Il s'agit d'une oeuvre poétique de Pernette du Guillet (vers 1520-1545), publiée à Lyon chez Jean de Tournes en 1545.
Pernette du Guillet, qui rencontra Maurice Scève en 1536, entretint une courte liaison avec le poète, dont elle fut vraisemblablement la Délie. A l'instar des autres poètes de l'école lyonnaise, elle cultive un éclectisme qui réunit les influences néoplatoniciennes, le pétrarquisme et la veine marotique.
Son oeuvre poétique, très brève, publiée par les soins d'Antoine du Moulin, humaniste lyonnais, se compose de 57 pièces hétéroclites: des épigrammes _ chansons, un long poème allégorique et un «coq à l'asne» proche des fatrasies médiévales. La plupart de ces poèmes chantent les louanges d'un amant «éloquent», riche d'un «hault sçavoir», et insistent sur la nécessité de maintenir l'amour dans les limites de l'honneur et de la chasteté.
Comme Maurice Scève, Pernette du Guillet attribue à l'amour un pouvoir de transmutation morale: «Car quand Amour à Vertu est uny, / Le coeur conçoit un désir infiny, / Qui tousjours desire / Tout bien hault et sainct.»
Conformément aux théories néoplatoniciennes, l'union de l'amour et de la vertu s'épanouit en connaissance: le coeur jouit alors d'un «hault sçavoir» où il trouve, loin du vulgaire, sa véritable assise. Si la perfection de l'amant est source d'émulation littéraire («Preste moy donc ton eloquent sçavoir / Pour te louer ainsi, / Que tu me loues!»), elle engendre, plus profondément, le désir d'une fusion spirituelle: «Je tascheray faire en moy ce bien croistre / Qui seul en toy me pourras transmuer.»
Ce souci de pureté, méprisant des aiguillons de l'«Amour vicieux», n'exclut pas çà et là d'étranges jeux pervers: témoins ce poème où l'amante rêve de se baigner nue devant l'amant, pour mieux se refuser ensuite à la hardiesse de ses attouchements. Proscrite par la spiritualité de l'exigence amoureuse, la chair n'en resurgit pas moins sous forme de dénégation.
Si la poésie de Pernette du Guillet se rapproche bien souvent de la thématique scévienne, elle n'atteint que rarement la pureté et la concision de son modèle: l'ensemble du recueil manque d'unité et, surtout, d'une véritable refonte et assimilation des influences; en outre, la recherche systématique de l'abstraction ne témoigne pas, comme dans Délie, d'une concentration exigeante de la pensée.
Il serait injuste cependant de reléguer ces Rimes au rang de pures curiosités. Le long et mélancolique poème final, intitulé "Confort", représente sans doute l'une des plus belles réussites de la poésie amoureuse du XVIe siècle. Dans cette épître de consolation, adressée à un amant tourmenté par l'impossible union charnelle et tenté de se réfugier dans la mort, l'amante ne cesse d'en appeler à une éthique endurante et orgueilleuse: «Car le tourment, que tu souffres pour elle, / Estre te doit joye continuelle / A ton esprit, et doulx contentement, / Et au travail très grand allegement. / Car il n'est rien, tant soit grand, en ce monde, / Qui vaille autant que ce mal, qui te abonde.»
Pernette mourut à 25 ans, emportée par une épidémie de peste...
Le hault pouuoir des astres a permis - |
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Rymes 2 |
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La nuict estoit pour moy si tresobscure |
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Rymes 3 |
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Ce grand renom de ton meslé sçauoir |
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Rymes 4 |
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Esprit celeste et des Dieux transformé |
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