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12273296875?profile=originalDiego Rivera
Portrait d’Adolfo Best Maugard
(huile sur toile, 1913)
İ Que viva Mexico !
Adolfo Best Maugard (1891-1964), surnommé Fito Best, était un peintre et réalisateur mexicain, ici portraituré par Diego Rivera dans une approche cubiste où il exprime le mouvement, l’élan vers l’avenir, sa foi dans le modernisme.

      J’ai brièvement évoqué, dans l’article consacré au peintre bulgare Teofan Sekorov (cf. https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/teofan-sokerov-et-les-myst-res-de-la-foi-un-monstre-de-la ), les peintres muralistes mexicains. Bien que ne m’étant pas rendu au Mexique, deux expositions, qui se sont respectivement déroulées au Grand Palais à Paris pour la première (« Mexique 1900-1950. Diego Rivera, Frida Kahlo, José Clemente Orozco et les avant-gardes. ») et, pour la seconde, au Musée des Beaux-Arts de Lyon (« Los modernos. Dialogues France/Mexique »), me donnent ici l’occasion d’y revenir et d’approfondir un peu ce sujet. Sans oublier la formidable rétrospective qui eut lieu à Lille en 2004, « Mexique-Europe, Allers-Retours, 1910-1960 », dont le catalogue fait toujours référence.
       Los Tres Grandes, est le qualificatif que l’on a rapidement accolé aux trois grands initiateurs de la peinture murale au Mexique, à savoir Diego Rivera (1886-1957), José Clemente Orozco (1893-1949) et David Alfaro Siqueiros (1896-1974).

      Fierté. Telle est la première impression laissée par leurs œuvres. Des peintres fiers de leur pays, de leurs racines, de leurs habitants et de leur travail.

12273297064?profile=originalDiego Rivera
La molendera

(huile sur toile, 1924)
Penchée sur sa metate* cette paysanne pile le maïs, la base même de l’alimentation mexicaine.

      Ces peintres veulent se libérer de l’influence européenne, s’affirmer en tant que créateurs d’un art spécifiquement mexicain, compréhensible, à la portée de tous. Un art qui puiserait tant aux sources indiennes, précolombiennes, qu’au caractère mexicain en général afin de rendre au peuple toute sa dimension nationale et de pleinement l’intégrer dans la modernité.
Ils suivirent en cela l’exemple des peintres yankees régionalistes qui voulaient un art typiquement américain, et selon la théorisation exprimée par le poète Walt Whitman (1819-1892), dont ils semblent avoir écouté eux-aussi l’injonction/exhortation.

« O Liberté, tourne-toi, car la guerre est finie,
D’elle et tout désormais t’épandant, sans plus douter,
résolue, embrassant le monde,
Détourne-toi des pays restés face en arrière
à recueillir les témoignages du passé,
Des chanteurs qui chantent dans le sillage des gloires du passé,
Des poèmes du monde féodal, triomphes des rois, servitudes, castes,
Tourne-toi vers le monde des triomphes en réserve et à venir.

Vers ce monde où le futur,
plus grand que tout le passé,
Prompt et sûr, se prépare pour toi. »

Car il faut bien un creuset et se confronter au monde bien sûr, comme l’exprima le poète mexicain Octavio Paz (1914-1998) « toute culture naît du mélange, de la rencontre, des chocs. A l’inverse, c’est de l’isolement que meurent les civilisations. » Un métissage qui donnera cet expressionnisme à la fois tragique et grandiose.
Et un élan qui, après la Révolution de 1910, fut donné par le secrétaire de l’Education publique José Vasconcelos Calderόn (1882-1959) qui, en 1921, passa commande de fresques glorifiant la culture nationale, et ce au moment où Diego Rivera faisait son retour au pays.

      On peut certainement distinguer, dans les débuts de la peinture mexicaine contemporaine, trois périodes, les deux premières sous influences, la troisième proprement américaine.
       Paris d’abord. Paris, capitale des Arts, son ambiance, ses quais, ses brumes, sa bohème.

12273297266?profile=originalDiego Rivera
Quai des Grands-Augustins

(huile sur toile, 1909)

Paris continuant d’exercer une influence majeure, ou plutôt s’exerça une émulation réciproque entre Paris et Mexico, avec un va-et-vient incessant d’artistes entre les deux pays (Antonin Arthaud, Philippe Soupault, André Breton…).

12273297291?profile=original Diego Rivera
Les vases communicants (Hommage à André Breton)
(gravure sur bois, 1933)

      Le cubisme ensuite, et, dans une moindre mesure, le futurisme italien, avec deux figures majeures de cette rupture narrative, Georges Braque et Pablo Picasso. De cette rencontre une avant-garde mexicaine naîtra en 1921, avec son mouvement propre, le stridentisme. Puis le trentetrentisme (le İ 30-30 ! étant la Winchester fétiche des révolutionnaires) en 1928, jusqu’à la Ruptura.

12273297698?profile=originalDiego Rivera
Portrait de Ramόn Gόmez de la Serra, 1915

      Le muralisme enfin, mouvement né aux Amériques, qui a grandi au Mexique, enfant rebelle fier de ses origines, propagateur de l’idéologie révolutionnaire, qui a son tour secouera l’avant-garde européenne.
On peut y ajouter une touche, quoique moins raide, de constructivisme soviétique. Le muralisme mexicain paré d’idéalisme alors se teinte d’un réalisme politique puissamment figuratif.

12273298088?profile=originalDavid Alfaro Siqueiros
Etude pour la fresque « Le Christ », 1965

      Et si un homme à lui seul est bien emblématique de ces différentes vagues, c’est bien Diego Rivera.
Et si une œuvre pouvait résumer ce bouillonnement intellectuel c’est probablement celle-là, flux et reflux, avers et revers révolutionnaires.

12273297098?profile=original Notre-Dame de Paris (verso, 1913)

Huile sur toile, deux œuvres recto, ci-dessous, et verso ci-dessus :

12273298490?profile=originalPaysage zapatiste (recto, 1915)

Sarape, le tissu de laine multicolore, fusil y sombrero, sur un fond volcanique, tous les symboles du Mexique sont ici réunis. Et  İ Viva Zapata !, sombre héros de la Révoluciόn popular.

      L’art, d’un côté comme de l’autre de l’Atlantique, s’en retrouverait sens dessus dessous. Et le Mexique, comme en France Picasso, verrait en Rivera son atlante.
Pour faire suite à cette présentation, un triptyque sera consacré aux Tres Grandres, un panneau pour chacun de ces artistes. A commencer par Rivera, des années de formation et de bohème à la pleine maturité.

Michel Lansardière (texte et photos)

* Pierre à moudre d’origine aztèque, la metate servait aussi à broyer les fèves de cacao, ce chocolat, boisson sacrée des Aztèques, qui fut servi pour la première fois à Hernan Cortès (1485-1547) par l’empereur Moctezuma II dans une coupe en or. Ce dernier en boira la lie jusqu’au calice.

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Commentaires

  • Merci Martine pour ce soutien qui m'encourage à poursuivre mon travail sur la peinture mexicaine (9 billets prévus).

  • Merci Jacqueline, avec toute mon amitié épistolaire.

  • A près cette présentation générale d'autres articles suivront. Un sur Rvera, un sur Orozco, un sur Siqueiros, pour les Tres Grandes. Puis un sur Kahlo et un autre sur les autres femmes peintres mexicaines. Viendront ensuite trois billets sur les autres peintres mexicains du XXe siècle. Enfin, peut-être un dernier sur l'influence de la peinture mexicaine sur l'art européen et nord-américain au XXe siècle jusqu'aux répercussions qu'elle entraîne encore sur les artistes d'aujourd'hui. Au plaisir, Barbara, et merci.

  • Je connais surtout Siqueiros, "Artiste soldat  de la révolution mexicaine" (1914 ?) Si vous avez d'autres reproductions qui révèlent le caractère épique de ses oeuvres,  j'aurais plaisir à les regarder.
    Merci. Cordialement.

  • C'est très gentil Abdelkader. Quelques coquilles se sont bien glissées dans mon travail, qu'il me faudra rectifier.

  • Bonheur du partage. pour tous ceux qui me font l'amitié de me suivre, il y aura 8 articles consacrés à la peinture mexicaine afin de montrer toute sa diversité.

    Merci Rose-Marie

  • admirable travail ! 

  • Quelle joie de vous retrouver sur A&L.

    Vos billets sont toujours appréçiés grâce a la qualité de vos recherches : on y apprend toujours quelque chose.

    Merci.

  • Des encouragements qui me poussent à toujours proposer de nouveaux billets et des illustrations originales. Merci Claudine.

  • Effectivement j'aime aussi particulièrement cette paysanne, cette petite meunière profondément humaine et ancrée dans sa terre. Merci Nicole.

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