Alexandrie, la ville qui abrita le Museion, la Bibliothèque et le célèbre Phare, est confrontée depuis sa création à un enjeu crucial : l’approvisionnement en eau douce.
Avec la fondation d’Alexandrie en 331, Alexandre le Grand ouvre la terre des pharaons sur le monde grec. La cité est installée sur des assises rocheuses solides lui permettant de résister à l’inexorable enfoncement dont sont victimes les autres cités côtières installées sur les terres meubles du Delta. Si dans un premier temps, les puits creusés dans la roche suffisent à alimenter la ville en eau douce et que le Lac Mariout, jouxtant la ville, offre un espace navigable permettant de rejoindre le Nil, cet éloignement du fleuve s’avère rapidement être un problème majeur d’ordre politique, commercial et hydrique. Ptolémée 1er ordonne donc la création d’un canal reliant le Nil à la ville. Celui-ci, en reliant la cité au dieu-fleuve, affirme la nature égyptienne de la cité, améliore la fluidité du trafic commercial et approvisionne la ville en eau douce. L’eau passe alors dans des puits et des canalisations souterraines creusées dans le grès dunaire qui agissent comme un filtre. Ces Hyponomes, à l’architecture et à l’ingéniosité incroyables, sont la preuve de la grande connaissance des ingénieurs grecs du paysage hydrologique de la côte et de son sous-sol.
Après le terrible tsunami du 21 juillet 365, Alexandrie entra dans une période de troubles hydriques qui dura jusqu’au début de l'époque byzantine. On y remédia par la construction des premières grandes citernes publiques, véritables cathédrales souterraines. Avec la conquête arabe, Alexandrie entra dans l'ère des grandes citernes à étages. Jusqu'à l'entrée du 20e siècle, Alexandrie s'abreuva aux citernes ; c'est ainsi que la ville du dessous devint presque aussi vaste que celle du dessus.
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