Je viens timidement vous parler de Marie-Noël, elle, dont Valériane D 'Alizée a presque tout aussi timidement évoquée un jour, presqu'une nuit de nos heures sur ce site, osé nous rappeler sa disgrâce dans cet oubli qui nous ferait pleurer , tant elle fut grande Marie-Noël , tant elle interpella les consciences, tant elle mit en avant la chrétienté et mieux encore le Christ vécu à chaque pas de sa mémoire actée de son quotidien !
Je viens timidement vous parler de Marie-Noël, elle que je connais depuis mes 20 ans, il y a si longtemps ! Elle que je croisais au détour d'une rue Auxerroise au travers du regard de sa statue qui m'interpella de sa stature, me demandant alors "Mais qui est elle pour ainsi nous regarder du haut de sa mort , si vivante, qu'elle me demanda d'aller au-devant d'elle , lire ses écrits ? "
Je regardais cette statue vêtue d'un long manteau noir, porteuse d'un parapluie qui pointait son petit chien assis à ses pieds . J'ignorais encore que je la rencontrerai vraiment, poussée jusqu'à l'émoi le plus profond, elle l'Auxerroise de mes rues fréquentées jusqu'à l'usure, de tous mes détours qui ont fait de mes auteurs des compagnons plus que des écrivains, plus que des philosophes, plus que des hommes, seulement des amis en partage à la lumière de mes nuits partagées avec le livre traversant la pensée qui s'est attachée tel un lierre à mon âme dévastée à laquelle chacun d'eux me voulait de ressurection ; la lumière dans la nuit, la nuit ensoleillée; le soleil apporté pareil à une aura couronnant ma tête. Elle fut d'eux.
Déjà ses livres se raréfiaient à la trouvaille des libraires, jamais réédités par le manque de lecteurs dans notre société galopante vers le matérialisme dont la conscience , très tôt, me creusait la ride pour ne pas vouloir l'épouser , Marie-Noêl ne se lisait plus ! Marie-Noêl restait ancrée au port d'Auxerre alors qu'elle avait interpellé tant de gens, tant d'écrivains célèbres de son siècle jusqu'au Général de Gaulle qui inclina sa tête par respect envers cette grande dame de la poésie, de l'écriture, venant la rencontrer en son humble maison car Marie-Noël restait humble .
N'avait elle pas écrit pour les autres, tous les autres sans vouloir se mettre en avant, jamais ?! . Marie-Noêl n'avait que des pensées au travers du mot versifié à répandre dans le monde pour dire qu'elle n'était que la passante d'un monde qui va vers nous et que la regarder , elle, n'avait pas de sens puisque c'était son idée qui prévalait sur son humilité galopante !
Je l'ai aimée de suite, plus fort que mon humilité encore fausse . Elle avait de ses façons de vous regarder que la mémoire encore porte ces stigmates ! Non pas que je l'ai rencontrée vivante en son corps de chair mais dans sa mort éloquente : j'avais 10 ans à sa mort !
Dix ans à sa mort ! Vingt ans quand elle m'interpella en sa ville que j'ignorais encore avoir à arpenter un jour lointain en ma propre destinée au presque quotidien, en tous les cas toutes les fins de semaine !
Auxerre, ville superbe, sa ville , sa ville de souffrance qu'elle vous offre comme une crucifixion qui vous saisit et vous épouse. Epouser Auxerre, c'est dire oui à la souffrance qu'elle vous apporte sur un plateau doré tel un Graal qui transforme le plateau de la Sainte Table en une Coupe précieuse.
Jamais Auxerre ne me fit tant comprendre sa souffrance au travers de sa vie à la mienne reliée.
J'attendis encore quelques années avant de la lire pleinement. Je savais intérieurement qu'elle serait un choc puissant qui remue l'âme et incorpore les larmes dans la joie du rosaire.
Vivre avant de la lire pour s'avouer qu'elle a puisé dans notre destinée à venir à la sienne feue ce qu'elle voulait partager ! Elle m'a emportée . Elle savait déjà que du haut de son ciel je lui reviendrai à me conduire sans cesse sur ses pas, épousant les rives de l'Yonne comme autant de miroirs à mes lectures les jours d'ensoleillement .
Fallait il être stupide pour ne pas reconnaître que mes pas ressemblaient à ses empreintes, allant jusqu'à sa maison que j'admirais sans savoir que c'était la sienne et que nul n'admirait plus parce qu'elle est devenue décatie de misère au temps qui l'attaque et que nul ne restaure , pas même la ville d'Auxerre qui en parle si peu et l'oublie . Combien de fois me suis-je posée devant sa façade, admirant je ne sais quoi ? le temps m'a appris qu'elle me parlait en secret , ignorante de sa voix intérieure quand bien même je l'aimais.
Marie- Noël marche avec nous dans ces rues qui ont gardé leur empreinte de ses pas, de sa maison à la cathédrale. Ces rues qui pour la plupart n'ont pas changé de visage, les façades noires tellement vieillies, quasi cramoisies que nous nous croirions encore incarnés du début du siècle et mieux encore , des siècles précédents jusqu'au moyen âge, comme si Auxerre refusait de s'ancrer dans une époque précise, les épousant toutes.
Alors ! Alors! Je pris mes jambes avec moi pour une longue promenade, seule, un bouquet de roses anciennes à la main et tant d'autres dans le coeur, celles que ne vendent plus les fleuristes, sinon le mien pour moi, pour regarder l'Yonne d'un autre regard; L'Yonne que j'ai si peu aimée pour ses souffrances que les flots n'emportent pas, jalouse de les garder en ses entrailles de rivière qui coule sans remous, sous un sol de boue à laquelle on s'enlise ! L'Yonne, qui n'a rien d 'autre à offrir que ses misères, son histoire de grands mystères qui a vu tant de drames que nul n'ose regarder tant l'horreur la visite; il a fallu une Marie-Noël pour espérer la réhabiliter dans sa poésie, dans ses méandres au détour de chaque ville !
L'Yonne, rivière sans flots, aux cents écluses, qui voit encore les péniches engranger le grain, et ses bateaux de tourisme, l'Yonne bordée de noyers aux fruits d'automne qui , peut être, veulent nous rassasier d'espoir jusqu'au printemps, engrangeant les joies de l'été jusqu'à l'hiver pour mieux nous aider à la traverser ! Sur tes hanches, je me suis allongée souvent, lisant d'autre que toi; aimant Lamartine cher à mon défunt père et Hugo mon plus fidèle compagnon depuis que j'ai su lire à mes cinq ans .
Oh ! Marie- Noël ! Les as tu vu ces lumières miroitant sur la surface de l'eau lorsque le soleil se couche ou dans le soleil de midi qui nous aveugle ? L'homme au prénom de la Pâques, avec moi, s'infiltrait au raies de sa brillance et les enfants aux destinées menaçantes griffaient sa rive de leurs rayons de leur bicyclette . Ils étaient blonds comme les champs de blés des champs auxerrois qui ont aujourd'hui préféré le colza au blé .
Marie- Noêl, je n'ai pas eu de petit frère à perdre dans son berceau, me voyant verser tes larmes sur les petits draps fins de lin blanc brodé de l'enfant que tant tu chérissais, ni de fiancé qui m'abandonna, tout cela les veilles d'une fête de Noël; J'ai eu d'autres drames que tu as vus et sur lesquels tu as souri comme une alliée qui me souhaita la bienvenue à ton chapelet dont les perles ne s'usent même pas à les harceler entre nos doigts !
Marie-Noël ! Puis je te dire que je déteste Auxerre autant que je l'aime ta ville ? La ville de toutes les dualités ! La ville des sourires authentiques comme des larmes qui deviennent sanglots ! Tant de drames se perpétuent dans ta ville , plus discrets, plus sournois au nom d'une société bien pensante ! Est ce pour cela que ta maison s'épuise sous ses colombages grisés et sa chaux ternie ?
Marie-Noêl ! T'es plus que ma famille , tu es plus que mon amie ! Tu es mon coeur qui chavire à la lecture de tes versifications qui nous font souvent chercher l'inspiration du souffle qui se respire avec difficulté lorsque tu absentes la césure pour mieux s'y pencher et chercher à rétablir l'équilibre de la respiration s'équilibrant à nos mots !
Je me suis assise sur la terre battue de ta demeure devenue tristement lieu à ranger des voitures et là , j'épie ton regard posé derrière une vitre de ce numéro 1 de la rue Marie Noël et tu me dis : Allons ! Point ici ne restons assises ! Allons nous essouffler à la montée de nos rues si étroites, si galopantes dans leur montée !
Un souffle a enrobé mon bras comme si elle venait d'y poser le sien pour que je l'aide à monter encore vieille qu'elle est ! C'est tout mon bras droit qui s'est vécu enrobé de sa présence . " Il te faut t'arrêter dans cette librairie antiquaire, viens, je vais te présenter ma famille, t'y faire découvrir mon écriture, celle qui écrivait de mon encre noire à la plume sergent major ! Allez entre, toi la timide, la plus que réservée ! Qu'as tu à craindre ? "
Et Ô merveille, j'y rencontre quelques dames qui t'ont connue de ton vivant , toi, Marie Noël !
Béatrice Lukomski Joly
http://www.ina.fr/art-et-culture/litterature/video/CPF08008601/marie-noel.fr.html
"Visite chez Marie-NOEL, dont les poèmes bouleversent Montherlant : En sortant de la cathédrale d'Auxerre, elle retrouve son frère dans la rue, puis Raymond ESCHOLIER, son biographe. Dans le jardin de sa maison "la maison du diable", elle raconte à Raymond ESCHOLIER sa rencontre avec le général de GAULLE, évoque un souvenir d'enfance, lorsque son père lui lisait Aristophane dans la cuisine. Elle ne s'intéresse plus à ces poèmes passés, n'aime pas paraître en public, et assure, avec malice, que si elle avait été connue plus tôt, elle n'aurait pas écrit autant. Elle s'adresse à ses admirateurs et leur envoie toute son amitié. Marie NOEL rejoint des enfants qui font une ronde. Madeleine ROBINSON dit un de ses poèmes. "
Réponses
Et voici ma version des faits, toute mon histoire avec Marie Noël :
https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/pour-l-amour-de-marie-...
Je dédie ce billet à toutes les femmes artistes !
Avec toi j'ai marché...
Avec toi j’ai marché
Vers un ciel plein d’étoiles.
Regarde bien, Marie
Ce qu’ils font de nos rêves !
Hé oui, rien n’a changé
Depuis que certains voiles
Ont posé le mépris
Sur nos yeux : je m’élève
Contre les fossoyeurs
De ton œuvre bannie !
Nous traversons le temps,
Je reste à tes côtés.
Vers des mondes meilleurs,
J’emmène un chant béni ;
Je croque à pleines dents
Dans tes mots mérités !
Levant une bannière
Qui porte tes couleurs,
Je trottine gaiement
Avec ton chant joli.
Emplie par ta lumière,
J’avance ! je n’ai pas peur
Des propos assommants
M’accusant d’un délit.
Oui j’avance, Marie,
Avec la larme à l’œil,
Mais aussi le sourire
De ceux qui, comme toi,
Combattent à tout prix
Avec de simples feuilles.
Toute à la joie d’écrire,
Je continue ! Je dois
Tenir quoi qu’il advienne !
Ton regard bienveillant
Accompagne ma voix ;
Certains m’ont adoubée !
Alors, hurlante chienne,
Flairant des assaillants,
Je protège avec foi
La rime prohibée.
Avec toi, j’ai couru
Sur les rives de l’Yonne.
Regarde bien, Marie,
Ce qu’ils ont fait. Dis leur !
Tu n’as pas disparu.
A ceux qui nous baillonnent,
Sans fin, je lance un cri :
Vous écrasez nos fleurs !
Avec toi, j’ai marché
Vers un ciel plein d’étoiles !
Et j'emmènerai encore Marie Noël à Paris dimanche 25 décembre, hé oui le jour de Noël mais avec cette chanson que j'ai déjà chantée au théâtre le 29 octobre :
Avec toi j'ai marché...
Avec toi j’ai marché
Vers un ciel plein d’étoiles.
Regarde bien, Marie
Ce qu’ils font de nos rêves !
Hé oui, rien n’a changé
Depuis que certains voiles
Ont posé le mépris
Sur nos yeux : je m’élève
Contre les fossoyeurs
De ton œuvre bannie !
Nous traversons le temps,
Je reste à tes côtés.
Vers des mondes meilleurs,
J’emmène un chant béni ;
Je croque à pleines dents
Dans tes mots mérités !
Levant une bannière
Qui porte tes couleurs,
Je trottine gaiement
Avec ton chant joli.
Emplie par ta lumière,
J’avance ! je n’ai pas peur
Des propos assommants
M’accusant d’un délit.
Oui j’avance, Marie,
Avec la larme à l’œil,
Mais aussi le sourire
De ceux qui, comme toi,
Combattent à tout prix
Avec de simples feuilles.
Toute à la joie d’écrire,
Je continue ! Je dois
Tenir quoi qu’il advienne !
Ton regard bienveillant
Accompagne ma voix ;
Certains m’ont adoubée !
Alors, hurlante chienne,
Flairant des assaillants,
Je protège avec foi
La rime prohibée.
Avec toi, j’ai couru
Sur les rives de l’Yonne.
Regarde bien, Marie,
Ce qu’ils ont fait. Dis leur !
Tu n’as pas disparu.
A ceux qui nous baillonnent,
Sans fin, je lance un cri :
Vous écrasez nos fleurs !
Avec toi, j’ai marché
Vers un ciel plein d’étoiles !
Bonsoir Béatrice, oui, en effet, une autre personne a subi aussi les critiques les refus... Il y a là bas une personne qui a été je crois formé par la "garde malade" de Marie Noël qui gardait la maison jusqu'à sa mort en 2011 comme une sorte de dragon... Cette personne est un archiviste, on dirait en plus que les refus et rejets sont plutôt destinés aux personnes de sexe féminin... La pauvre Marie Noël doit se retourner dans sa tombe, si j'ose dire. Enfin je continue à chanter ses textes contre vents et marées et de plus en plus de personnes semblent apprécier nos deux univers.
Béatrice Joly a dit :
Béatrice, bonjour, j'ai fait un commentaire sur le site de auxerre tv, pour aussi complimenter ce très beau texte que tu as écrit pour Marie Noël et qui a été rejeté tout comme mon travail l'a été aussi ! A bientôt donc, dans l'Yonne ou ailleurs, je serai à Vallery le 18 septembre à 17 h.
Béatrice Joly a dit :
Un poème dédié à Marie Noël :
L'âme soeur
La maison s'est ouverte
Au vent de ma chanson
Triste et surtout déserte
Elle errait sans raison
Ses roses sont fanées
Ses poutres s'alourdissent
Sous le poids des années
Des feuilles qui jaunissent
Ses murs sont devenus
Un peu gris sous les larmes
Mes notes inconnues
Sont tombées sous le charme
Elle attendait dehors
La vieille forteresse
Comme une femme au port
S'étiole sans tendresse
Elle a ouvert les bras
Et le plus grand poème
Est sorti des gravats
Pour lui dire je t'aime
Son corps est oppressé
Par la guerre et l'absence
La chaleur d'un baiser
A brisé le silence
Elle a dit : Venez vite
J'ai encore dans le four
Une tarte bien cuite
Et quelques mots d'amour
Alors tout doucement
J'ai traversé le seuil
Touché le firmament
Avec du bleu sur l'oeil
Alors je suis entrée
Avec plein de douceur
J'ai enfin rencontré
Ma défunte âme soeur !
Anne David
Septembre 2014
SPECTACLE « L’ÂME SŒUR » HOMMAGE A MARIE NOEL
Anne David, Marie Noël : les âmes sœurs poétiques : un mandat « transgénérationnel ».
Anne David offre un florilège chanté de poèmes composés par elle-même.
Ces textes abordent les thèmes chers aux deux poétesses : l’enfant, l’amour, la nature, la spiritualité. La rencontre en plusieurs étapes :
4. Après 3 prix de poésie dont un de la Société des Poètes Français, Anne a reçu de Alain Decaux de l’Accadémie Française une préface pour ses textes qui seront publiés cette année.
PRESENCE DU SPECTACLE DANS LE DEPARTEMENT ET SUR PARIS
- Concerts dans la Maison aux Journées du Patrimoine en septembre 2014 et en
décembre 2014.
- L’Abbaye de Reigny accueille le spectacle en juillet 2015 pour le festival
Paroles et Musiques.
- Le Théâtre du Nord Ouest fait de même à Paris pour 12 concerts (octobre 2015 à
mars 2016 (jusqu’au Printemps des Poètes) et de mai à septembre 2016.
- 3 églises de l’Yonne l’ont aussi accueilli à Charbuy, Escolives Ste Camille et Perrigny (en avril, mai et juin 2016)
- Le Théâtre Rural de la Closerie d’Etais la Sauvin fera de même le 9 juillet 2016
Ce spectacle est composé de poèmes de Marie Noël mis en musique par Anne David et de chansons écrites paroles et musique par cette dernière. Il est ponctué par des phrases de Marie Noël, annonçant chaque chanson et poème. Anne peut jouer seule (en s’accompagnant à la guitare) ou être accompagnée par deux musiciens icaunais : Yves Busato (accordéon) et Miguel Lopez (percussions et guitare). Durée du spectacle : 1 h 30
Excellent,
Béatrice,
toutes ces nouvelles et tes apports.
Tu nus es vraiment très précieuse.
UN TRAVAIL GENIAL ET PASSIONNANT D'HOMMAGE A MARIE NOËL - GRANDE POETESSE-
OU D'UNE POETESSE A L'AUTRE
La grande Marie Noël avec qui j'ai vécu une partie importante de mon adolescence. Notre Professeur de français nous en avait parlé avec enthousiasme et nous avait fait connaître ses poèmes.
J'ai toujours l'un de ces recueils chez moi. De temps à autre je me laisse encore bercer par ses superbes Alexandrins.
Après mes études, elle avait été invitée dans notre école.
Jamais je n'oublierai sa frêle silhouette et sa voix douce récitant ses poèmes.
Un souvenir palpitant. Qu fleurit toujours en moi.
Merci pour ce magnifique éloge. Elle le mérite et c'est bien dommage de la voir ainsi relégué parmi les ombres.