d’un soleil noir flambant neuf
Brûlant jusqu’à l’os tendre nos oripeaux en cendres
Pour que les astres s’en repaissent
Et qu’enfin glissent en nous et naissent
Encore
En douce matinale
A nouveau
L’amour timide et l’aurore virginale
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