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Publications de Jean-Michel BERNOS (1)

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Philosophie et utopie

 

En matière de philosophie, les grands penseurs ont imaginé tout au long de l’histoire humaine, une conception du monde, des règles de vie structurées ou non, et plus généralement, l’élaboration d’une société idéale. Certaines communautés ainsi évoquées ont été perçues comme des utopies – qu’elles en présentent les symptômes ou qu’elles s’affichent ostensiblement de cette manière. Les utopies ont généralement été perçues comme des expériences originales – principalement collectivistes (ensemble d'idéologies et de mouvements politiques, sociaux et religieux qui soutiennent que l'homme est un être coopératif de nature et non compétitif).

 

A l’image de toutes les oppositions, jour, nuit ; chaud, froid ; masculin, féminin ; l’homme porte en lui à la fois un désir socialement structuré de comportement et une envie de fantaisie et d’indépendance. Si bien que ces types d’attitudes coexistent depuis la nuit des temps.

Toutes les sociétés et les idéologies n’ont pu montrer leurs limites qu’à la faveur de cette ambivalence - qui ne peut subsister durablement dans un sens comme dans l’autre. Il semble que l’équilibre de la société se satisfait de ces deux attitudes, en gardant très artificiellement le pied sur une corde raide, dont on peut tomber à tout moment, ou qui peut se rompre accidentellement.

 

Les penseurs réinventent sans cesse de nouvelles cultures qui forgent leur histoire et s’imposent un jour ou l’autre comme l’un des courants possibles et déjà expérimentés, si bien que les combinaisons étant envisageables à l’infini, il est loisible de faire valoir sa propre idée comme ayant des fondements historiques incontestables.

Certains utopistes sont aujourd’hui cités dans les manuels. (La ville de Milet par Hyppodamos, Rabelais avec Thélème, Thomas Moore et Utopia, Les Adamites, Les Phalanstères de Fourier), Ils font partie intégrante de l’expérience humaine, et s’ils sont suffisamment anciens, ils sont en mesure de recevoir une certaine reconnaissance.

Ces expériences là ont pourtant connu leurs limites. Il semble que sont aujourd’hui rares, celles qui ont pu perdurer (Auroville de Sri Aurobindo et  Mira Alfassa près de Pondichéry en Inde, ou plus simplement les Hippies ou les Amish)

On pourrait presque leur rattacher l’histoire de communautés qui même en déclin, ont constitué d’une certaine façon, une organisation originale par rapport aux sociétés établies, comme par exemple, certaines congrégations de moines, toutes religions confondues.

 

Aujourd’hui, la Civilisation riche de ses nombreuses expériences réalise toujours ses imperfections et cherche à continuellement s’améliorer. Ses structures sont devenues si complexes, que les interactions de besoins, de pouvoirs, de nécessités et de privilèges lui interdisent virtuellement d’atteindre une harmonie et une félicité que les milliers d’années lui ayant permis de forger ses structures, auraient dû laisser entrevoir.

C’est ainsi ! Toutes les grandes civilisations ont un jour connu leur fin, et sur leur cendres ont surgi de nouveaux espoirs et des élans humanistes.

 

Ce qui sans doute manque à la société idéale pour exister, ce sont des notions par ailleurs si présentes dans les pierres angulaires de son organisation : la volonté de justice, le partage et le bon sens. Cependant dès qu’un homme a le loisir de penser, il ajoute à la pensée commune, cet ingrédient qui morcelle et diversifie la société.

Il apparaît que les expériences du monde n’ont pas encore atteint leurs limites, pour permettre à l’homme de s’appuyer suffisamment sur elles, afin de construire une civilisation parfaite.

Il faut donc toujours proposer, expérimenter, convaincre, construire, et avancer, en espérant qu’un jour nous serons en mesure d’être heureux.

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