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Réflexions au clair de lune

Voici, en résumé mais pas en bref (le texte est assez long), ma conception personnelle du monde et de l'Homme.

Qu'en pensez-vous, quelle est votre conception personnelle?

 

Le monde est formidablement vaste et diversifié.

 

La nuit est limpide, il fait bon. Je suis là à regarder le ciel bourré d'étoiles. C'est fou ce qu'il y en a des choses dans l'univers. Et encore je n'en vois qu'une infime partie si je peux en croire les astronomes. Une telle multitude me donne un peu le tournis. Et c'est la même chose quand je regarde la nature autour de moi. Qu'est-ce qu'il y en a des sortes de plantules et de bestioles. Et on me dit qu'on en trouve encore toujours des nouvelles. Et si j'écoute certains scientifiques, il y a toujours eu plein de sortes d'êtres vivants qui se sont formées et qui, pour beaucoup, ont déjà disparu depuis longtemps.

Je suis là à contempler le ciel de nuit et j'essaie de prendre conscience de cette multitude d'objets célestes et d'être vivants. Est-ce vraiment possible en fait? D'autant qu'on me dit que ça ne s'arrête pas. Le monde est tout le temps en train de prendre de l'expansion disent certains astrophysiciens, et il paraît que celui qui est fort bien équipé, et il faut s'y connaître un peu aussi, peut voir que les galaxies s'éloignent de plus en plus les unes des autres. Celui-là peut aussi voir que certains corps célestes se transforment ou finissent par disparaître tout en créant parfois de nouveaux astres.

C'est la même chose en ce qui concerne le vivant. Il y a plus d'un naturaliste qui a constaté que les espèces vivantes changent régulièrement, et, même s'ils ne sont pas toujours d'accord sur ce qui fait changer les espèces, lesdits naturalistes semblent s'accorder sur le fait que, ici aussi, l'évolution ne s'arrête pas.

 

L'entendement humain n'épuise pas l'entièreté du monde.

 

Ainsi donc le monde est formidablement vaste et diversifié. Et ça ne s'arrête pas, et apparemment, ça ne s'arrêtera jamais. C'est peut-être ça qui me donne le tournis finalement : cette sensation que ça ne s'arrêtera pas, ni dans l'espace, ni dans le temps, ni dans la diversité. Me voilà donc face à l'infinitude. Si je vais à pied, si je prends un bateau rapide, une voiture de course, dans tous les cas, je n'en finirai jamais d'aller à l'horizon. Et non seulement je n'y arriverai jamais, mais je ne m'en approcherai même pas. Aller à l'horizon, trouver le bout d'une simple bille de billard, voilà des notions humaines qui finalement se révèlent parfois être des non-sens.

Ca me fait penser que finalement les notions humaines n'épuisent pas forcément l'entièreté du monde et que celui peut très bien "contenir", pour autant que ce mot ait ici un sens, des choses qui dépassent tout simplement mon entendement d'Etre humain.

 

 

 

Plein d'espoirs restent permis

 

Je dois donc m'en faire une raison : le monde est plus vaste et plus diversifié que ce que je peux imaginer à l'aide de mes concepts d'homme. Ca me frustre un peu quand même, moi qui pensais que  la science finirait bien un jour par tout éclairer. D'un autre côté, cela me rassure aussi d'une certaine façon car, ainsi, tous les espoirs me restent permis. Mais là je vois bien que je me fais des illusions en disant ça.  Il ne faut pas exagérer, je n'aurai jamais l'espoir, en tant que simple Etre humain physique, de pouvoir, d'un seul bond arriver sur la lune. Je vais donc plutôt me limiter à dire que plein d'espoirs me restent permis.

Comme beaucoup, j'ai toutes sortes d'espoirs auxquels je peux éventuellement travailler, même si c'est de façon modeste. Espérer par exemple que l'environnement sera sauvé à temps, qu'il n'y aura plus de guerre, que je resterai en bonne santé jusqu'à la fin, etc. Mais à côté de cela, pour ce qui concerne la "partie" du monde qui dépasse mon entendement humain, quels espoirs puis-je formuler? Difficile, par nature, dans cette partie du monde d'avoir des espoirs clairs et accessibles. N'est-ce pas là aussi une sorte de non-sens, n'est-ce pas là ce que d'aucun appelle "l'espérance"? Dans ma position d'Etre limité, je crois que je vais plutôt oublier les grandes notions et dire seulement que tous les espoirs de découverte et de création me sont encore permis.

 

Croire en ayant pensé

 

J'ai quand même une petite frayeur tout en contemplant mon ciel étoilé : ne suis-je pas en route tout droit vers toutes sortes de croyances? "Heureux ceux qui ont cru sans avoir vu" a un jour dit un Fondateur religieux. J'en connais plein d'autres qui, comme ce bon vieux Saint Thomas, pourtant lui-même disciple de ce même Fondateur, ne croient que ce qu'ils ont vu. Pour moi, je vois ce monde, j'ai eu le plaisir d'étudier dans une certaine mesure la description qu'en ont fait les scientifiques de toutes sortes de disciplines, et finalement je pense quand même que des choses sont au-delà de mon entendement humain. Quand je dis que je le pense, je devrais plutôt dire que je le conclus.

Comme ça, je pense pouvoir dire que je crois en ayant pensé, et je ne voudrais jamais faire autrement. Puis-je pour autant franchir un pas supplémentaire et dire que celui qui a vraiment pensé va, forcément, croire?

 

Le monde est habité d'une dynamique interne

 

Ainsi donc, face à mon ciel limpide, j'ai conclu à deux caractéristiques du monde, il est vaste et il est diversifié, et cela au-delà de ce que je peux imaginer.

En fait, il y a aussi une autre chose, que je ressens, mais que je ne pense pas pouvoir directement observer de mes cinq sens : une certaine dynamique interne hante ce monde. Bien entendu je vois bien que les astres, le soleil et la lune notamment, ne sont pas figés dans leur ciel. Mais si j'en reste à mon expérience sensuelle personnelle, je n'irai pas beaucoup plus loin, à moins d'avoir ici et là des flashes mystiques. Mais ça, je ne pense pas que ça m'arrivera un jour, et je ne compte pas trop là-dessus.

Je vais ici me tourner vers des gens, disons des scientifiques, qui sont mieux équipés et qui se sont montrés plus malins que moi. C'est le cas de celui-là qui a mis en évidence que les galaxies, non seulement se meuvent les unes par rapport aux autres, mais aussi qu'elles suivent un mouvement constant d'expansion de l'univers entier. Mais on reste ici dans le domaine de la matière inanimée.

J'ai lu chez certains naturalistes que les espèces vivantes se transforment régulièrement en créant de temps à autre des espèces franchement nouvelles, l'espèce humaine notamment. Ils notent aussi que ces transformations sont, pour ainsi dire, aussi vieilles que le vivant lui-même, et que ce n'est pas prêt de s'arrêter. Ce sont les théories de l'évolution du vivant en général. Bien entendu, les naturalistes ne sont pas toujours d'accord sur ce qui fait que ces espèces évoluent, ni pourquoi elles évoluent vers telle ou telle nouvelle espèce. Il n'empêche que je vois dans cette constance de l'évolution l'effet d'une certaine dynamique interne au monde.

Et ce n'est pas tout, si j'en crois le très éminent scientifique qu'était Teilhard de Chardin, l'organisation du monde elle-même évoluerait elle aussi. Il disait en effet constater que le monde évolue régulièrement vers des états de plus en plus complexes, et donc de plus en plus improbables. Je pense, tout comme lui, que l'évolution régulière vers des états de plus en plus improbables ne permet pas de penser que le hasard est seul en cause. Ca me conforte dans ma sensation d'une dynamique interne au monde.

 

L'homme est habité d'une dynamique interne

 

Finalement, je me dis que, puisque l'homme est plongé jusqu'au cou dans un monde animé d'une dynamique interne, ça me semble assez naturel que lui-même soit animé d'une forme de dynamique interne. C'est là un caractère de la nature humaine que je ne peux vraiment pas ignorer.

Que serait l'homme (et la femme) sans ses illusions? Et j'ajouterais : sans ses souvenirs et ses images d'enfance. Mon image d'enfance qui m'intéresse ici, c'est celle-ci : une Institutrice (Dieu ait son âme) montrant deux groupes d'images. Un des groupes présentait un oiseau sur son nid, et, en regard, une sorte d'affreux homme de Cro-Magnon gardant l'entrée de sa grotte favorite, massue au poing. L'autre groupe d'image présentait le même oiseau sur le même nid, avec en regard, cette fois, une cité moderne.

C'est ce qui me fait penser à une forme de dynamique interne propre à l'être humain. En pratique, cette dynamique interne, c'est ce qui pousse l'être humain à toujours essayer "d'aller plus loin".

Est-on pour autant plus heureux dans une cité moderne que dans la grotte de Cro-Magnon, ou que l'oiseau sur son nid? Il y a sans doute autant de réponses qu'il y a d'individus, car chacun a sa conception de ce qu'est être heureux. Pour ce qui me concerne ici, je vais juste me borner à constater que la dynamique interne, le souci de toujours aller plus loin, est un caractère naturel de l'être humain.

 

La dynamique interne de l'homme se met en œuvre dans trois domaines

 

Je regarde les gens autour de moi, et plus loin aussi, et je constate que certains produisent des montagnes de toutes sortes de choses, alors que d'autres s'envolent vers la lune, et que d'autres encore créent des œuvres d'art mémorables. 

A l'évidence, la dynamique interne de l'être humain s'exprime dans divers domaines. Pour ce qui m'intéresse ici, je vais retenir trois domaines dans lesquels la dynamique interne humaine est censée s'appliquer : l'action, l'exploration et l'expression.

Je vais dire brièvement ce que j'entends ici par ces mots. L'action, c'est bien sûr ce qui concerne la production de biens et de services, mais aussi tout ce qui consiste à travailler l'environnement pour le rendre plus adapté aux souhaits humains.

L'exploration a un sens traditionnel évident d'aller voir ce qui se passe soit plus loin sur terre, soit au-delà de la planète terre. Mais je lui vois aussi un sens d'étude du monde, au sens le plus large, en vue de le comprendre jusque dans son fonctionnement.

Quant à l'expression, elle ne comprend pas seulement l'expression de sentiments, via l'art ou via autre chose, mais aussi l'expression de la pensée dans des développements philosophiques ou religieux.

 

L'équilibre entre l'activité et la prise de conscience

 

"Que sert à l'homme de gagner l'univers s'il vient à perdre son âme", c'est là une sentence que j'ai un jour entendue, même si je suis bien en peine de dire où et par qui. Je voudrais transformer un peu cette maxime en disant "que sert à l'homme de s'activer, d'aller plus loin, s'il ne peut en prendre conscience".

Parce que je prends cela pour une évidence parmi d'autres : en plus d'être un Etre biologique avec tout le cortège inhérent de besoins et de sensations, l'homme est aussi un Etre conscient.

D'un autre côté, avoir conscience, mais de rien, ça n'a pas l'air génial non plus. La conscience ne trouve à s'appliquer que si on a de quoi, dans l'action, dans l'exploration ou dans l'expression.

C'est là que prend toute sa mesure l'importance de la conscience humaine. Elle est vraiment, pour moi, ce qui valorise toute activité humaine. Mais d'un autre côté, elle a aussi besoin de ces activités humaines pour, elle-même, prendre tout son sens.

Quoi de mieux, dans ce cas, que d'envisager un équilibre entre la prise de conscience et l'activité? C'est ce que je vais appeler ici l'équilibre entre contemplation et activité, quelle qu'elle soit. Je vois dans cet équilibre une réelle condition sine qua non pour vivre une vie humaine en toute plénitude.

 

 

Et la religion?

 

Il y a des gens, déclarés Saints ou non, qui ont connu l'expérience mystique. Cela les place évidemment au-delà du domaine de la pensée rationnelle. Au-delà des cas de supercherie pure et simple, l'illumination : réel événement supra-matériel ou simple avatar d'une maladie mentale? Voilà un fameux os à ronger en perspective pour les psychiatres. Et moi, comment me positionner, vu ma conception de l'homme et du monde? De par ma conception d'un monde où les notions humaines ne sont pas en mesure d'appréhender tous les aspects de ce monde, je ne peux certes pas exclure que des cas de réelle illumination de type "mystique" se produisent parfois.

D'un autre côté, j'ai aussi le souci de penser avant de croire. Et je compte bien sur cette attitude pour m'éviter de me laisser impressionner par l'aspect extraordinaire, ou autrement dit l'aspect "merveilleux", de tels événements.

 

 

Et la politique?

Je me dis que, le plus souvent, les débats politiques m'ennuient plutôt. Alors, je me demande avec effroi si mes réflexions ne vont pas forcément m'entraîner à être adepte de l'un ou l'autre système politique tel qu'on en connaît actuellement? Voilà une question qui se pose tout naturellement, elle est même pour ainsi dire inévitable. Allons voir dans ma conception de base du monde, la réponse devrait normalement s'y trouver. En effet, dans ce monde infiniment vaste et diversifié que j'imagine, il serait assez incroyable qu'il puisse exister l'un ou l'autre système de gestion de société entièrement adapté à une telle diversité. Face à un tel monde, tirer une ligne directrice est le mieux que l'on peut faire. Comment vais-je bien pouvoir concrétiser cette ligne directrice en quelques mots? Voilà ce qui me vient à l'esprit : "le seul mauvais système de gestion de la société, c'est : un seul système".

 

Voilà donc ma position qui découle tout naturellement de ma réflexion : aucun système politique ne sera jamais une panacée. Mais quand même, il faut bien qu'une ligne directrice soit donnée dans la gestion de la société, et ça, quels que soient les systèmes politiques présents. Allons voir cette fois dans ma conception de l'homme : un être conscient animé d'une dynamique interne. Ce qui correspond le mieux ma façon de voir, c'est donc de permettre à chacun d'exprimer sa dynamique interne dans les domaines qui lui conviennent le mieux, et cela au sein d'un équilibre entre activité et contemplation. Mais malgré cette ligne directrice, ici aussi, l'infinie diversité fait qu'une solution unique ne pourra sans doute jamais exister. Ainsi, au sein d'une société bien conçue, chacun devrait disposer d'une réelle liberté pour exprimer sa nature dynamique de la façon qui lui est la mieux adaptée.

 

Voilà un grand mot : "liberté". Un analphabète est-il libre de lire le journal? Ca, c'est une forme de question non-sens. Etre libre de lire le journal implique d'avoir d'abord fait l'effort d'apprendre à lire, ça me semble évident. Dans son souci naturel d'aller voir ce qui se passe dans le monde, et d'essayer de comprendre ce monde, l'homme dynamique tel que je le conçois sera plus que vraisemblablement confronté un jour ou l'autre à une situation de ce type. Et donc, sa devise pourrait alors être du genre : "la liberté, ça doit parfois se travailler".

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Réponses

  • L’étude scientifique de la conscience.

     

    Il n'est pas toujours si évident que la science soit appropriée pour parler de la conscience humaine. C'est un doute que je trouve bien exprimé par E.Schrödinger, grand physicien de ce siècle, lorsqu’il disait :

    • d'une part de vous souvenir des yeux de votre enfant vous illuminant lorsque vous lui offriez un nouveau jouet,
    • d'autre part de considérer le physicien vous disant que, en réalité, rien n'émerge de ces yeux; rien d'autre ne s'y passe que la perception et le traitement de quanta de lumière,
    • que cette réalité est bien étrange, et qu’il semble bien qu'il lui manque quelque chose.

     

    Ce problème de l’adaptation de la science à l’étude de la conscience, ou aussi de l’esprit, connaît régulièrement des regains d’intérêt. Cela notamment lorsque l’homme réalise des machines qui, plus que les précédentes, ont « l’air de penser ». C’était déjà le cas par exemple, il y a pas mal de temps, lors de la réalisation d’automates divers.

    Du point de vue strictement scientifique, je crois que c'est B.D.Josephson qui a le mieux cerné le problème en présentant les choses comme suit :

    • intégrer notre connaissance de l'expérience consciente peut conduire à de nouvelles et de meilleures explications des phénomènes physiques,
    • de telles recherches peuvent également conduire à la découverte de nouveaux types de phénomènes physiques,
    • une telle position demande que l'expérience consciente soit considérée comme quelque chose de quantifiable, et donc d'intégrable dans une théorie physique,
    • dans une telle optique, il n'y a aucun intérêt pour les questions philosophiques qui pourraient être soulevées.

     

    M.Bitbol, quant à lui, insiste sur le fait qu’il faut éviter, par un physicalisme trop aigu, de se priver de certaines opportunités intéressantes d’extension du cadre de pensée, tant de la pensée humaine que de la pensée scientifique proprement dite.

    La nécessité de l’élargissement du champ de vision de la science est une idée fondamentale de Penrose. Celui-ci insiste sur la nécessité d’élargir le champ de la science au domaine du « non-calculable » également.

    Ceci m’amène à une question : pourquoi la science est-elle si souvent assimilée au calculable ? Et aussi : ne faudra-t-il pas inventer un nouveau nom pour cette science au champ élargi ?

    Quoi qu’il en soit, s'il est vrai que cette position de Josephson me semble très bien situer le problème de l'étude scientifique de la conscience, on remarque très vite que la plupart des auteurs concernés ont malgré tout un très grand intérêt pour lesdites questions philosophiques.

  • ETRE UNE MACHINE

    L'homme est-il une machine au même titre qu'un moulin à vent ? C'est une bien vieille question, elle se posait déjà du temps des premiers automates mécaniques, et elle se pose avec plus d’acuité maintenant que des « machines » semblent capables de comportement « intelligents ». C’est pourquoi il n’est pas inintéressant de reconsidérer cette question de temps à autre à la lumière des connaissances nouvelles. Savoir ce qu'est une machine reste finalement le fond de la question.


    Essayons donc de définir la machine d’après les observations quotidiennes du monde qui nous entoure. Prenons un des premiers exemples de machines sophistiquées : la machine à vapeur. Qu’est-ce qui me fait dire que c’est une machine ? Sans doute l’apparence du mouvement régulier. Mais si je considère par exemple un mobile créé par un artiste (mobile mû par le vent, par l’eau ou par toute autre source) la régularité n’y est pas nécessairement apparente et est même dans ce cas indésirable très souvent. Je pense pourtant sans trop de difficultés que c’est une machine.


    Oublions un moment le mouvement et considérons un récepteur radio. Je ne vois rien bouger et pourtant, je n’ai pas de grandes difficultés à le considérer comme une machine. Dans ce cas, ce sera surtout du fait que je sais que ce récepteur suit des règles précises : celles de la technologie électronique en l’occurrence.


    Un élément commun apparaît ici : l’existence de règles de fonctionnement. Par extension, tout ce qui a été développé par l’homme peut être présumé suivre les règles de la technologie. La question de fond revient donc à se demander si l’homme fonctionne lui aussi selon ces règles.


    L’Encyclopédie Philosophique définit la machine comme un système ou circule de l’information et de l’énergie. Il n’y a plus qu’à donner une définition claire de ce que sont l’information et l’énergie et tout sera parfait. Si je reprends l’exemple du mobile artistique, il n’est pas vraiment clair qu’il y circule de l’information ; passe encore pour l’énergie.


    Attachons-nous maintenant à une tout autre sorte de machine : la machine administrative par exemple. C’est le cas de systèmes où en principe circule de l’énergie et de l’information. Mais est-ce là vraiment ce sur quoi on se base pour parler de la "machine  administrative" ? Je pense plutôt dans ce cas à la présence de règles de fonctionnement. Plus précisément, lorsque l’on dit que l’individu est broyé par la machine administrative, on pense au fait que les règles de fonctionnement du système ne sont pas influençables par l’individu seul.


    Le cas de la machine administrative me fait penser à la définition que donne un chercheur : "un être est une machine s’il survit à la greffe de ses organes, cerveau compris, par des organes artificiels". Ceci correspond très bien à la machine administrative. C’est en effet le propre des systèmes administratifs d’être, en principe, indépendants des Individus qui y appliquent les règles de fonctionnement. Mais, à nouveau, la question se pose : est-ce bien là ce que j’entends par «machine » administrative ?


    Ma conclusion est que la notion de machine reste essentiellement une question de présence ou non de sentiments et de règles irrationnelles de fonctionnement.

    C'est pourquoi, comme essai de définition simple, je propose : une machine est un système qui suit des règles de fonctionnement rationnelles, ces règles de fonctionnement n'émergeant pas directement d'un système irrationnel.

  • La décroissance

    Je pense que le souci d’aller toujours plus loin, de toujours faire plus et mieux, est un caractère naturel de l’être humain. Mais nous voilà à un problème bien actuel. Toujours aller plus loin, toujours faire plus, ça veut aussi dire toujours consommer plus, toujours produire plus pour en avoir les moyens. A une époque où beaucoup parlent de décroissance et où beaucoup craignent pour l’avenir de la planète, il est peut-être mal venu de mettre cet aspect de l’Homme en exergue.

    Mais pourquoi parle-t-on de décroissance à notre époque ? Sans doute parce que la croissance actuelle est surtout matérielle, soit dans la production de biens, soit dans l’exploration au sens large (je pense ici aussi bien à la conquête de l’espace qu’aux voyages et déplacements de toutes sortes sur terre). Cette croissance matérielle a toujours besoin de deux éléments qui lui sont essentiels : la consommation d’énergie et la consommation de matières. Ces deux derniers éléments sont à l’évidence nocives pour l’environnement naturel, et cela de façon alarmante depuis quelques décennies.

    Bien sûr, on peut penser que le souci humain de chercher à toujours faire mieux va nous conduire à améliorer la production de l’énergie ainsi que la consommation de matières (et leur recyclage). Inévitablement de nouvelles techniques vont naître. La question cruciale est donc : naîtront-elles à temps ?

    Je crois évident que, à notre époque du moins, la croissance est surtout dirigée vers l’avoir, qui accessoirement permet de paraître. Je crois aussi que rééquilibrer la croissance entre l’avoir et l’être améliorerait la situation. En effet, l’aspect « être » concerne surtout la connaissance et la culture dans ses aspects réceptif et expressif. Connaissance et culture sont pour moi essentielles à la prise de conscience du monde et de la place de l’Homme au sein de ce dernier (ce que j’appelle aussi la « contemplation »). Connaissance et culture sont aussi peu consommatrices, si on les compare à la croissance matérielle proprement dite. Et elles peuvent apporter à l’être humain un meilleur équilibre entre vie physique et vie mentale.

    Que conclure de tout cela ? Il me semble que la culture et la recherche scientifique seront les deux moteurs essentiels de l’avenir.

  • Bonjour Mr Lesens,

    C'est avec beaucoup de retard que j'ajoute ma contribution à cette conversation si intéressante.

    Toutes les questions que vous vous posez, je me les suis posées aussi. J'ai découvert également Teilhard de Chardin et sa conception de l' évolution a répondu à pas mal des intérogations que j'avais concernant notre vie.

    Selon lui l'évolution a un seul but nous ramener à une destination finale (oméga) qui en est le but ultime.

    Selon lui, il n'y a plus eu d'apparition d'espèce nouvelle d'être vivant depuis l'apparition de l'homme car un des buts de l'évolution serait l'émergeance de l'intelligence dans la matière.

    Peut-on croire que nous avons entrepris un long mais alors très long voyage qui nous enmène, des protozoaires, en passant par les dinosaures et les mammifères d'évolution en évolution vers plus de perfection pour atteindre le but ultime?

    Au fait c'est bien possible et même si nous ne connaissons pas encore l'étape suivante de notre voyage, n'ayons pas peur : notre esprit ne disparait probablement pas, il intègre une autre forme d'être plus perfectionnée que la précédente.

    Voilà le fruit de mes réflexions qui résultent d'une petite synthèse que j'ai faite de toutes mes lectures ayant été voir ce que d'autres en pensaient, dans les différentes religions, qui se valent toutes puisque telles des agences de voyages différentes,elles nous emmènent vers la même destination!

  • L'esprit du temps.

    « Il n’y a pas lieu de plaisanter avec l’esprit du temps » disait C.G.Jung. C’est sans doute lui, l’esprit du temps, qui fait que les mannequins présentant les défilés de mode actuels tirent systématiquement la tronche alors que leurs homologues d’il y a quelques dizaines d’années étaient tout sourire. Le résultat recherché était pourtant le même et très pragmatique : plaire à un maximum d’acheteurs. Est-ce aussi cet esprit du temps qui fait que ma période de naissance dans l’année m’a donné une tendance à tel ou tel trait de caractère ? Est-ce qu’il y a un même « mécanisme » sous-jacent qui règle ces deux phénomènes ?

    Voilà une question intéressante pour les scientifiques de tout poil.

    Ce serait sans doute très utile de savoir pourquoi, au fond, nous avons migré tout naturellement de l’esprit « cool » des années soixante à l’esprit de compétition exacerbée actuel. Mais le savoir permettrait-il d’éviter des dérapages incontrôlés ? Rien n’est moins sûr à mon avis, mais rien que pour le plaisir de savoir, ça vaut la peine de se poser la question.

  • Puisqu'il est question de l'infinitude dans mon texte de base, je vais donner ici quelques réflexions en sus sur le sujet.

    L’infini, c’est pour ainsi dire la vitre contre laquelle l’abeille de la pensée humaine s’épuise.  Prenons par exemple le cas de la description du monde en termes d'espace-temps : on finit toujours par devoir introduire la notion d'infini pour se tirer d'affaire au-delà d'un certain point. Prenons aussi le cas de la description du monde, et du monde humain en particulier, au moyen du langage : on retombe rapidement dans la spirale des définitions allant à l'infini. Et puis prenons le cas de la description de l'homme, avec sa conscience et sa pensée, en termes de système de traitement de l'information : on finit par retomber sur le problème de l'explosion combinatoire, à l'infini, de la quantité des données.

    Comment alors appréhender l’infini ? L'infini peut se penser, ou se réfléchir. Prenons l’exemple assez classique : je pense que si je vole toute ma vie dans une des plus rapides fusées, je ne parcourrai qu'une petite partie de la distance à l'étoile la plus proche, qui n'est elle-même qu'à une distance infime par rapport à la plus proche galaxie, etc. Cela peut donner une idée de l'infini. L'infini peut aussi être ressenti : si je m'assieds au sommet d'une colline isolée, ou au voisinage de la mer, je peux ressentir d'une certaine façon l'infinitude du monde. Et enfin, l'infini peut aussi être compris en tant que non-sens : si j'observe une boule de billard, qui n'a certainement rien de gigantesque, je constaterai vite la vanité de vouloir en trouver le bout. Point n'est besoin pour cela de tourner la boule entre mes doigts jusqu'à l'infini.

    Peut-on aller jusqu’à dire que le recours à la notion de l’infini est un aveu d’impuissance de l’esprit humain? Pour moi, le recours à l'infini doit plutôt être considéré comme un signe d'inadéquation, au moins partielle, des concepts utilisés dans telle ou telle situation. N’est-ce pas par exemple le cas de l’explosion « à l’infini » des textes juridiques et réglementaires que nous connaissons actuellement ?

  • je me suis finalement penchée sur ces divers sujets..trop variés à mon humble avis.Sujet par sujet  demanderait un temps de pose plus long .......philosophe dans l âme je dirais la dynamique de l'univers est nôtre en minuscule....dans un ordonnement parfait si nous ne le bousculions point ici-bas.  le monde a été conçu selon une règle d'Or indéniable que l'homme déstabilise par ignorance malgré tous ces mathématiciens et érudits

    Contempler la majesté de ce qui nous entoure....  le mouvement est perpétuel, ACTUELLEMENT les énergies  venant d'en haut sont hyper dynamisantes, accueillons les en toute humilité dans nos silences TOUT bouge ......et tout va changer....mais les étoiles à tout jamais sont fixées  elles nous sourient, se dévoileront peut-être pour guider nos pas pour un meilleur lendemain....y compris les politiques comme la religions L' AMOUR NOUS PORTERA  nous enveloppera...et tout sera rééquilibré.UNE CONSCIENCE NOUVELLE s'ouvre déjà.....CONTINUONS A ADMIRER sa majesté  autour de nous et avec nous  la paix  s'installe et tout se transforme;;;encore et encore en un mouvement perpétuel et éternel.....amitiés.sylviane

  • un beau texte, sincère, clair, et non prétentieux, bien pensé mais sans certitudes affirmées ni sentences insupportables

  •  Je pense avoir exprimé, en peu de mots, l'essentiel de ce qui s'impose à nous dans la nature et face à l'univers dans mon poème «  Le fascinant univers»  mis sur ma page le 4 février dernier. Ce soliloque n'a pas provoqué de commentaires.

    Bonne journée à tous!

                                                                             

  • Bonjour Monsieur Lesens,

    Tout comme Monsieur Cambier je viens de lire votre texte à l'instant même et je suis entièrement d'accord avec ce qu'il vous répond.

    Je ne pourrai en dire plus. Etant moi-même une disciple de Teilhard de Chardin, le seul, qui, à une certaine période de ma vie pouvait répondre aux questions lancinantes que je me posais. Grâce à son exemple, je suis restée dans cette Eglise qui, pourtant l'a bien fait souffrir. J'étais prête à tout quitter et je me suis dit que moi, petite larve qui n'arrivait pas à sa cheville, je deviendrai "infidèle" ??? J'y suis donc restée tout en y adhérant, non plus comme une béni ou oui, mais avec du recul et, également, une étude approfondie de la religion et, surtout, de la personne du Christ. Que, finalement je connaissais bien mal  après des années de catéchisme et divers. Les Mystiques m'ont toujours attirée et les Saints également. J'aime lire leurs vies. J'ai aussi quelques préférences évidemment.

    J'ai vécu ce que l'on appelle communément deux états proches de la mort ou NDE ou EMI. Sans doute en avez-vous entendu parler.

    Puis-je me permettre de vous inviter sur mon blog chez Arts et Lettres et, si vous en avez le temps, de lire mes derniers textes car, enfin, j'ai décidé une fois pour toute de témoigner à ce propos en dehors des diverses associations qui s'y emploient et auxquelles j'ai livré mes témoignages  il y a longtemps déjà (vers les années 1980, à l'époque où les langues se sont, enfin, déliées).

    Ce serait très aimable de votre part det votre avis m'honorerait.

    A bientôt. Rolande Quivron

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