La chanson d’Hannah
À ma femme et à toutes les femmes qui se battent pour leur liberté
I.
Hannah chante dans le vent
sa mélopée insaisissable
La coiffure déployée
En avenirs incertains
Pourquoi t’es-tu évanouie
Hannah puis tu disparus
En abyme verdoyant
Tes longs cheveux blonds
Galopant aux bruits
Sourds des sabots
De ta monture sordide
Merci Hannah de ce plaisir
Hagard, fluet, incertain
Je suis resté immobile
A te voir disparaître dans le vent
Ta chevelure noircie par la suie
Des haut-fourneaux
Que tu traversais
Dans la cité ardente
De nos désirs inassouvis
LL juillet 2014
II.
La neige bleue Est venue
Affûter mes dentelles
Aux paradis perdus
Et ma honte fut telle
Que nul souffle ne t’est parvenu
Les éclats scintillants céruléens
Rayons de tes yeux
Ont azuré la neige
Pour la rendre plus digne
Crois Toi en tes vertus
Et endigue tes fards,
Feintes ou simulacres
Tu n’es qu’une chimère
LL 6 aout 2014
III
Hannah la charade
De l’enfance virtuelle
Sève de l’absolu
Des guerriers belliqueux
Ton châle plane au vent
De contrées évanouies
Dans l’écuelle jalouse
Des idoles et des dieux
Ta babouche a laissé
Des empreintes éternelles
Dans les sables d’Orient
Que les muses peuplèrent
En ces soleils ardents
Peut-être laisseras-tu
Dans ce beau coin de Terre
Un cheveu porter loin
Ton désir d’éclosion
LL 6 aout 2014
IV
Hannah toi douce et tendre
Nous avons entendu
Ta mélopée assourdissante
ET nous réagissons
A pas lents À petit feu
Hannah toi douce et tendre
Nous avons perçu
Ton gémissement fragile
Venu de l’Orient lointain
Où les bombes répondent aux bombes
Où les chars crachent le feu
Vois Hannah à Paris
Ils ont mis des pianos
Dans toutes les gares
Les mairies, les usines, les prisons
Peuple donc le désert sordide
De pianos mécaniques
Pour faire la course
Contre la honte
Pour l’harmonie
De tout un peuple
Pour lui recrée
La mélodie du bonheur
À travers les régions dévastées
Recrée en leur cœur
Un superbe piano intérieur
C’est déjà ça
LL 25 aout 2014
V
Deviens plurielle Hannah
Offre-nous ta mansuétude
Nous célèbrerons ton ocre bleu
Et ta lumineuse certitude
Éclairera nos chancres lumineux
Les éclats de tes yeux
Seront mes certitudes
Leur réverbération dans nos béatitudes
Et nos joies sublimées
Des beaux reflets fougueux
Portera l’Occident
A tes pieds plantureux
Et jaillira la neige
Que tu ne connais pas
Le Monde deviendra blanc bleu beige
Et gardera aussi l’empreinte de tes pas
Hannah tu seras grande le jour venu où se réuniront les cœurs à l’unisson Ils auront toutes les vertus et quand viendra le temps des réconciliations tu ôteras le voile qui cache ton beau visage
Tu seras blonde alors
Et tes cheveux dorés
Flatteront le décor
On rira de tes frondes
Nous chanterons en chœur
Une ode au bonheur
LL 19 octobre 2014
VI
Lépreuse aux pieds d’argile
Tu poursuis ton chemin
Secouant la clochette
que tu portes à la main
Des squames chimériques
Éloignent les libertins
Menacés dans leur chair
Par le spectre divin
Ta pudeur est extrême
Mais sous ta couverture
Palpite en tes seins
Des désirs de luxure
Sous la chaleur des dunes
Tu rêves de Cythère
Et puis d’un doigt expert
Tu rejoins Aphrodite
Hurlant dans la lagune
Tes espoirs en sanglots
LL 20 octobre 2014
VII
Tu as vu les houris
Dans leurs doux lits de roses
Leur chapelet perlé
Lascivité et pose
Le brahmane en frémit
Pensent les Raffinés
Corps sublime fait de myrrhe et d’encens
Hannah Shéhérazade aux chapelets perlés
Tu n’as jamais été en panne de tes sens
Fourchette de verdeur de mon corps fatigué
Et pour mieux te connaître
Pour toi j’ai traversé
Cela en quelques brasses
La démocratie à la nage
Et t’apporte en mes bras
Avec un seul bagage
Le fado portugais
Sur ta presqu’île arabe aux confins du désert
Dans ta prison là-bas confinée au sérail
La Peste de Camus, la Nausée de Sartre
Et l’oiseau de passage qu’on doit à Richepin
Maldoror chante hurler les os dans le purin
L’éphèbe a fait son œuvre et ton désir est clos
Hannah ! Sois le serpent en embuscade
La mort ne passera pas
Pour toi je serai le Vendredi
Des limbes du Pacifique
LL 1 novembre 2014