Michel Beine photographie des paysages habités de souvenirs et de vie, il photographie un ailleurs mais qui semble d'ici et un ici qui ressemble à ailleurs, oscillant sans cesse entre rêve et réalité. Un univers paradoxal à découvrir à la Châtaigneraie et dans les rues de Flémalle, Engis et Seraing…
Apparemment, il n’y a personne, pas âme qui vive. Bâtiments abandonnés, stations-services désaffectées, carcasses de Chevrolet noircies par le soleil, vastes solitudes ou petits bouts de paysages désolés, voilà tout. Apparemment, les photographies de Michel Beine célèbrent l’absence et la déshérence, dans le plus pur style documentaire, entendez dans la plus grande objectivité et loin de toute nostalgie, sans a priori affectif. Apparemment… Mais que l’on y regarde de plus près, ou peut-être même de plus loin, et des détails surgissent du néant, comme des germes de sens qui éclosent aux premiers rayons de nos regards. Et l’humanité réapparaît, celle de ceux qui vivent bel et bien dans ces endroits photographiés, mais aussi la nôtre, et nous voici emportés. De spectateur impassible nous devenons voyageurs, découvreurs de mondes.
Les photographies présentées au Centre wallon d’Art contemporain sont issues de ses pérégrinations. Au Maroc d’abord, où le photographe liégeois a multiplié les séjours, se plaisant à poser sur la pellicule les traits de villes imaginaires, quelque part entre néant, rêve et réalité… Aux Etats-Unis ensuite, que Michel Beine a traversés en véritable errant, se laissant guider par le hasard, plantant son appareil là où ses voitures de location le menaient. Freeways, motels, drugstores et autres lieux emblématiques tissent ainsi la toile d’un récit instinctif, sorte de road-movie accidentel et amoureux à la poursuite d’une Amérique intemporelle.
En parallèle à l’exposition intra muros à la Châtaigneraie, sept espaces de 4 mètres sur 3 répartis dans les rues des communes de Flémalle, Engis et Seraing sont mis à la disposition du photographe. A charge pour lui d’errer dans la région et d’en ramener sept photographies propres à nous déconcerter, nous perdre, nous faire voyager dans nos propres paysages… Une belle occasion de comprendre combien la photographie, peut être un reflet du réel, autant qu'un vecteur d'imaginaire.
« Montrer l'ombre pour représenter les choses et les êtres, capter un détail pour renvoyer au tout, l'absence et le vide pour nous faire ressentir l'existence qu'on ne voit pas. Michel Beine ne dévoile pas largement et à distance la réalité, au contraire, il épure au maximum pour nous faire pénétrer dans des lieux à travers de multiples fragments qui sont autant de pièces d'un puzzle qui construisent une expérience de voyage (…) . Ses images sont davantage des évocations que de simples illustrations, elles nous cachent plus que ce qu'elles nous montrent laissant à notre imagination la liberté de construire nos propres pérégrinations et y découvrir des histoires vécues ou dont on a peut-être rêvé. » - Marc Vausort, Directeur du Musée de la Photographie à Charleroi
En pratique Du 1er juin au 7 juillet 2013 – Vernissage le 31 mai à 19h00 Centre wallon d’Art contemporain « La Châtaigneraie » Ouvert du mercredi au dimanche de 14h à 18h, le mardi de 14h à 17h, ou sur rdv - Fermé les lundis, jeudis et jours fériés - Entrée libre |
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