Mais que veut donc dire Artiste rebelle ? Serait-ce la forme exprimée dans une œuvre ? Peut être , ou bien la contestation d'un système , possible aussi ...
Réalisme ou pas ?
La peinture est un art de réflexion, de recherche d’harmonie, le choix du BEAU.
Ce qui me convient le mieux, par souci d’honnêteté, et de culture, c’est le réalisme.
Or, on a souvent associé le réalisme avec un manque de culture, le maniérisme, l’académisme, ou le manque d’imagination. Est-ce être artiste rebelle que de persister en ce sens ?
Bien sûr, cela peut être vrai, mais tout dépend de l’artiste lui-même, de son expérience et de ses engagements.
En ce qui me concerne, je pense que la recherche artistique se situe dans la recherche du réalisme, parce que cette technique me permet d’exprimer mes émotions, ma recherche de l’harmonie, et de la stabilité.
C’est l’art populaire par excellence, et c’est d’ailleurs ce qui ne plait pas aux intellectuels actuels, qui, profitant de leur situation de pensée universelle dominante, mettent une distance entre eux et « le peuple » et réussissent à donner des complexes à beaucoup de monde.
L’art est intemporel, ce ne peut donc pas être une mode, tout juste une rébellion face à un monde qui privilégie l’universalisme et le conforme. C’est une recherche purement personnelle qui nécessite une technique, une expérience et un retour sur soi. La remise en question est donc permanente, et demande beaucoup d’abnégation.
Ce n’est pas le prix qu’un artiste s’octroie qui fait la valeur d’un travail, quand on sait comment sont attribuées les cotations, il y a beaucoup de questions à se poser. En ce sens, je suis et je revendique être une artiste rebelle.
De plus, ce n’est pas seulement parce qu’une œuvre nous interpelle, ou nous laisse dans l’incompréhension qu’elle est représentative de l’art avec un grand A, ou qu’elle est « moderne ».
L’art est une notion populaire, parce que ressentie par l’humain, et elle doit pouvoir se communiquer dans toute sa dimension et se partager, sans notion de privilégiés.
Quand à la technique, même si elle n’est pas tout, elle représente quand même une très grande part dans la conception d’une œuvre.
Brigitte Grange
Réponses
Voir le chat lancé en l’air n’est pas voir de l’art en action. Cet acte, la performance, ne doit pas être vue comme un art avec un grand A, mais un discours sur l’art. Au même titre que l’urinoir de Marcel Duchamp, ces créateurs n’ont pas ajouté une nouvelle colonne au tableau « quelles sont les formes d’art » ; ils ont pour but de former l’esprit critique des gens. Le public doit se poser la question, tout comme l’artiste de performance se l’est posée « qu’est-ce qui est digne pour moi d’une expérience esthétique ? ».
Dans les performances choquantes, pour la plupart et à raison, « l’art » (accepté au sens commun) n’existe que grâce à la réaction du public. On est loin du théâtre où la salle avale le spectacle et ressort en ayant digéré. La performance réclame que le public devienne acteur, qu’il quitte sa place bien confortable pour entrer dans le débat. Et si je dois vraiment décrire « L’art de la performance », je dois affirmer qu’il ne s’arrête pas dans l’acte de celui qui provoque une réaction, mais continue dans cette réaction et encore après sur des forums tels que celui-ci.
Et comme la tradition de ce site réclame de temps en temps une citation, je résumerais mon commentaire par une de mon artiste favoris (rebelle par excellence) Marcel Duchamp : « L’art, c’est la vie ».
Pour moi, je ne sais pas ce qu'est être un artiste rebelle, tout ce que je sais c'est que je ne veux pas être classée dans une case. Je ne veux pas être dans le giron d'un galeriste qui voudrait m'imposer un style de travail, je veux pouvoir tantôt tâter du figuratif, tantôt ce que l'on appelle l'abstrait, je veux pouvoir aussi bien explorer les nouvelles technologies que les anciennes, je veux pouvoir les mélanger à ma guise, et surtout ne pas me voir imposer comme dans l'émission d'ARTE par exemple, des "performances", des interventions, juste parce que ceux qui font l'art d'aujourd'hui veulent des idées qui choquent et font par la même occasion le buzz, et donc engendre de l'argent. Les sujets qui choquent sont de nos jours du style chats vivants que l'on jette d'un escalier (Belgique), chien que l'on laisse mourir de faim attaché dans une galerie (Mexique), ou du style guillotine colorée destinée à tuer ou pas une une brebis selon le nombre de vote exprimer sur le net,(Allemagne) etc.. çà ce n'est pas de l'art, c'est juste choquant.
Vous dites : ..." Pour en revenir à la rébellion je travaille uniquement pour moi sans me soucier du marché de l'art.
La sculpture est à mes yeux un moyen d'expression libre et non un artisanat établi selon des critères d'époques ou par des systèmes fiscaux qui placent les artistes dans des cases." ...
Oh comme j'aime ce que vous écrivez....vous exprimez comme je ne le pourrais pas ce que je ressens lorsque que j'ose montrer mes créations...je reste moi-même et tant pis pour les autres ! Merci pour votre commentaire.
Liliane
Georges T. a dit :
Vous évoquez Marcel Duchamp et les années 1900 ou les arts "beefteck" (comme disait Brancusi d'une certaine figuration antérieure) ont fait de la place pour un art nouveau, plus moderne pour son époque.
D'ailleurs encore à la pointe de la modernité aujourd'hui (avis personnel).
C'est certain que Duchamp, Tzara, Léger, Brancusi, Rousseau, Apollinaire, Noguchi, Modigliani, Ray et d'autres encore se fréquentaient et entretenaient visiblement des rapports d'amitié même. Marcel Duchamp est celui qui a fait découvrir et puis vendre l'oeuvre de Brancusi aux Etats Unis. Une solidarité à toute épreuve venait renforcer cette amitié propre aux acteurs de la naissance de l'art contemporain qui indifféremment des réalités sociales se sont soutenus. Outre la misère ils ont aussi "connues" les mentalités de leurs temps. Ces acteurs des années 1900 ont chacun révolutionné l'Art à leur façon. Brancusi par la géométrie, Duchamp par la conception, etc.
J'ai connu cet esprit d'entraide et d'amitié assez brièvement dans une Académie des B-A mais j'ai ensuite dû partir pour encore ailleurs. C'est effectivement ce qui me manque actuellement le plus. Cet échange particulier avec d'autres artistes et d'autres arts.
Pour en revenir à la rébellion je travaille uniquement pour moi sans me soucier du marché de l'art.
La sculpture est à mes yeux un moyen d'expression libre et non un artisanat établi selon des critères d'époques ou par des systèmes fiscaux qui placent les artistes dans des cases. Artiste amateur, artiste professionnel etc. Que veut dire artiste amateur ? Sérieusement... Pourquoi ce besoin d'étiqueter les gens ? Créateur, concepteur, plasticien etc. Serais-ce une rébellion de revendiquer juste Etre Humain ou encore Organisme vivant individualisé et doué de pensée ?
Daniel Moline
Bonjour Daniel,
Je vous réponds dans le désordre tant qu'à parler de rebéllion.
Je ne brandis aucun étendard car je n'aime pas trop le principe.
Vous parlez de pouvoir or ce n'est pas vraiment ma tasse de thé non plus. Je recherche la puissance oui. Le pouvoir ne m'est pas utile dans ma recherche personnelle. Je le laisse donc à ceux qui le désirent. Je ne fais pas de commerce non plus. Vendre oui pourquoi pas ? Mais je ne vivrai pas de l'art car l'art me permet de m'exprimer librement. Je n'ai jamais été doué pour faire du commerce et si la vente peut avoir lieu, ma liberté de création passe en premier chez moi. Je me vois mal créer dans telle matière "qui marche bien en ce moment" ou faire un nu parce que c'est recherché etc. Non, non. La sculpture me sert à m'exprimer. L'art contemporain serait à mes yeux plus la communication entre les artistes et les regards des autres hommes. Pas spécialement une communication entre des marchands et des créateurs. Je ne les renie pas non plus. Chacun a sa place mais de là à créer pour et en fonction de... Il y a une certaine marge quand même. Cette réserve d'espace ethique est ma liberté. Bien sûr à chacun la morale esthétique qui lui convient. Personnellement les vrais marquis sont ceux qui se manifestent par leurs actes comme Sade par exemple et qui le demeurent dans la durée même 100 ans après leurs créations sculpturales d'idées ou de matières.
Donc au final, je n'ai pas de pouvoir pas parce que les artistes n'en ont pas mais parce que je n'en souhaite pas.
Je ne me vois pas comme un artiste mais comme un individu libre et j'agis en tant que tel. L'intérêt des hommes au sens large m'est quant à lui précieux car je m'exprime à ma façon pour l'Homme justement. Qui sont ces individus ? Mais un peu tout le monde et personne à la fois. Tout est relatif non ? Il y a galerie et galerie, académie et académie etc. Pour moi l'art contemporain n'est pas une école d'art où on est jugé à l'admission sur un travail antérieur de longue durée. Ceux là je les appelle des poseurs de barrières. J'aurais pu dire constructeurs mais cela je le garde pour ceux qui bâtissent quelque chose au profit immédiat ou plus lointain des autres. Mettre des barrières est réservé peut-être aux individus qui ont du pouvoir ? Voilà une des raisons qui font que le pouvoir ne m'intéresse pas. J'aime beaucoup Marcel Duchamp. Certes son urinoir n'aurait pas été de son temps accueilli comme oeuvre d'art sans les acteurs du monde artistique commercial mais qui peut dire si son oeuvre n'aurait pas été reconnue plus tard ? Bien sûr tout le monde est tenu par des maillons dans un système mais l'on peut également créer juste pour créer. Voilà un silence juste pas une rébellion sauf qu'une rébellion est plus simple à étouffer qu'un silence. Enfin, je crois.
Quand nous utilisons l’expression "art contemporain", c’est souvent avec le présupposé implicite qu’il s’agit là d’œuvres d’art, et nous oublions qu’il s’agit non seulement de ceux qui les produisent, mais aussi des gens qui les commentent, les commandent, les achètent, les montrent, les regardent, ainsi que des lieux et des supports par lesquels passent ces opérations. Je vous rappelle ici le cas célèbre de l’urinoir de Marcel Duchamp et de tout ce que cette histoire a mis en évidence: l’art contemporain ne peut fonctionner sans une chaîne d’intermédiaires qui vont "aider" l’œuvre d’art en intervenant soit sur sa matérialité soit sur son contexte. (cf. mon intervention du 9 juillet sur le forum "À vin nouveau outres neuves !" )
On ne peut nier le rôle primordial que jouent aujourd’hui les grandes galeries d’art, et la confiance que leur accordent de nombreux artistes pour faire connaître leur travail. D'autres galeries plus modestes jouent un peu le même rôle au niveau local et peuvent être de bons intermédiaires entre les artistes et le public. A chacun son métier. Les artistes n’ont ni l’argent ni les pouvoirs d’un commerce. Pas davantage celui de faire pression sur les collectionneurs et les musées. Critiques, commissaires d’expos et galeristes de pointe sont souvent ce chaînon crucial sans lequel de nombreux artistes demeureraient, quoiqu’ils fassent et en disent, de parfaits inconnus. Certes, un créateur peut toujours depuis son atelier s’ériger seul en titan d’une véritable œuvre contemporaine. À lui de trouver ses armes et sa manière de combattre pour résister à l’usure du temps. Avec ou sans galerie.
Quoi qu’il en soit, je suis bien d’accord avec vous pour la résistance à tout forme de conformisme, en précisant qu’il ne faut pas pour autant brandir l’étendard de la rébellion ou prendre ostensiblement le maquis. Il est des résistances discrètes qui sont de meilleur aloi que les frondes ostentatoires.
Daniel Moline
Ce conformisme me déplaît fortement parce qu'il entraîne un effet de masse qui est contraire à la notion même de création et au principe d'unicité. Unicité de l'idée comme de la forme. Pourquoi devoir se soumettre à la meute pour être reconnu comme artiste contemporain ? Je trouve cela absurde de se conformer à des normes imposées par une haute société artistique contemporaine autoproclamée sous le couvert du cliquetis monétaire et qui dans 100 ans ne sera plus que poussière. L'Art moderne n'est à mon sens pas ce qu'en décide une masse d'aristocrates autoproclamés, mais ce qu'en pensent les peuples au fil des générations. Je n'aime ni les juges ni les clans dominants. Je prône sinon la solitude, la mienne pour pouvoir créer. Ce que j'en pense, c'est qu'il y aura toujours des dieux mais également des titans. Que seraient les dieux sans Prométhée qui leur dérobe le Feu ? En ce qui me concerne : Rebelle non. Libre oui. Rebelle si l'on considère que je ne veux pas des carcans des uns et des autres pour qui l'art est à l'idée unique de ce qu'ils pensent fussent ils juges de l'art ou critiques ou pompes à fric des temps modernes aux appellations diverses et variées, aristocrates ou plus populaires. Non. "Je suis et je ne veux qu'Etre" Georges T. Etre unique et vrai. Tant pis pour les galons. Qu'ils se les gardent donc leurs pomponneries.
"Par contre, je crois que l'expression de la rebellion artistique s'exprime plus facilement via la liberté de l'abstraction, l'abstraction étant plus proche de l'expression musicale." dit Jean Marie.
Une question: comment censurer un abstrait qui, par définition n'affiche pas de sujet? Je me suis déjà vu plusieurs fois censurer l'une où l'autre oeuvre dont le "sujet" choquait!
Je crois que si Manet avait peint du non figuratif, il n'aurait eu aucun problème de censure avec son "Olympia"
Je préfère le terme "non figuratif" car un bon tableau figuratif est un abstrait ("Abstraire: considérer isolément dans un objet un de ses caractères" (E. Littré) même si les non-figuratifs s'approprient de façon monopoliste ce terme.
Quel plaisir de lire tous ces commentaires pour moi la profane qui ai si peu de formation en art plastique.
Vous m’en avez appris ce jour en vous lisant et je vous en remercie.
Pas mal Liliane d’avoir relancé ce sujet sur lequel je restai sur ma soif.
Vous êtes tous des rebelles puisqu’artistes.
Et je ne peux m’empêcher de citer cette phrase de mon humoriste préféré : "L'homme est imparfait, mais ce n'est pas étonnant si l'on songe à l'époque où il fut créé." Alphonse Allais