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Théâtre (443)

administrateur théâtres

"Le malade imaginaire" (théâtre Argan 42)

"Les anciens, monsieur, sont les anciens, et nous sommes les gens de maintenant" Toinette

Rêver d’Avignon , être à Bruxellons

Festival de théâtre populaireavec Le Malade Imaginaire

On se prend à rêver qu’on est à Avignon, non c’est la première de Bruxellons. Le Château du Karreveld a revêtu des habits de fête, des lampions de 14 juillet illuminent le cadre grandiose, le public attend avec bonheur dans la sérénité d’un pur soir d’été… cependant que s’élancent au- dessus de nos têtes, des vols de perruches en liesse.

Un trône majestueux grandeur géant annonce en grand la dictature familiale du grand malade, celle des puissants et surtout celle des médecins honnis par Molière. Mais aussi celle de la maladie et de la mort. Daniel Hanssens qui interprète Argan le plus bel hypocondriaque de tous les temps, règne avec noblesse sur ses proches presque tous prosternés. Pas de chandelles, pourtant il en faudrait des brassées pour le jeu magnifique de la troupe Argan 42 qui nous ravit ce soir. Argan? Ce nom nous dit quelque chose,… le personnage favori de Molière et de l’illustre Daniel. Les éclairages sont magnifiques et la scène d’ouverture où se réveille notre personnage est exquise de mise en scène, au bord de la féerie. On ne vous en dira rien de plus pour laisser le charme agir et vous promener à travers les multiples trouvailles scéniques de cette production.

L’acoustique est excellente… les voix grandissent sur fond de murailles patinées, les costumes rivalisent de fantaisie, les rires fusent, le verbe s’amuse. Les gestes et accessoires anachroniques virevoltent se moquant des uns et des autres laissant la partie libre aux mélanges de musiques et tintamarres de tout poil. Les tirades résonnent et rappellent avec bonheur nos souvenirs scolaires enfouis par le temps. Et les correspondances éveillent en nous des battements de cœur selon l’histoire de chacun. Il s’agit donc d’une certaine magie…

Toinette exquise et déterminée, Marie-Hélène Remacle est d’une vivacité débordante, elle se joue avec virtuosité de son bougon de maître tout occupé que de lui-même, lui servant certaines leçons avec finesse et humour. Valérie Marchant, plus vile et monstrueuse que Cruella élève l’amour de l’argent à l’idolâtrie et nous donne une image de sorcière de Saint Trop tout à fait réussie. Quant à Angélique, elle est si tendre, si aimable, si aimante dans sa robe tilleul de chez Courrèges, plantée sur les planches du même camaïeu vert. De tous ses cheveux, elle fait face à la vie et à son père adoré, à chaque instant, épouvantée, elle tape du pied et éparpille ses moues boudeuses comme Alice au pays des merveilles. Et Louison, aussi farceuse que son père ! Les autres comédiens, tous plus artistes, polichinelles, facétieux, les uns que les autres nous gratifient de tranches de rire dorées sur tranche. Le public -tout public- bourdonne d’aise: ce Molière revisité nous offre sagesse, beauté de la langue, et rêves aboutis.

http://www.bruxellons.net/index.html Une distribution éblouissante : Daniel Hanssens, Marie-Hélène Remacle, Michel Hinderyckx, Alexandre Von Sivers,Jean-Paul Dermont, Valérie Marchant, Pierre Geranio, Simon Wauters, Alice Moons, Julien De Visscher, Maud Hanssens

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La paix des poissons rouges installés dans leur bocal lumineux sur le piano dénonce silencieusement les vastes angoisses qui étranglent chacun des acteurs. Quand la pièce devient un peu ‘lourde’, cela fait plaisir de les regarder et d’écouter le pianiste impassible. Plus que le passage brutal de monologues intérieurs en bulles, aux dialogues sans cesse avortés, (tiens les poissons… !) c’est justement ces non- transitions abruptes, dans le même souffle, bourrées de violence, qui sont géniales et vous coupent le souffle. Tous les acteurs se figent dès qu’une bulle éclate : belle trouvaille. Les adresses iconoclastes et blasphématoires où chacun crie son étouffement semblent ruiner toute communication et pourtant elles disent enfin la vérité de chacun. Magistral ! Les apparences sont si pacifiques, le discours à autrui est tellement recomposé et tricheur, ad nauseam! Le vocabulaire fort cru peut certes déconcerter certains spectateurs, mais il semble que cela fasse partie de la pièce… soyons ouverts ! Constat : quel que soit le kvetch, maîtrisé ou non, ce dernier finit toujours par avoir le dernier mot, quelles que soient les ruptures, les remises en question, les nouveaux départs. Pourquoi ne pas le reconnaître quand il vient, ce kvetch, l’accueillir et ne le considérer que comme une simple ombre au tableau. Ou trouver quelque recette anti-kvetch , comme s’intéresser d’abord aux autres , plus qu’à soi-même, le nombrilisme est omniprésent. L’altruisme est en effet totalement absent dans la pièce : comme « l’absente de tout bouquet»? Qui sait! La clé peut-être ! La scénographie est habile et bien menée, mais on se serait passé de certaines longueurs, les passages lutins qui sont tout, sauf lutins, plutôt tristes comme le kvetch! Mais on rit car les acteurs sont bons!

Kvetch, Atelier 210, Théâtre, Bruxelles

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Au jardin de ma soeur

Damien Valère et 14-18. Petites Séquelles d'une Grande Guerre.

Arthème, le fils de François Champdeblés, l’auteur de 27 pièces décoiffantes, nous attend ce soir au Jardin de ma sœur. Esprit de famille ? L’estaminet est charmant et témoigne par son exiguïté, ses tables usées et ses éclairages dorés, de l’ancienne vie de village du quartier du Vismet ! Pompon L’ancien chat noir y répandit ses grâces et ses maléfices pendant 17 ans de connivence avec les artistes, jusqu’en mars dernier. Et son âme nous hante encore toujours lorsque l’on caresse les jeunes minets Mariette et Gaspard… de la nuit , les nouveaux maîtres des lieux !

Le spectacle commence : Jean Champdeblés, un grand-père placide assis à une table qui recèle un tiroir secret se redit une lettre d’amour. Est-ce la magie des chats qui réveille le personnage ou une pompeuse ouverture musicale qui fait apparaître sur la cheminée les tranchées, les soldats, toute la misère de la grande guerre. Et l’homme se transforme en jeune enfant de village qui pose ses questions innocentes sur la guerre, la patrie, son père disparu. Tout s’enchaine, ponctué de fragments musicaux de Prokofiev. Pour l’époque, pour l’enchantement qu’est l’enfance, pour la peur du loup… et la victoire sur la déraison des dictatures ? Pourtant Damien, nom d’emprunt, le père aux cheveux d’or, ne revient pas. Le drame s’installe. L’enfant devient otage. Il se console avec un chat roux débordant d’amour qui vient de quelque part. La suite du spectacle est magnifique… allez écouter avec ravissement un conteur vrai, un auteur, une histoire vraie. Celle de son grand-père. Ce n’est pas Bruges mais Ypres avec son cortège d’atrocités… au cœur de laquelle, un amour splendide est né, plus beau que tous les châteaux et les bijoux de la vicomtesse, marraine de guerre.

Tout est dit, du début jusqu’à la fin avec une immense tendresse, des silences éloquents, et un regard dans lequel brille le bonheur. Les silences lourds et le mépris ont perdu la partie, le jeune Jean a tout compris même s’il n’a jamais défié ses parents avec la moindre question embarrassante. Du vrai, passé par le filtre de la création pour en extraire un élixir de vérité émouvante. Et la voix de Maria Callas pour l’amour fou.

Au Jardin de ma sœur jusqu’au 10 juillet, les vendredis et samedis soirs

A l'angle du Quai au Bois à Brûler et de la Rue du Grand Hospice, à 1000 Bruxelles
(Marché au Poisson,
Métro Sainte Catherine
)
Tel: +32.2.217. 65.82
E-mail:
info@leJardindemaSoeur.be

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