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Qui dit Platon ne dit pas forcément platonique, et c’est un spectacle sensuel, une expérience épicurienne de la pensée que Pauline d’Ollone nous propose ici. Au départ d’un texte millénaire, multipliant les anachronismes, transgressant les frontières avec conscience, joie et de façon assumée, le spectacle s’empare du célèbre Banquet de Platon pour lui donner un nouveau souffle tout en gardant sa finesse oratoire. C’est soir de fête. Le jeune poète Agathon, véritable star littéraire de l’époque, invite ses amis pour célébrer le succès de sa dernière tragédie. Il a réuni les plus beaux parleurs de la cité. Et pour clôturer la soirée, un défi est lancé : celui qui fera le plus bel éloge de l’amour gagnera. Qu’est-ce que l’amour ? Est-il divin, ou mortel ? Cadeau des dieux, ou désir de l’homme ? Les joutes verbales se succèdent. Comme cela arrive parfois dans les battles de Hip Hop, le banquet part en vrille, devient un bordel loufoque et magnifique où le trivial côtoie le sublime. Nos fêtards se laissent peu à peu envoûter par cette surenchère de discours qui rivalisent de séduction, de manipulation. Exception faite de Socrate, charismatique et insoumis, qui dans sa quête de vérité, est prêt à tout pour démonter les discours qui se vident de leur sens.
C’est un concours d’éloquence dynamique et dynamité, une drôle de joute verbale dans laquelle chaque personnage a sa place et son caractère bien à lui. Profondeurs des échanges, infantilisme des règlements de compte, sobriété du jeu, coups d’éclat, danses loufoques et rocambolesques, les scènes se suivent et ne se ressemblent pas. Soumis respectivement aux points de vue de Phèdre, Pausanias, Eryximaque, Aristophane, Agathon, Socrate, Diotime, Alcibiade, les spectateurs sont à chaque fois pris à partie.
On réfléchit sans se prendre la tête. On perd la raison. On la retrouve. On retrouve surtout sa capacité à douter, à exercer son esprit critique, aptitude chère à Socrate et plus que jamais nécessaire en ces temps où la déraison, les passions tristes et les populismes politiques pourraient bien mettre en danger nos démocraties.
Pauline D’OLLONE

JEU Anne-Marie Loop, Philippe Grand’Henry, Jérémie Siska, Adrien Drumel, Achille Ridolfi, Pierange Buondelmonte COLLABORATION ARTISTIQUE & LUMIÈRES Guillaume Fromentin ASSISTANAT À LA MISE EN SCÈNE Sarah Messens COSTUMES Samuel Dronet ADAPTATION & MISE EN SCÈNE Pauline d’Ollone PRODUCTION Les étrangers

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