« Fuir, là-bas fuir », loin du rêve mallarméen dans les moments de lassitude et le gout de l’exotisme, la destinée de Bergeret serait-elle celle du voyage ?
Mais il ne suffit pas de fuir à notre époque pour échapper à la décadence du monde et aux effets de la globalisation, il n’est nulle refuge pour les retrouvailles avec autrui dans l’insularité des êtres.
Pour échapper à ce monde d’isolement, il est un acte sacré qu’on nomme écriture.
Entre ces deux affirmations, il existe une voie nouvelle de coproduction contre les menaces qui entament les êtres et les cultures sur n’importe quel point de la planète. Les poèmes se mettent en route pour transmettre quelque chose. C’est en explorant les œuvres majeures d’Yves Bergeret que j’ai cherché à parcourir un itinéraire, pas forcément dans leur chronologie, mais dans une écoute de sa poésie qui va vers l’Autre. Sans chercher à débusquer cet Autre, de toute évidence, protéiforme, mais saisir dans l’écriture irrégulière des signes, ce que l’énigme du vent, de la nuit, des iles, de la montagne parle à chaque être et l’irrigue de surnaturel. La poésie d’Yves Bergeret va vers ce travail de sagesse de la Conférence des oiseaux[2] : « Quand même les deux mondes seraient tout à coup anéantis, il ne faudrait pas nier l’existence d’un seul grain de sable de la terre. S’il ne restait aucune trace, ni d’hommes, ni de génies, fais attention au secret de la goutte de pluie »
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