La poétesse Emile Flore Faignond ; l'auteur(e) de ce récit foisonnant qu'il me plaît de présenter au lecteur, se contente d'une formule lapidaire -un seul mot- en guise de titre. Et pourtant dès le seuil franchi, l'on se sent comme happé. Tant il est vrai que le vocable " Miji " interpelle aussi bien par sa sonorité que par sa charge connotative.
Il est susceptible de réveiller bien de résonances enfouies au plus profond du lecteur pour peu qu'il ait une connaissance de langues congolaises.
L'intitulé - " Miji " que je traduis par " racines " - sans nul doute est programmatique.
Il évoque l'enracinement et laisse entrevoir en filigrane le déracinement.
Je le comprends pour ma part à plusieurs niveaux ; je lui prête de ce fait plusieurs significations. Il s'agit de prendre racine dans et par la parole, et plus spécifiquement par l'écriture.
Cette écriture est sous-tendue par la volonté d'échapper à l'éphémère. Méandres de la vie et de l'écriture ne font plus qu'un. Tout au moins, c'est le but à atteindre.
" Miji " (au singulier " Muji ") mot emprunté à la langue luba, celle de la grand-mère maternelle de l'auteur(e), renvoie à la sphère de langues congolaises, dans une filiation linguistique et culturelle qu'il convient de souligner, pour une meilleure compréhension du propos de la poétesse Emilie Flore Flore Faignond.
C'est à une quête que le texte donne le branle : elle en est le point de départ et le but ultime.
Toutefois " Miji " résonne comme l'aveu d'un manque. D'une perte de repères et d'une dilution redoutée de pans entiers de la mémoire. Le livre tout entier est comme une invitation à combler ce manque afin que l'équilibre advienne et que chacun puisse baliser son chemin vers ses racines.
Ce sera une investigation dans le passé mais sans passéisme. Une investigation davantage qu'une mythification.
Déjà dans son recueil poétique " Méandres " et dans son précédent récit autobiographique " Afin que tu te souviennes ", notre auteur avait abordé avec brio la question des mémoires multiples qui s'entrechoquent, du panachage de cultures, qu'elle a reçues en héritage.
Son je éminemment subjectif lui permet de défricher des terreaux de souvenirs sur lesquels pèse le silence des tabous, de fouiller dans les recoins les plus intimes de sa vie de femme.
Si elle tire son inspiration du terreau biographique, Emilie Flore Faignond y apporte une dimension supplémentaire : la poésie.
Et bien davantage !
Cependant, elle s'adonne à une description très précise du contexte historique, culturelle et sociologique où elle a tracé sa trajectoire de vie avec ses étapes successives, ses figures marquantes, ses drames et ses espoirs.
C'est ainsi que son je personnel transcende sans cesse l'univers individuel pour témoigner de heurs et malheurs de l'Afrique centrale, qu'elle aborde à l'aune de son expérience, comme un tout. Mais quel tout ?
Un puzzle dont la restitution s'avère quasi impossible mais à laquelle, elle se consacre à la manière de Pénélope.
Elle revient dans ses moindres détails sur sa vie de jeune femme mariée, laquelle a pour cadre le Zaïre de Mobutu. Elle en décline les joies comme les aménités en faisant montre d'une mémoire fabuleuse, en explore les coulisses, en décrit des aspects inattendus, en dévoile les mœurs, enfilant des anecdotes pimentées sans passer sous silence les côtés moins reluisants d'un homme hissé au rang de mythe. Le colonel Mobutu s'attira tout d'abord la sympathie de son peuple désireux de liquider les symboles coloniaux, avant de se muer en repoussoir, aux yeux de son peuple qui l'avait naguère idolâtré.
Les ressources de l'humour donnent à ce retour sur le passé une saveur et une valeur cathartique qui ne sont pas à minorer.
Et du reste certains épisodes, saisis sur le vif par notre auteur de la folie mobutienne ne confortent-ils pas l'adage qui veut que la réalité, à bien d'égards, dépasse la fiction ?
MIJI de Emilie Flore Faignond
La poétesse Emile Flore Faignond ; l'auteur(e) de ce récit foisonnant qu'il me plaît de présenter au lecteur, se contente d'une formule lapidaire -un seul mot- en guise de titre. Et pourtant dès le seuil franchi, l'on se sent comme happé. Tant il est vrai que le vocable " Miji " interpelle aussi bien par sa sonorité que par sa charge connotative.
Il est susceptible de réveiller bien de résonances enfouies au plus profond du lecteur pour peu qu'il ait une connaissance de langues congolaises.
L'intitulé - " Miji " que je traduis par " racines " - sans nul doute est programmatique.
Il évoque l'enracinement et laisse entrevoir en filigrane le déracinement.
Je le comprends pour ma part à plusieurs niveaux ; je lui prête de ce fait plusieurs significations. Il s'agit de prendre racine dans et par la parole, et plus spécifiquement par l'écriture.
Cette écriture est sous-tendue par la volonté d'échapper à l'éphémère. Méandres de la vie et de l'écriture ne font plus qu'un. Tout au moins, c'est le but à atteindre.
" Miji " (au singulier " Muji ") mot emprunté à la langue luba, celle de la grand-mère maternelle de l'auteur(e), renvoie à la sphère de langues congolaises, dans une filiation linguistique et culturelle qu'il convient de souligner, pour une meilleure compréhension du propos de la poétesse Emilie Flore Flore Faignond.
C'est à une quête que le texte donne le branle : elle en est le point de départ et le but ultime.
Toutefois " Miji " résonne comme l'aveu d'un manque. D'une perte de repères et d'une dilution redoutée de pans entiers de la mémoire. Le livre tout entier est comme une invitation à combler ce manque afin que l'équilibre advienne et que chacun puisse baliser son chemin vers ses racines.
Ce sera une investigation dans le passé mais sans passéisme. Une investigation davantage qu'une mythification.
Déjà dans son recueil poétique " Méandres " et dans son précédent récit autobiographique " Afin que tu te souviennes ", notre auteur avait abordé avec brio la question des mémoires multiples qui s'entrechoquent, du panachage de cultures, qu'elle a reçues en héritage.
Son je éminemment subjectif lui permet de défricher des terreaux de souvenirs sur lesquels pèse le silence des tabous, de fouiller dans les recoins les plus intimes de sa vie de femme.
Si elle tire son inspiration du terreau biographique, Emilie Flore Faignond y apporte une dimension supplémentaire : la poésie.
Et bien davantage !
Cependant, elle s'adonne à une description très précise du contexte historique, culturelle et sociologique où elle a tracé sa trajectoire de vie avec ses étapes successives, ses figures marquantes, ses drames et ses espoirs.
C'est ainsi que son je personnel transcende sans cesse l'univers individuel pour témoigner de heurs et malheurs de l'Afrique centrale, qu'elle aborde à l'aune de son expérience, comme un tout. Mais quel tout ?
Un puzzle dont la restitution s'avère quasi impossible mais à laquelle, elle se consacre à la manière de Pénélope.
Elle revient dans ses moindres détails sur sa vie de jeune femme mariée, laquelle a pour cadre le Zaïre de Mobutu. Elle en décline les joies comme les aménités en faisant montre d'une mémoire fabuleuse, en explore les coulisses, en décrit des aspects inattendus, en dévoile les mœurs, enfilant des anecdotes pimentées sans passer sous silence les côtés moins reluisants d'un homme hissé au rang de mythe. Le colonel Mobutu s'attira tout d'abord la sympathie de son peuple désireux de liquider les symboles coloniaux, avant de se muer en repoussoir, aux yeux de son peuple qui l'avait naguère idolâtré.
Les ressources de l'humour donnent à ce retour sur le passé une saveur et une valeur cathartique qui ne sont pas à minorer.
Et du reste certains épisodes, saisis sur le vif par notre auteur de la folie mobutienne ne confortent-ils pas l'adage qui veut que la réalité, à bien d'égards, dépasse la fiction ?
Commentaires
Jeanne-Marie
Amitiés
Jeanne-Marie
La poétesse Emile Flore Faignond ; l'auteur(e) de ce récit foisonnant qu'il me plaît de présenter au lecteur, se contente d'une formule lapidaire -un seul mot- en guise de titre. Et pourtant dès le seuil franchi, l'on se sent comme happé. Tant il est vrai que le vocable " Miji " interpelle aussi bien par sa sonorité que par sa charge connotative.
Il est susceptible de réveiller bien de résonances enfouies au plus profond du lecteur pour peu qu'il ait une connaissance de langues congolaises.
L'intitulé - " Miji " que je traduis par " racines " - sans nul doute est programmatique.
Il évoque l'enracinement et laisse entrevoir en filigrane le déracinement.
Je le comprends pour ma part à plusieurs niveaux ; je lui prête de ce fait plusieurs significations. Il s'agit de prendre racine dans et par la parole, et plus spécifiquement par l'écriture.
Cette écriture est sous-tendue par la volonté d'échapper à l'éphémère. Méandres de la vie et de l'écriture ne font plus qu'un. Tout au moins, c'est le but à atteindre.
" Miji " (au singulier " Muji ") mot emprunté à la langue luba, celle de la grand-mère maternelle de l'auteur(e), renvoie à la sphère de langues congolaises, dans une filiation linguistique et culturelle qu'il convient de souligner, pour une meilleure compréhension du propos de la poétesse Emilie Flore Flore Faignond.
C'est à une quête que le texte donne le branle : elle en est le point de départ et le but ultime.
Toutefois " Miji " résonne comme l'aveu d'un manque. D'une perte de repères et d'une dilution redoutée de pans entiers de la mémoire. Le livre tout entier est comme une invitation à combler ce manque afin que l'équilibre advienne et que chacun puisse baliser son chemin vers ses racines.
Ce sera une investigation dans le passé mais sans passéisme. Une investigation davantage qu'une mythification.
Déjà dans son recueil poétique " Méandres " et dans son précédent récit autobiographique " Afin que tu te souviennes ", notre auteur avait abordé avec brio la question des mémoires multiples qui s'entrechoquent, du panachage de cultures, qu'elle a reçues en héritage.
Son je éminemment subjectif lui permet de défricher des terreaux de souvenirs sur lesquels pèse le silence des tabous, de fouiller dans les recoins les plus intimes de sa vie de femme.
Si elle tire son inspiration du terreau biographique, Emilie Flore Faignond y apporte une dimension supplémentaire : la poésie.
Et bien davantage !
Cependant, elle s'adonne à une description très précise du contexte historique, culturelle et sociologique où elle a tracé sa trajectoire de vie avec ses étapes successives, ses figures marquantes, ses drames et ses espoirs.
C'est ainsi que son je personnel transcende sans cesse l'univers individuel pour témoigner de heurs et malheurs de l'Afrique centrale, qu'elle aborde à l'aune de son expérience, comme un tout. Mais quel tout ?
Un puzzle dont la restitution s'avère quasi impossible mais à laquelle, elle se consacre à la manière de Pénélope.
Elle revient dans ses moindres détails sur sa vie de jeune femme mariée, laquelle a pour cadre le Zaïre de Mobutu. Elle en décline les joies comme les aménités en faisant montre d'une mémoire fabuleuse, en explore les coulisses, en décrit des aspects inattendus, en dévoile les mœurs, enfilant des anecdotes pimentées sans passer sous silence les côtés moins reluisants d'un homme hissé au rang de mythe. Le colonel Mobutu s'attira tout d'abord la sympathie de son peuple désireux de liquider les symboles coloniaux, avant de se muer en repoussoir, aux yeux de son peuple qui l'avait naguère idolâtré.
Les ressources de l'humour donnent à ce retour sur le passé une saveur et une valeur cathartique qui ne sont pas à minorer.
Et du reste certains épisodes, saisis sur le vif par notre auteur de la folie mobutienne ne confortent-ils pas l'adage qui veut que la réalité, à bien d'égards, dépasse la fiction ?
Toute
La poétesse Emile Flore Faignond ; l'auteur(e) de ce récit foisonnant qu'il me plaît de présenter au lecteur, se contente d'une formule lapidaire -un seul mot- en guise de titre. Et pourtant dès le seuil franchi, l'on se sent comme happé. Tant il est vrai que le vocable " Miji " interpelle aussi bien par sa sonorité que par sa charge connotative.
Il est susceptible de réveiller bien de résonances enfouies au plus profond du lecteur pour peu qu'il ait une connaissance de langues congolaises.
L'intitulé - " Miji " que je traduis par " racines " - sans nul doute est programmatique.
Il évoque l'enracinement et laisse entrevoir en filigrane le déracinement.
Je le comprends pour ma part à plusieurs niveaux ; je lui prête de ce fait plusieurs significations. Il s'agit de prendre racine dans et par la parole, et plus spécifiquement par l'écriture.
Cette écriture est sous-tendue par la volonté d'échapper à l'éphémère. Méandres de la vie et de l'écriture ne font plus qu'un. Tout au moins, c'est le but à atteindre.
" Miji " (au singulier " Muji ") mot emprunté à la langue luba, celle de la grand-mère maternelle de l'auteur(e), renvoie à la sphère de langues congolaises, dans une filiation linguistique et culturelle qu'il convient de souligner, pour une meilleure compréhension du propos de la poétesse Emilie Flore Flore Faignond.
C'est à une quête que le texte donne le branle : elle en est le point de départ et le but ultime.
Toutefois " Miji " résonne comme l'aveu d'un manque. D'une perte de repères et d'une dilution redoutée de pans entiers de la mémoire. Le livre tout entier est comme une invitation à combler ce manque afin que l'équilibre advienne et que chacun puisse baliser son chemin vers ses racines.
Ce sera une investigation dans le passé mais sans passéisme. Une investigation davantage qu'une mythification.
Déjà dans son recueil poétique " Méandres " et dans son précédent récit autobiographique " Afin que tu te souviennes ", notre auteur avait abordé avec brio la question des mémoires multiples qui s'entrechoquent, du panachage de cultures, qu'elle a reçues en héritage.
Son je éminemment subjectif lui permet de défricher des terreaux de souvenirs sur lesquels pèse le silence des tabous, de fouiller dans les recoins les plus intimes de sa vie de femme.
Si elle tire son inspiration du terreau biographique, Emilie Flore Faignond y apporte une dimension supplémentaire : la poésie.
Et bien davantage !
Cependant, elle s'adonne à une description très précise du contexte historique, culturelle et sociologique où elle a tracé sa trajectoire de vie avec ses étapes successives, ses figures marquantes, ses drames et ses espoirs.
C'est ainsi que son je personnel transcende sans cesse l'univers individuel pour témoigner de heurs et malheurs de l'Afrique centrale, qu'elle aborde à l'aune de son expérience, comme un tout. Mais quel tout ?
Un puzzle dont la restitution s'avère quasi impossible mais à laquelle, elle se consacre à la manière de Pénélope.
Elle revient dans ses moindres détails sur sa vie de jeune femme mariée, laquelle a pour cadre le Zaïre de Mobutu. Elle en décline les joies comme les aménités en faisant montre d'une mémoire fabuleuse, en explore les coulisses, en décrit des aspects inattendus, en dévoile les mœurs, enfilant des anecdotes pimentées sans passer sous silence les côtés moins reluisants d'un homme hissé au rang de mythe. Le colonel Mobutu s'attira tout d'abord la sympathie de son peuple désireux de liquider les symboles coloniaux, avant de se muer en repoussoir, aux yeux de son peuple qui l'avait naguère idolâtré.
Les ressources de l'humour donnent à ce retour sur le passé une saveur et une valeur cathartique qui ne sont pas à minorer.
Et du reste certains épisodes, saisis sur le vif par notre auteur de la folie mobutienne ne confortent-ils pas l'adage qui veut que la réalité, à bien d'égards, dépasse la fiction ?
Toutefo