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Publications de Livyns Frédéric (1)

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Paul se laissa tomber dans le divan. Il était épuisé mais heureux. Il venait enfin de terminer son déménagement. Depuis deux jours, il avait vidé son ancien domicile pour transvaser toutes ses affaires dans la maison qu’il venait de loeur pour une période de trois ans. Il était satisfait de son nouveau chez lui. C’était une maison de rangée toute simple mais très lumineuse, ce qui le changeait radicalement du studio dans lequel il avait vécu pendant six ans. En plus, le loyer était vraiment donné pour une maison aussi spacieuse. Lorsqu’il demanda au propriétaire comment il se faisait que le loyer soit aussi peu élevé, ce dernier lui répondit que c’était en raison d’un drame. Le locataire précédent s’était suicidé quelques mois auparavant. Le propriétaire avait alors complètement rénové et rafraichit la maison avant de la remettre en location. Peut-être croyait-il de la sorte effacé la mauvaise réputation qu’alllait avoir son bien ? De toute façon, Paul s’en moquait éperdumment. Il n’était pas superstitieux. Il regarda autour de lui. Cela lui faisait drôle de voir le salon dégagé de toutes les caisses. Il n’aurait jamais cru avoir amassé autant d’affaires en six ans. Il y avait des centaines de livres et de revues, plus de trois cent compact disques, quelques vieux vinyles, deux consoles de jeux avec les accessoires qui se greffent autour,… Bref, il avait porté en tout et pour tout plus de cinquantes caisses contenant des objets allant de l’indispensable ustensile de cuisine au simple accessoire de décoration.

Il regarda l’heure. Il s’aperçut avec surprise qu’il était à peine sept heures du soir. Il décida de mettre un film histoire d’avoir un semblant de soirée avant d’aller se coucher. Il devait en effet se lever tôt le lendemain pour se rendre à l’enterrement du père de l’un de ses meilleurs amis. Il regardait le film sans vraiment le voir et, lorsque le générique de fin apparut sur l’écran, il aurait été totalement incapable de dire avec précision quelle avait été la chute de l’histoire tant son esprit était fatigué. Il éteignit les lumières et monta à l’étage pour se coucher. A peine allongé dans son lit, il sombra dans un profond sommeil.

Paul sursauta. Son réveil indiquait 23h58. Il avait fait un cauchemar dont il ne se souvenait pas. La seule chose qui lui restait de son rêve était de s’être réveillé avec beaucoup de mal à respirer. C’est cette sensation d’étouffement qui l’avait réveillé. Son cœur battait à toute allure. Il se remit sur le dos et se forca à respirer de manière profonde et régulière. A travers les rideaux tirés, une lumière faible provenant du réverbère placé dans la rue illuminait chichement la chambre. Paul referma les yeux. Alors qu’il allait sombrer à nouveau, un bruit le rappela à la réalité. Il ouvrit grand les yeux mais ne vit rien. Le silence était redevenu uniforme. Il resta attentif encore de longues secondes avant d’essayer de trouver à nouveau sa position idéale pour se réendormir. C’est alors que le bruit se reproduisit. On aurait dit le raclement de quelque chose que l’on traînait sur le sol. Cela provenait d’en bas. Le bruit ressemblait à celui que fait une chaise lorsqu’on la tire de table sans prendre la peine de la soulever.

Il hésita brièvement avant de se décider à se lever. Il chaussa ses pantoufles et descendit silencieusement les marches menant au rez-de-chaussée. Paul savait très bien que les vieilles maisons produisent toujours des bruits auxquels il faut un certain temps pour s’habituer mais il était à présent quasiment certain que ce n’était ni un craquement du bois ni quelque chose d’approchant. Il pensa immédiatement à un cambrioleur. Paul n’était pas un peureux mais il n’avait jamais eu à faire face à ce genre de situation. Il ne savait pas comment il devait réagir mais il n’allait pas se laisser dépouiller sans réagir.

Un silence de plomb l’accueillit lorsqu’il posa le pied sur le carrelage de la cuisine. N’entendant plus rien d’anormal, il alluma dans la pièce. Il n’y avait rien de spécial. Il alla illuminer les autres pièces également mais, là aussi, tout était normal. Rassuré, il éteignit partout et remonta. « J’ai dû m’endormir et rêver » se dit-il.

Il s’était à peine déchaussé que le bruit se reproduisit. Là, il n’y avait plus de doute possible : quelqu’un s’était introduit dans la maison ! Il descendit sans précaution, alluma et constata qu’il n’y avait rien. Il avait la sensation désagréable que des choses anormales se produisaient. La personne avait à nouveau dû se cacher en l’entendant descendre. Il fit le tour complet du rez-de-chaussée, regardant derrière chaque meuble et ouvrant toutes les portes ; celles de la salle de bain et du wc y compris. Il alla même inspecter la cave pour être certain que personne ne s’y dissimulait. Il dut se rendre à l’evidence après avoir fouillé les moindres recoins : il n’y avait personne dans la maison.

L’adrénaline avait fait disparaître toute fatigue de son organisme. Il devait quand même s’octroyer quelques heures de repos s’il ne voulait pas se présenter dans un état déplorable à l’enterrement. Il descendit sa couette et son oreiller et s’installa confortablement dans le divan. Bien emmitoufflé, il tendit le bras vers la table de salon et saisit la télécommande de la télévision. Il mit une chaine musicale. Cela l’aiderait certainement à s’endormir. Alors que les minutes passaient et que ses paupières se faisaient de plus en plus lourdes, le bruit eu à nouveau lieu. Il se redressa brusquement et vit que la chaise de la cuisine était au milieu de la pièce. La peur s’empara de Paul. Il pensa instantanément à un vieux film d’horreur qu’il avait vu alors qu’il n’était qu’adolescent : Poltergeist. Il ne savait pas s’ilo valait mieux se lever ou se cacher sous la couette comme le font les enfants apeurés par le noir. Il préféra se lever et tenter de comprendre ce qui se passait. Il s’approcha doucement de la chaise et, alors qu’il allait poser la main sur le dossier, il fut violemment repoussé en arrière. Il tituba et, alors qu’il allait recouvrer l’équilibre, une chose invisible le saisit à la gorge et le traina jusqu’au divan. Paul avait beau se débattre, rien ne faisait relâcher l’étreinte de la chose qui le mansait. Plaqué sur le dos, il était incapable de se relever. Sa vision commençait à se brouiller sous l’étranglement. La dernière chose qu’il vit fut la chaise basculer et le lustre se déboiter comme sous l’effet d’une violente traction.

 

Stéphane était surpris. Son ami Paul ne s’était pas présenté aux funéraillles alors qu’il avait promis d’être là. La déception initiale avait fait place à l’inquiétude au fur et à mesure que le temps passait. Du retard possible et excusable, on en était à l’absence pure, simple et inexpliquée. Stéphane décida de se rendre chez son ami. Il devait lui être arrivé quelque chose. Même malade, Paul aurait eu la politesse de le prévenir. Après tout, Paul n’habitait qu’à un petit quart d’heure de chez lui.

Stéphane arriva devant la porte et sonna. Personne ne lui répondit. Il réitéra et n’obtint pas plus de réponse. Pourtant, Paul était là étant donné que sa voiture se trouvait sur la rue. A moins qu’on ne soit venu le chercher ? Stéphane colla son visage à la vitre donnant sur le salon. Il vit que son ami était allongé sur le divan. Peut-être s’était-il endormi et que la sonnette d’entrée n’était pas assez puissante pour le réveiller ? Stéphane toqua à la vitre mais n’obtint aucune réaction. Peut-être que Paul avait fait un malaise ? Son premier réflexe fut de s’emparer de son gsm et d’appeler les secours. Il se rappela ensuite que le propriétaire habitait quelques maisons plus loin. Il courut jusque là et, ne voyant pas de sonnette, tambourrina à la porte. Un home robuste d’une quarantaine d’année vint lui ouvrir. Stéphane le mit rapidement au courant de ce qui se passait. Deux minutes plus tard, le propriétaire ouvrait la porte d’entrée avec le double qu’il avait gardé en accord avec son locataire pour les cas d’urgence.

Il trouvèrent Paul allongé dans le divan, les yeux écarquillés sous l’effet de la peur. Une marque profonde et violacée faisait le tour de son cou. La marque d’une corde…

 

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