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Les Muses président aux Arts et aux Lettres. Aussi, chantons Uranie, muse de l’astronomie !

Le compas d’Uranie a mesuré l’espace.

Ô Temps, être inconnu que l’âme seule embrasse,

Invisible torrent des siècles et des jours,

Tandis que ton pouvoir m’entraîne dans la tombe,

J’ose, avant que je n’y tombe,

M’arrêter un moment pour contempler ton cours.

Antoine Léonard Thomas (1732-1785),

Ode sur le temps

 


 

Mais, des divinités hindoues, nous n’oublierons pas d’invoquer Sürya, ce soleil qui brille au firmament.

Commençons toutefois par un portrait de Sawai Jai Singh II (1688-1743), souverain qui veilla à l’édification de l’observatoire de Jaipur en 1727.

     Sawai, « une fois un quart plus grand », est un titre qui fut donné à Jai Singh II par l’empereur moghol, le redouté Aurangzeb, pour sa vaillance. Voilà qui donne de la hauteur.

Jai Singh II monta sur le trône à l’âge de onze ans, à la mort de son père Bishan Singh, le maharaja régnant sur les Kachhawas du Rajasthan.

Enfant doué, il avait acquis de bonnes bases, que fort heureusement il consolida auprès des pandits (savants) dont il avait su s’entourer. Pandit Jagannat Samrat d’abord, polyglotte et omniscient, qui l’aida dans sa recherche des meilleures sources européennes en la matière. Pandit Keval Ramji ensuite pour la rédaction des éphémérides astrologiques, entre autres. Des pères jésuites portugais, comme Manuel de Figueiredo, français, tels Claude Boudier ou le rugueux père Pons, allemands, tel Anton Gabelsberger… lui rendirent visite, voire l’assistèrent.

Alors bien sûr, il s’illustra d’abord dans l’art de la guerre. Il fallait bien asseoir son trône, affirmer sa puissance.

Mais il s’intéressait particulièrement à l’astronomie, science pour laquelle il montrait de réelles dispositions. Il étudia toutes les sources disponibles, de la Syntaxe de Ptolémée, connue dans sa traduction arabe, l’Almageste, aux Principes de Newton ou aux Tables de La Hire, comme celles (Zij) d’Ulugh Beg. L’Inde se trouvant à la confluence de toutes les cultures tout en développant ses propres concepts.

Dans la longue tradition indienne, Jai Singh II s’inscrit à la suite de ses illustres prédécesseurs, Aryabhata (476-550), Varahamihira (505-587), Brahmagupta (598-668) ou Bhaskara II (1114-1185), le précepteur, que bien sûr il étudia. Tous ces brillants mathématiciens et astronomes qui fixèrent le monde du zéro à l’infini, sans pour cela évacuer l’irrationnel.

Son objectif était d’établir des thèmes astraux et d’en déduire les temps les plus favorables aux voyages qu’il devait entreprendre, aux mariages, aux semailles et aux récoltes… on n’est jamais trop prudent.

Plans sur la comète ? Peut-être, mais avec une précision scientifique tout à fait sidérante.

Le ciel ne saurait attendre, examinons quelques-uns de ces étonnants instruments de plus près.

 

Chakras yantras :

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Construits dans un alliage insensible aux variations thermiques, deux cadrans gradués pivotant parallèlement à l’axe terrestre et pointant vers le pôle. On place un tube en leur centre pour connaître la déclinaison d’une planète, son heure de passage au méridien.

La roue (chakra) est associée à Vishnu qui incarne la force de cohésion de l’ordre cosmique, l’attraction vers le centre. Symbole solaire, les chakras sont, dans le yoga, les centres d’énergie.

 

Krantivritta yantra (au 1er plan) :

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Cet instrument sert à mesurer la latitude et la longitude célestes. Il est constitué de deux cadrans mobiles concentriques formant avec leur base un angle de 27°.

 

Laghu Samrat yantra :

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Construit en grès rouge et marbre blanc, ce "petit cadran solaire" sert à mesurer la déclinaison des astres. Ce cadran est flanqué de deux cadrans latéraux, chacun divisé en six heures, elles-mêmes divisées en soixante minutes, chaque minute en trois sections, donnant ainsi l'heure à vingt secondes près.

Cet instrument principal suit une inclinaison de 27°.

Un chiffre, 27, qu’on retrouve régulièrement et je remarque juste en passant que notre soleil, cœur battant du système solaire, tourne sur lui-même avec un période de 27 jours.

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Rashivalayas yantras  :

Un ensemble de douze instruments monumentaux portant chacun un cadran gradué hémisphérique. A chaque signe du zodiaque son cadran. Ils permettent l’observation de la longitude et de la latitude célestes toutes les deux heures depuis le signe du Bélier à 0° jusqu’au Verseau, en suivant une course selon un plan en trèfle. A quatre feuilles, évidemment.

Je vous présente ici deux de ces cadrans dédiés aux rashivavalayas (signes du zodiaque) :

Premier servi, le Lion, 23 juillet-22 août 

 

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Et le Sagittaire, 22 novembre-21 décembre

 

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Yantra Raj : 

 

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Le « roi des instruments », l’instrument du roi. Le favori du maharaja, qui écrivit deux volumes pour en préciser le principe et son usage. Son axe central représente l’étoile polaire. Plus-haut, à 27° exactement, pas à côté, pas n’importe où, se trouve la ligne correspondant à la latitude de Jaipur. La circonférence est divisée en 24 heures. Le cercle intérieur, exactement, juste en dessous, est gradué en 360°… Mon tout permet de calculer la position de plusieurs constellations. C’est sûrement un rêve astronomique, une extraordinaire carte du ciel, un disque doré de plus de deux mètres de diamètre.

 

Si sous le règne de Sawai Jai Singh II, les Lumières se répandirent sur son territoire, à sa mort ses observatoires menacèrent vite ruine. De celui de Mathura il ne reste d’ailleurs rien, ses instruments de cuivre ayant même été vendus au poids du vil métal. Funeste signe des temps !

Vous trouverez une présentation générale dans la première partie de cet article en cliquant ci-dessous :

https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/jantar-mantar-quand-la-science-se-conjugue-avec-art-1-3?xg_source=activity

Ce qui ne nous empêchera pas de poursuivre, instrument par instrument, la visite de Jangar Mantar, restauré une première fois en 1901, aujourd'hui sauvegardé comme Patrimoine mondial de l'UNESCO, dans le troisième et ultime volet de ce billet.

Michel Lansardière (texte et photos)

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Commentaires

  • Sonia, le maharadja et moi, son humble serviteur, te remercions pour ta visite et ton appréciation.

  • Merci à Carmen, Martine et Robert pour votre soutien. Puisqu'il en est ainsi, tant pis, je me mets à la suite !

  • Merci Antonia pour ta visite et ta fraîcheur.

  • Merci Nicole pour ton charmant message, amical et encourageant. Une petite pause, quelques ajustements et je donnearai la suite.

  • Très bien documenté cet article et tout aussi bien illustré. Comme je ne suis jamais allée là bas, tout est nouveau pour moi et intéressant. Merci, Michel.

  • Toujours présente, discrète et attentive, un commentaire qui me touche Rose-Marie. Et heureux de raviver de bons souvenirs.

  • Merci Béatrice, il faudra que je retouche un peu ce billet.

  • Merci Adyne pour ce commentaire laisséé sur ma page.

    Un témoignage d'amitié qui fait toujours plaisir.

  • Merci Alexis.

    Ces oeuves d'art qui témoignent d'un lointain passé dans un Orient mystérieux nécessiteront bien quelques petits ajustements pour rester ce qu'elles sont avant tout, des instruments scientifiques, avant que de me lancer dans la troisième partie de cette série.

  • Tour à fait David (d'où le titre de  la première partie "Quand la Science se conjugue avec Art)

    Si, dans le premier article, j'ai insisté sur l'aspect sculptural, si impressionnant, j'essaierai, tout en conservant le cadre, d'ouvrir le prochain billet à la peinture et à la musique.

    Amitiés, et à bientôt.

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