…..Chaque soir, après le dîner, tout le monde allait se coucher sauf Hassna et Youssef qui continuèrent à rester fidèles à leur rendez-vous sous le fameux pommier de leur première rencontre. Cet endroit était le théâtre ou l’une des merveilleuses scènes d’un destin qui a choisit s’y défiler seconde par seconde en diffusant une vague de tendresse et d’amour qui imbibait finement leurs âmes avides jusqu'à rasséréner leur soif d’amour. Durant cette campagne médicale, leur relation s’épanouissait et Hassna fleurissait comme une tulipe noire dans un jardin secret que seul Youssef savait l’itinéraire et le code d’accès. Jour après jour, ils savourèrent les belles soirées amoureuses. Un lien très fort et profond s’échenillait, ainsi devinrent-ils très attachés l’un à l’autre au fil du temps. Leurs châteaux romanesques prenaient forme et ils savouraient leurs projets sardanapalesques comme des enfants qui scrutaient leur sucette préférée. Durant leurs moments de transe romanesque, ils s’embrassaient longuement, corps à corps, ardant l’instant en un silence humble et complaisant. Les lèvres charnues de Hassna, son haleine fraîche, son parfum italien à fragrance de la sandale et d’herbes orientales, ses soupirs à souffles coupés et ses gémissements sensuels avec un marmottement de palabres indéfinies lors des apogées de plaisir submergeant leurs corps… leur nudité naturellement contrastée ne fut emmitouflé que par un silence nocturne attisant d’avantage leurs corps exaltés et leur âmes enchantés…. Sous un pommier donnant sur une vallée, un lointain babillage du ruissellement accompagnait leur transe où leurs corps fondaient comme une cire transparente sur les chandelles de leur temple, et leurs âmes flottaient par dessus leurs corps comme un halo qui couronnait des vénérables apôtres, gardiens du temple sacré. La nuit s’écoulait comme la vallée voisine…arrosant les bourgeons naissants dans leur jardin secret…. Et loin dans ce cosmos infini, qui avait gardé longuement le secret de son existence et de la vie…d’innombrables étoiles et astres qui naquirent il ya des milliards d’année lumières… étaient témoins silencieux de leur histoire, leurs moments sensuels, de désir et d’amour partagés qui les vampaient en attendant avec une impatiente inouï les hirondelles du prochain printemps….Une nuit juste avant qu’ils se précipitèrent de partir, alors que Hassna s’allongeait sur terre mettant sa tête sur une cuisse de Youssef qui lui caressa la chevelure, une pomme tomba entre les jambes de Hassna. Elle était rouge et mûre.- N’est-elle pas la pomme du pêché humain qui tombait d’un certain paradis !- Peut-être, mais tu insinue quoi exactement ?- Rien du tout, juste une réflexion. Je pense qu’il est temps de retourner continuât elle d’un air songeant- Mais comment cette réflexion est-t-elle parvenue ?, je sais maintenant qu’entre tes mots chiffrés réside parfois une histoire… sauf si je me trompe,- Dis moi Youssef, pense tu qu’on aboutira un jour… ?Il l’interrompit, il devina à quoi elle pensait- Certes ma belle, mais pas de fleurs sans épines, il faut juste y croire et le reste viendra par la suite.Hassna, baissa la tête et gribouillât des ronds avec un brin de bois mort sur le sol humide, elle susurra d’un ton abject- Je pense qu’il ne suffit pas d’y croire pour y arriver. Entre les deux il ya un parcours Sisyphien. Il est dur d’être condamné, dans ce monde ignominieux, à faire rouler éternellement jusqu'au toit du monde ce bloc excommunié d’un racisme non déclaré dans une société hypocrite avant qu’il ne te retombe, à chaque fois sur la tête. On a l’impression qu’on tourne dans un cercle vicieux…. vraiment harcelant...Tu sais Youssef, je vais t’avouer une chose, c’est un péché au regard de notre société hypocrite, mais pour moi il ne l’est pas quand on aime.- …Il ya bien quatre ans, je fus encore étudiante à la Faculté et amoureuse d’un ami que je qu’il prétendit me partager le même sentiment. Ensemble on avait passé de bons moments on avait partagé nos rêves âmes et corps. Un an plus tard, ça fût un désastre terrible. Imagine, qu’un petit détail physique, consommable en quelques secondes, fait émerger la partie profonde de tout un iceberg de schizophrénie culturelle et d’égocentrisme. Et toutes les bla-bla de modernité de libéralisme et progressisme ne furent qu’un amalgame indigeste qu’on vomit au premier virage d’une relation humaine. Néanmoins, je reste cohérente, et rien n’ébranlera mes valeurs d’une femme libre et responsable. D’ailleurs, je suis bien consciente qu’un vrai amour est plus noble qu’un simple détail physique, peu importe sa fonction biologique, et quoi qu’il en soit je ne regrette rien. Je suis fière que mon père m’ait ainsi éduqué. Il m’a toujours dis quand je quittais ma tribut en direction de Oujda : « Hassna, sois humble, et ai la certitude que tu es une femme libre et responsable, j’ai confiance en toi. Que Dieu te bénisse ma chère fille. ». J’ai toujours inspiré mes valeurs des siens, et j’en suis fière.Youssef, suivait Hassna avec beaucoup d’attention. Elle était une femme épanouie et sur d’elle-même. Sa personnalité l’exaltait, et son amour pour elle ne cessait de croître…. Ils croisèrent leurs doigts et se mirent debout pour revenir au tribut. Il était tard, et les aiguilles de montre avaient déjà consommées quelques minutes après trois heures du matin… Sur leur sentier ils s’arrêtèrent et s’embrasèrent longuement…. ils avaient un soif d’amour inextinguible et ardent….Arrivant à la fameuse fontaine, ils se séparèrent et Hassna continuait son chemin seule alors que Youssef contemplât l’éclat des étoiles sur la surface de l’eau de bassinet de la source effleuré par la brise pré-aurorale douce déclenchant de douces ondes scintillantes qui l’emportait dans un voyage chimérique loin dans ce cosmos constellé et infini…. De loin Hassna, retournait de temps en temps pour jeter un regard sur son amour en le saluant avant de disparaître pas à pas dans un noir dru qui l’engloutissait en silence. Sur le bord de la source, Youssef ne la quittait pas des yeux avant d’entamer lui-même ses premiers pas mollasses en retour vers le tribut.
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