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                                      SOUS LE CHAPITEAU : LES COULEURS DU CIRQUE DE JOSE MANGANO

Du 05-11 au 28-11-21, l’ESPACE ART GALLERY (Rue de Laeken, 83, 1000 Bruxelles) a le plaisir de vous présenter l’œuvre de l’artiste italien, Monsieur JOSE MANGANO, intitulée : JE T’AIME, TU LE SAIS.

JOSE MANGANO se distingue, immanquablement, par son univers féerique, tout droit sorti d’un cirque imaginaire, avec ses saltimbanques jonglant avec les lois de l’espace. Lois privées de gravitation car ce qui caractérise la conception de ses personnages, faisant derechef la spécificité de son écriture picturale, ce sont ses silhouettes, filiformes, donnant le sentiment de flotter sur la surface de la toile, créant ainsi un agglomérat humain, en lévitation dans l’espace. Le sujet, ce sont, précisément, ces longues silhouettes allongées, remplissant l’entièreté de la toile, séparées entre elles par un espace pratiquement inexistant. A’ certains moment, le regard peut déraper sur un mirage à la Keith Haring mais la vision s’arrête aussi net. Nous sommes confrontés à un univers féerique où les personnages apparaissent d’instinct au regard, sans que celui-ci ne les recherche. Univers fabuleux qui trouve ses racines dans la Sicile natale de l’artiste.  A’ l’approche de l’œuvre, on le sentiment que celle-ci a été réalisée sur une feuille de papier millimétré, tellement les formes remplissant l’espace ne s’entrechoquent jamais. Chaque personnage illustrant cet univers comprimé est « enfermé » dans une « bulle » imperceptible. L’on se perd entre peinture et dessin, tellement la forme devient complexe dans son graphisme, ce qui influe sur le rendu spatial. Est-ce un dessin? Est-ce une peinture? Tout est question de graphisme composant avec la spatialité. Et l’artiste se répète tout au long de sa folie chaude et douce, jusqu’à vivre lui-même à l’intérieur de son propre univers.

JOSE MANGANO domine, au moins, deux écritures picturales. Celles-ci prennent leur base sur une ligne « flottante » s’étirant dans l’espace. En réalité, tout est étiré : figure humaine comme animaux, fantastiques ou non. Tout s’étire mais, par rapport à ce que nous précisions plus haut, rien ne s’entrecroise. Autant chaque personnage étire sa forme dans l’espace, autant il est autonome, à l’intérieur de sa forme : rien ne s’entrechoque. Et cette agglutination de formes allongées donne le sentiment que tout est relié à un fil conducteur invisible.

Cela est dû au fait que l’écart entre les formes n’est que de quelques millimètres. Ce qui accentue la dynamique amorcée par le foisonnement des personnages, déployés dans l’espace. Mais cela exprime aussi la manifestation d’un respect inconditionnel envers l’Autre, de la part de l’artiste, en ce sens qu’à aucun moment, nul personnage n’envahit l’espace autrui. Notons, néanmoins, qu’il existe une disposition structurée des personnages : la figure humaine est conçue de face. Le bestiaire, réel ou fantastique est pensé de profil. Le visage humain se présente isolé et souvent de profil.

      (50 x 50 cm-acrylique) (sans titre)

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  • Techniquement, le mode pratiqué par l’artiste a d’abord consisté à peindre le fond de la toile en noir et gris. Le résultat s’exprime par l’existence du personnage apparaissant, lequel est d’emblée compris dans le gris. Le noir est là pour décanter la forme, par le trait et le fond. Le doré est également usité dans le trait.

      (50 x 50 cm- acrylique) (sans titre)

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  • L’artiste a commencé par peindre le fond. Ensuite, il a dessiné avec des feutres à base de poudre composée de blanc et de doré. Cela dynamise l’aspect des personnages peints, alors qu’il s’agit, en réalité, d’un dessin sur un fond coloré.

 

Mais il arrive qu’il n’y ait plus d’espace (à proprement parler) entre les personnages. Et nous nous retrouvons face à une plage blanche dont le centre est occupé par un ensemble impressionnant de têtes humaines. La forme dans son intégralité, ne se révèle qu’à l’avant-plan, par une série de silhouettes masculines debout. Chacune adopte une posture statique particulière, dont le but est de dynamiser le mouvement par rapport au statisme de l’ensemble. Néanmoins, il y a un mouvement ondulatoire, à peine perceptible, concernant la « masse » formée par les personnages, vers le milieu de la toile.

      (54 x 45 cm-acrylique) (sans titre)
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L’artiste adopte également une deuxième écriture. Celle-ci est régie par le même code sémantique : quatre personnages aux proportions différentes de celles que nous avons rencontrées jusqu’ici, sont parsemés d’une série de cercles de formes multiples. L’arrière-plan est noir.

      (78 x 58 cm-acrylique) (sans titre)

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L’univers, ici envisagé, est celui du cirque dans sa magie. Les deux personnages, au faciès hyperbolique, dominant le centre de la toile, occupent l’essentiel de l’espace.

Les deux autres (sur la gauche de la toile), ont le rôle mineur de saltimbanques. Ils divertissent l’audience. Avec leur tête au volume disproportionné, (posée sur le cou, inexistant, en ce qui concerne le personnage de droite) et extrêmement long pour ce qui est du personnage de gauche, le visiteur éprouve le sentiment qu’il s’agit d’une fête foraine où des masques égaillent l’atmosphère nocturne. Comme pour toutes les œuvres de l’artiste, l’attention est attirée par la minutie des détails, finement travaillés.

 

Cette œuvre, composée de rouge, de bleu, de jaune, de vert et de blanc, tout en affirmant une température chromatique chaude, trouve son originalité dans l’esthétique qu’elle traduit : celle de Chagall. Cette image sortant de l’inconscient de l’artiste, exprime l’admiration qu’il éprouve pour le maître russe. Cette toile est intéressante dans ce qu’elle révèle, à savoir ce qui constitue une esthétique. Qu’est-ce qui, en ce qui concerne cette œuvre, est « chagallien »? Est-ce le faciès du personnage masculin au visage rond dans sa vive expression du regard? Pas du tout. Est-ce sa position corporelle de ¾ dans une attitude rappelant la danse hassidique? On s’y approche, surtout si l’on considère que Marc Chagall était juif, et qu’il a énormément évoqué la culture yiddish dans son œuvre. Néanmoins, cela participe de l’anecdotique. Tout se joue dans la puissance du chromatisme : couleurs vives, galvanisant l’atmosphère scénique. Les couleurs « enveloppent » le personnage, comme dans un tourbillon. Tout de blanc vêtu, il émerge de cet amalgame chromatique. Il est au centre d’une révolution sensuelle. Ses bras accueillent l’oiseau (ou pour mieux dire, les oiseaux antithétiques, disproportionnés dans la taille) terminant, en quelque sorte, la dynamique du mouvement.   

       (40 x 50 cm-acrylique) (sans titre)

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Principalement autodidacte, JOSE MANGANO a travaillé pendant quarante ans chez Oxfam. En 1995, lors d’une fête consacrée à l’Afrique, réalisée par cette organisation, il eut l’opportunité de se familiariser avec le graphisme, à partir d’une commande ferme.

Cela s’est concrétisé par la création d’une couverture sur le sujet. Depuis lors, il a travaillé comme graphiste. Après avoir travaillé la peinture à l’huile pendant dix ans, considérés comme une période de recherche, il s’est montré insatisfait par le résultat. Il a continué à dessiner et à peindre pour entrer dans une période de « (re)naissance », comme il le dit lui-même. Il a ensuite réalisé des cartes postales à destination d’Amnesty, pour les prisonniers politiques, où il a rencontré un grand succès. Il est également sculpteur. Son matériau est le papier mâché avec lequel il sculpte des masques. Tout cela traduit un amour vital pour le théâtre et son pendant populaire, le cirque. En effet, l’artiste, qui a étudié le théâtre également en autodidacte, est aussi clown depuis quinze ans ainsi que marionnettiste. Voici dix-sept ans, il a fondé une école de cirque, dont il est le président. Il est également poète et écrivain. Sa technique est l’acrylique sur base d’un dessin au graphisme avec marqueur. Cette (désormais éternelle!) période de Covid-19 lui a donné l’énergie nécessaire pour créer. Et cette énergie s’est traduite dans le rapport qu’il entretient dans ce qui définit totalement son œuvre plastique, à savoir la couleur et la ligne.

Celles-ci sont la source d’une continuité galvanisante, alimentant l’énergie intrinsèque du visiteur.

L’artiste insiste sur le fait que seul l’inconscient est le bras guidant son œuvre. Il affirme que « seule la répétition du mouvement est une prière vers les autres ». C’est par cette liturgie esthétique que son œuvre s’ouvre au Monde.  

François L. Speranza.

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Collection "Belles signatures" © 2021 Robert Paul

 

N.B. : Ce billet est publié à l'initiative exclusive de ROBERT PAUL, fondateur et administrateur général d'Arts et Lettres. Il ne peut être reproduit qu'avec son expresse autorisation, toujours accordée gratuitement. Mentionner le lien d'origine de l'article est expressément requis. 

Robert Paul, éditeur responsable

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Focus sur les précieux billets d'Art de François Speranza

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L'artiste JOSE MANGANO et François Speranza : interview et prise de notes sur le déjà réputé carnet de notes Moleskine du critique d'art dans la tradition des avant-gardes artistiques et littéraires au cours des deux derniers siècles.

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Photos de l'exposition de JOSE MANGANO à l'ESPACE ART GALLERY

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