Pierre Moreau, toute une vie de photographe, réussit à manipuler les images tout en conservant une étonnante fraîcheur du regard.
On dirait parfois des visuels de Magritte, comme lorsqu’il pose d’énigmatiques nus au pied des arbres sous un ciel lourd. Ou de Warhol, un Warhol qui change la gamme de couleurs d’un mur tagué. Ou encore d’un metteur en scène d’opéra, quand il saisit une foule de marcheurs piquetant la dune géante du Pyla. Pierre Moreau, à l’âge de la retraite, va montrer qu’il n’a rien perdu du sens de l’image qui en avait fait un des grands photographes de publicité en Belgique. Mode, campagnes internationales primées plusieurs fois d’un Creative Club Award, il a aussi réalisé plus de vingt mille photos exceptionnelles sur l’œuvre de son ami le sculpteur Olivier Strebelle. Et sans doute autant de portraits de personnalités internationales, réalisés quand il était le photographe attitré de la Commission Européenne, dans les grandes années des “sommets” où on arrêtait les pendules pour pouvoir faire avancer l’Europe. Parmi ces portraits-là, il y en a quelques très beaux du Prince Albert, de la Princesse Paola et de leurs enfants.
Au CCU, c’est son évolution récente que Pierre Moreau fera partager, en une véritable explosion de couleurs qui réussissent à magnifier, en le détournant, le tag qui enlaidit trop souvent des murs qui se passeraient bien d’être barbouillés par des egos superposés. Mais ses photos d’arbres, de mer et de plage, véritables tableaux, rappellent que l’art du photographe, ce n’est pas seulement le travail sur l’image, mais avant tout un oeil et un don pour apprivoiser la lumière. S.P.
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