«Les coupables innocents restent nombreux. Depuis les rebords de fenêtres fleuris, ils regardent le public, aimables, riches de souvenirs de guerre, font des signes de la main ou revêtent des fonctions importantes. Derrière les géraniums. Il serait temps que tout soit pardonné, oublié, afin de pouvoir recommencer à zéro». E.J.Dans ce roman qui date de 1980 et qu’elle écrit comme un polar, Elfriede Jelinek s’inspire d’un fait divers qui secoua l’Autriche en 1965. Quatre adolescents attaquent et dévalisent des passants. L’un d’entre eux tue sa famille. Jelinek resitue le fait en 59. «C’est, dit-elle, que jusqu’à cette date il n’existait pas de culture vraiment adaptée aux jeunes. Rien ne s’adressait spécifiquement à eux ; dans le monde politique, les partis établis œuvraient tous à la reconstitution du pays et dans le monde du spectacle, on s’intéressait tout autant à la patrie (le premier concert public des Beatles a lieu en 1960). C’est donc un tournant, le début d’une ère nouvelle».(...)L’adaptation théâtrale puise sa force dans la restitution de ce langage multiple. Elle étaye l’interrogation du livre, le «comment en arrive-t-on là ?», sans présumer de qui est coupable ou qui est innocent. Tout ce qui est dit ne cherche pas à expliquer, mais à donner les structures qui font que «ça ne pouvait se passer que comme ça» en se gardant bien de faire l’apologie de la violence et de tout jugement moral.
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