J'aimerais vous parler d'une découverte, ou plutôt, d'une redécouverte, grâce au bel article de Véronique Bergen : "La littérature ou l'infini de la Baleine blanche ", article consacré au livre de Myriam Watthee-Delmotte : " Indemne . Où va Moby Dick ?" et paru dans "Le carnet et les instants", le 22mai 2025. "Au travers d'Ishmaël le témoin, écrit l'autrice, au travers de la voix de celui qui est l'indemne - et non l'innocent ou l'intact , souligne-t-elle, les dix-sept chapitres interrogent sur la place de la littérature dans nos existences, ses sortilèges, les puissances, les affects qu'elle nous lègue"
Je parlais de redécouverte...Moby Dick , comme d'autres "classiques" a fait partie des découvertes ,des lectures, dès mon enfance. Non pas grâce à une édition "Jeunesse",mais parce que le livre était là, dans la bibliothèque familiale et qu'il nous était raconté, le soir, avant de dormir....Contrairement au "Merveilleux voyage de Nils Olgersson à travers la Suède" , qui se trouvait à deux pas et qui me faisait rêver, je trouvais cette histoire sombre et dangereuse. Achab était un personnage de conte, entre l'Ogre et Barbe bleue et, la Baleine blanche, un monstre issu des profondeurs, comme le poulpe géant de "Vingt mille lieues sous les mers"...D'autant plus que les illustrations que nous appelions "images" étaient , paraît-il, réalisées à l'encre de Chine, la Chine du "Lotus bleu" et de " je- vais- vous-couper-la -tête", ce qui ajoutait au mystère, à l'inquiétude...
Comme dit si bien Herman Melville :" J'ai voyagé entre les océans et les bibliothèques".
Depuis les éditions complètes jusqu'aux éditions expurgées ou adaptées , depuis les déboires, les découvertes, les rencontres et les commentaires d'Ishmaël, en passant par les cartons poussiéreux de l'oubli ou de l'indifférence et les moments passés en servant de cale-meuble ou de piédestal, le livre d'Herman Melville traverse les époques, traverse la vie, nous fait part de ses réflexions et de ses états d'âme... Enfin, son havre de paix, inconnu et inattendu, hors de toutes cartes, se trouve être , à la fois,un endroit de rencontres, de dialogue et de repos.
Ishmaël doit sa survie en mer au cercueil de son ami, auquel il s'est accroché :" Les requins ,paisibles,glissaient à mes côtés et les aigles sauvages de la mer avaient le bec au fourreau...".Il est le seul témoin, il s'auto-investit d'une mission. Et, comme le dit si bien Véronique Bergen :" Tout témoin a besoin d'un témoin. Le mousse du Pequod a besoin du mousse d'un navire nommé littérature. Myriam Watthée-Delmotte est ce mousse dont Herman Melville n'a pas écrit la partition".
" Avez-vous terminé ? demanda doucement don Sebastian Oui senor Alors, dites-moi, je vous prie , si, en votre for intérieur, vous êtes bien convaincu que cette histoire est vraie pour l'essentiel. . Elle est si extraordinaire, la tenez-vous d'une source sûre, pardonnez-moi si j'ai l'air d'insister" .
- " La littérature ou l'infini de la Baleine blanche" - Véronique Bergen. "Le carnet et les instants", 22mai 2025.
-" INDEMNE Où va Moby Dick ?" - Myriam Watthee-Delmotte -Illustration de couverture Christophe Chabouté . - ACTES SUD 2025.
-"Moby Dick ou le cachalot " - Quatro GALLIMARD.
-" Moby Dick" - Herman Melville. GF Flammarion.
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