Le réseau des Arts et des Lettres en Belgique et dans la diaspora francophone
Mes voies d’eau, mes watergangs, mes canaux, et forcément
Mon pays de sable et vent, j’en suis loin, pour tout ce temps,
Et pourtant, j’en suis toujours, même ici, et par devant
La hauteur des bâtiments qui font gris tous les passants
Leur aspect comme migrants, comme après un accident
Ma plaine et mon blé aux champs, mes saisons, et forcément
Mon pays, mon nord beffroi, mes géants, mes grands serments,
Mon grand fief, ma légende, j’en suis fier, j’en suis l’enfant
De l’Artois, aux marches, et terre et mer, détroit au vent,
Fort risban, sueur et sang d’ouvriers et paysans
De là-bas, et maintenant, je suis vent, et forcément
Il en manque ici vraiment des moulins, des cerfs-volants
Des chemins entre des haies sous l’aile d’engoulevent
Quand je n’ai que du bruit là, massifié stupidement
Il abrutit, et puis nous tue, lentement mais sûrement
Mon estran, mon bord de mer, mes dunes, et forcément
Mon pays de caps au vent, j’en suis loin, pour tout ce temps
Et pourtant, j’en suis toujours, mes yeux bleus, profondément
Se voudraient du détachant pour les rues, les monuments,
Et les gens, dehors, dedans, bitume et zoo désolant
De là-bas, et au présent, je suis grand, et forcément
Parce que j’ai l’horizon dans ma manche en plaisantant
D’un tunnel, la traversant des deux bras du vêtement
Parce que j’ai du capieau, du patois évidemment
Un gardin, des épeutnards à monieau, j’en suis l’accent
Ma jetée, ma tour de guet, mes ferries, et forcément
Mon pays de face à face à la mer, mes câbles, et mes gréements
Mes chalets, mes bains de pieds, mes galets troués de temps
Mes papiers, mes passeports, mes transports, sablés de vent
Mes belles courguinoises, mes amours, mes soleils blancs
De là bas, et à présent, je suis franc, et forcément
A cause du temps craintif et plaintif, du vent hurlant
Aux marins, au deuil pluviôse, à l’épave, et chèrement
A cause du courage qu’il fallut de l’Islande à maintenant
Aux pêcheurs, noyés de brume, aux veuves des éléments
Mes clochers, mes lieux-dits, mes routes, et forcément
Les pas lents pour faire droit son sillon, et humblement
Du marais jusqu’au polder, du fort vert et jusqu’au cran
A l’escale d’Angleterre, tout en face et nonobstant
Les cordes pour six bourgeois, le welcome est plus fringant
De là bas, et à présent, je suis franc, et forcément
Je reproche à mon pays d’être moins pour ses enfants
On le vide et on le quitte, à cause des gouvernants
Mon nord c’est autre chose que celui des exploitants
D’images et de clichés qui se font de bons moments
Mes gens chers ont du soleil dans le cœur mais forcément
Pas dehors qui serait gris, c’est cacher bien facilement
Que le temps n’a rien à voir avec ça depuis longtemps
Ce soleil est entre gens de labeur et survivants
Durs au mal et résistants, c’est la lampe au jour baissant
De là-bas, et à présent, je suis franc, et forcément
Je défends les vieux mineurs, leurs souffles vont aux absents
Leur charbon est bien trop noir, deux fois aux enterrements
Je défends les dentelliers, qu’on emmène obstinément
Aux musées d’un autre temps, les débauchant, par dix, par cent
Je défends dans l’urgence, des ferries, et forcément
Des marins, du lien libre pour passer cheveux au vent
Un détroit entre peuples qui ne sont pas différents
De poumons, de voies du sang, de besoins humainement
Gens du sol et émigrants, ne font qu’un finalement
Mes amis, mes sociétés, mes repas, et forcément
Nos débats, et nos chansons, nos combats passionnément
Pour la vie, pour les enfants, pour nos pieds d’enracinement
Du sous-sol au sens du vent, de l’école aux derniers bancs
Défilant les fanfares, la musique à belles dents
Mes têtes et mes rêves, mes grands soirs et forcément
Mes fêtes, mes ducasses, mes cibles d’amour tentant
J’en défends les manèges, les pompons et par devant
Un pays qui ne serait que sièges pour cheveux blancs,
Car il est où il doit être, un chez moi de sable et vent
Un chez moi, corps et âme, dans ma voix, et forcément
Air et eau, en mes veines, un chez moi, tellement grand
Qu’il ne craint l’éloignement, il me reste au croisement
D’un pigeon, même si je crains, personne n’est impatient,
Ne l’attend, au colombier, comme un jour de cœurs battant
Un chez moi, si tu le vois, c’est normal, car forcément
Ils sont là, mes watergangs, mes canaux, et mes pas lents
Qu’importent les bâtiments, les statues, les monuments
Je ne vois que par devant, tu es là, m’accompagnant
Et ainsi tu es mon nord, quelque soit le sens du vent
© Gil DEF - 17.08.2009
- Le Grand Chemin -
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Bonjour Marcelle
Je note effectivement des commentaires qui ont disparu où je parlais notamment de l’activité des Morins il y a plus de deux mille ans en réponse à des commentaires de Raymond.
Je connais un peu la région proche de ton lieu de naissance. En effet, je suis allée à diverses reprises à Goignies-Chaussée chez des éleveurs de chevaux. Je connais aussi le bassin minier, parce que j’avais un grand oncle qui était de Hénin-Liétard, parce que j’ai eu lors de mes études nombre de camarades dont les pères étaient mineurs, parce que j’ai eu un bon nombre de contacts avec des syndicalistes des mines notamment lors de la catastrophe de Liévin de 1974, et dans les dernières années d’activité. Je connais bien le centre historique minier de Lewarde où je me suis rendu à plusieurs reprises avec des groupes d’élèves. Je me souviens encore de ma dernière visite où j’ai eu la chance d’avoir pour guide un ancien mineur d’origine italienne, ce genre d’homme avec qui on comprend tout immédiatement d’une bonne pogne, et de l’attention portée aux enfants. Tu as raison d’inciter sur tout ce que trouve dans ce centre.
Bonne journée. Amitiés. Gil
Salle dite des pendus de Lewarde -
Bonjour Blanche
En effet, surtout ne pas perdre le nord comme le chantait Raoul de Godewaersvelde ...
Bonne journée. Amitiés. Gil
Cher Gil,
J'ignore ce qui s'est passé mais j'avais réagi à ton texte sur le Nord, dans lequel on sent un amour profond pour ta contrée natale. J'ai peut-être oublié d'envoyer le message. Je t'y disais en substance que je suis de la frontière française, puisque née à Erquelinnes, à 12 km de Maubeuge. Cette région m'est donc très proche. J'ai visité récemment l'expo "Esprit Mine" qui se tient jusqu'à la fin de cette année, au Centre Historique Minier de Lewarde, près de Douai. Cet endroit est vraiment fabuleux. Non seulement on y conserve les machines qui parlent de ce passé mais on y évoque aussi la vie quotidienne dans la fosse et également en surface, avec les objets de la vie quotidienne et les jeux qui permettaient aux mineurs de sourire parfois, en oubliant leur dur labeur. Ce labeur était également celui des Borains, des gens du Centre, de Charleroi et de Liège. Il n'y a pas de frontière pour les bassins miniers !
T'as une belle côte tu sais ? !
Pour les Morins . J'ai "La guerre des Gaules " de Caius IULIUS CAESAR , ce peuple est mentionné,en Belgique maritime,Flandres ,Zélande ..Grand merci
Kénavo !! Raymond
Bonjour Marie-Ange
J'apprécie votre passage sur ce texte d'hommage à ma région.
Bonne journée. Amitiés. Gil
Bonjour Raymond
J'ai remarqué ton affection pour la Bretagne. Je puis te dire qu'il y a plus de deux mille ans mon pays était fait d'ilots et d'espaces régulièrement inondés, et occupé par les Morins, un peuple d'origine celtique et dont le nom signifierait ceux de la mer, et comme étant de même racine que celui d'Armoricains...
Bonne journée. Amitiés. Gil
Bonjour
En plus des personnes qui m'ont gentiment accordé leurs commentaires, je tiens à remercier ceux qui ont apprécié le texte d'un clic coeur ... Dominique Prime, Liliane Boulvin, Martine Vandenkerkove, Abdelkader Khalef, et Jiembé.
Bonne journée. Amitiés. Gil
Ne pas oublier que Carolus Magnus fut Empereur des Francs soit le Germanie la Belgique et la Hollande
la Gaule et que dans mon sud Ouest Les Wisigoths ont créé Toulouse et sa civilisation avec les Aquitains locaux ,qu'ils savaient lire et écrire eux ..
Je connais peu le Nord ..............mais une terre où je me sens bien aussi c'est la Bretagne .
J'ai fait un clin d'oeil aux cousins Wallons en mettant sur le blogue un poème en Wallon ..
Laissons les empêcheurs de tourner en rond tourner au carré !
Bonne journée à toi
Raymond
Bonjour Jacqueline
Ayant décidé un certain nombre de personnes de venir voir le Nord, j’ai pu constater qu’ils y ont trouvé bien d’autres images que celles des clichés traditionnels, et qu’il y avait gagné l’envie d’y revenir. En tout cas, ils m’ont rendu plus fier encore de mon pays tant chargé de l’histoire d’un peuple laborieux, courageux, solidaire et accueillant, et quand on lui fait tort et hypocrisie, je le défends et lui demande de continuer de former des bataillons de jeunesse qui ne veulent pas le quitter mais en poursuivre l’histoire.
Bonne journée. Amitiés. Gil
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