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A Gunther,

Une atmosphère de rêve, de désespoir, d’utopie s’empare des recherches picturales de Gunther Delgeniesse, révolte d’un jeune artiste face aux convulsions du monde.
« Incarner » l’humain à peine sorti du XXème siècle inspire le peintre dans ces nouveaux temps où rien ne paraît s’éclaircir.
Ils ont d’un coup d’eau-de-vie
... Repris goût à la vie ?
Les voici regardant, ébahis,
les ombres de la nuit
B Brecht

Gunther interroge à larges coups de brosses nos consciences en retournant la matière peinte comme un laboureur peut le faire avec la terre.
L’homme veut être bon…
Il construit l’espace peint face au « décervellement » de la surinformation numérique, ce nouveau théâtre d’ombres et de lumières.
L’expressionnisme historique et la nouvelle objectivité allemande le fascinent, lui donnent la chair de poule, l’histoire de l’art reste un champ de prospection fécond aux sillons marqués par les apparences du sens et les dualités comme la beauté et la laideur.
Et puis…viendra le jour des influences digérées où la boulimique envie de peindre prendra son envol personnel car au milieu des cendres demeurent des diamants : à lui de les découvrir.

Toutes les vanités ouvrent une fenêtre sur l’espoir de ce jeune artiste lyrique à la recherche de nouveaux joyaux, beaux comme ceux de Lautréamont… « comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie » et comme tout a un début de fin, le dernier mot revient à la
Belle Jeunesse.

« La bouche d’une fillette qui avait séjourné longtemps dans les roseaux paraissait si rongée.
Lorsqu’on ouvrit sa poitrine,
l’œsophage était si criblé.
On trouva finalement dans une tonnelle sous le diaphragme, un nid de jeunes rats.
L’un des tout petits frères était mort.
Les autres se nourrissaient du foie et des reins, buvaient le sang glacé et avaient passé là une belle journée. «

Gottfried Benn 1914
Traduction J. C. Lombard

Une belle jeunesse ! L’essentiel.

Vive la vie
Vive toi



Pelletti

Bois du Luc, mars 2010