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Qu’est-ce qui lui a pris ?  C’est à approximativement ce que fut le fond de ma pensée en découvrant le livre admirablement écrit par « Catherine Blanjean ». 

Honnêtement, je dois bien avouer que j’ai laissé trainer ce livre plus que de raison.  Pourquoi ? Peut-être qu’il fallait trouver l’instant approprié afin d’écouter les mots vibrer tel qu’ils le méritent.  C’est le metteur en scène et comédien Benoit Postic qui m’en avait parlé.  

Le téléphone qui vous réveille et à peine le temps de décrocher que ce dernier me lance sans préhanbule: Ce livre, tu verras, c’est tout simplement génial !  Je me méfie de ce genre d’appel téléphonique.  Les amis, on essaye de ne pas les blesser, mais s’il fallait les écouter on ne parlerait plus que des copains et good bye la déontologie.  Pourtant ce Benoit ne me téléphone pas souvent et j’aurais dû l’écouter au lieu de me voiler d’un orgueil déplacé.  Il avait raison, ce livre mérite d’être auréolé en première place dans les vitrines de toutes les librairies de la francophonie.lettres-a-la-poetesse-chinoise-liu-xia-en-residence-surveillee-depuis-huit-ans_6060894.jpg

Afin de ne pas dévoyer la qualité du sujet, je me permettrai de vous retranscrire quelques mots de la préface (interdite) rédigée par Liao Yiwu, prix de la paix des libraires allemands en 2012.

« À ma connaissance, vous vous trouvez en face du premier livre jamais écrit au sujet de Liu Xia sur cette terre…

…Catherine Blanjean, qui appartient à la fois au monde du théâtre et de la musique, est parvenue, grâce à son instinct, à ressentir la situation de Liu Xia . »

Mais qui est Liu Xia ?  Elle serait peut-être femme anonyme ou encore, si ses œuvres avaient eu la chance d’être remarquées, poétesse à renom ou peut-être photographe incontournable.  Mais le destin de Liu Xia ne rejoindra la lumière qu’à travers le regard de ses geôliers.  Assignée à résidence, soumise à contrôle policier, elle sera condamnée pour avoir proposé de représenter son mari, « Liu Xiaobo » pour la remise du prix Nobel de la paix en 2010.

Catherine Blanjean, l’une des pierres angulaires du centre Culturel « La ferme de la Dîme » situé au cœur de la campagne Wallonne (Wasseiges) nous offre par cet ouvrage la force que peut apporter une plume au service de la compréhension.  Catherine, en apprenant le sort réservé à Liu Xia se met à lui écrire.  Catherine n’est pas dupe, elle sait que ses lettres n’arriveront probablement jamais  à destination et pourtant…  Avec détermination l’auteure tente de comprendre comment une femme peut tenir dans les conditions de semi-détention, une quarantaine que peut d’entre nous serait capable d’endurer.  Comment comprendre les liens indestructibles qui lient les époux grâce à la force d’un amour inconditionnel ?

Ainsi, portée par la volonté de cerner ce couple hors du commun, Catherine a mené son enquête auprès des rares personnes capables d’évoquer Liu Xia.

Le livre aurait pu n’être qu’une banale narration, c’est ce que je craignais.  Il n’en est rien.  Par la simplicité des mots, l’auteure nous offre un témoignage poignant, une sorte de photographie d’une époque, la nôtre, dans laquelle les dés jouent avec les destinées.

J’aime le regard que porte Catherine Blanjean sur la Chine et son régime.  Comme le révèle admirablement le quatrième de couverture, « Il en ressort le portrait bouleversant d’une femme  interdite »  

J’avais envie d’écrire qu’il serait faux de croire que l’ouvrage serait un plaidoyer à charge d’une société souvent méconnue par nos coutumes occidentales.  J’aurais ajouté, à tors, qu’il y a une forme de neutralité portée grâce ou à cause de la narration de l’auteure.  Ce ne serait pas honnête, car même si certaines questions pourraient nous le faire croire, il n’en reste pas moins que l’auteure hurle en lieu et place d’une autre femme.  J’en ai la tête qui résonne et qui le fait en harmonie sans ignorer que contre la loi du plus fort on ne peut rien, bien que ?  Nos plumes et nos voix sont quelquefois assourdissantes pour ceux qui se veulent furtifs aux yeux du monde.  Se faufiler en toute discrétion pour assouvir sa soif de pouvoir en aliénant l’individu pour le bien du plus grand nombre.  Quelle superbe contradiction quand on sait que le pouvoir n’est partagé que par une minorité qui a toutes les raisons de faire taire les voix discordantes mêmes si, et surtout si, elles sont porteuses de vérité.

Mais s’il n’y avait que le fond, le lecteur se lasserait peut-être.  Soulignons la qualité d’écriture, la fluidité des mots.  Une sorte de petit ruisseau qui fait voguer le verbe au rythme des approches de l’autre.

Oui Catherine Blanjean j’ai aimé votre ouvrage.  Je l’ai aimé pour de nombreuses raisons.  Oserais-je ajouter que vos lettres adressées à votre correspondante ressemblent à s’y méprendre à des lettres d’amour ? Me tromperais-je vraiment ?

Rendez-vous est pris, je me rendrai à Wasseiges pour y rencontrer l’auteure.  Je ne manquerai pas de saluer la scène de ce théâtre dans lequel il semblerait que le destin me réserve d’agréables surprises.  Comme le veut la tradition, je vous réserverai la suite.

 

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Commentaires

  • Merci beaucoup de cette belle appréciation qui donne envie de découvrir ce livre.

    Bien à vous 

    Christian

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