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administrateur théâtres

LES CAPRICES DE MARIANNE (théâtre Royal du Parc)

     Du 13 janvier au 12 février 2011

         au théâtre Royal du Parc    

     LES CAPRICES DE MARIANNE

       FANTASIO

       Deux comédies romantiques d’ Alfred de Musset 

       Mise en scène : Jean-Claude Idée

 Avec : Jean-François Brion, Yves Claessens, Lisa Debauche, Jean-Claude Frison, Gauthier Jansen, Michel Poncelet, Laurent Renard, Dominique Rongvaux, Manuela Servais, Vincent Vanderbeeken, Elisabeth Wautier.

 

Mise en bouche :

 

Les caprices de Marianne se déroulent à Naples. Marianne, jeune femme orgueilleuse, a épousé Claudio, un juge austère et misanthrope. Coelio, jeune homme sensible et sentimental s’éprend d’elle. Trop timide pour l’aborder, il sollicite les services d’Octave, son ami d’enfance, libertin notoire. La dualité de Musset libertin (Octave) et romantique (Coelio) s’exprime ici clairement pour la première fois.

 

Fantasio est un jeune noceur débauché, désargenté, tour à tour cynique et mélancolique. Poursuivi par ses créanciers, il reprend – pour échapper à la prison – la fonction du bouffon du roi de Bavière, qui vient de mourir. On prépare les noces de la princesse, sa fille avec le belliqueux prince de Mantoue. Une étrange relation s’installe entre ces deux jeunes gens que tout sépare.

 

Dans l’assiette :

 

Le pur bonheur de l’art du spectacle. Un  rideau de velours se lève… Bigre ! Il manque les trois coups… Cela ne se fait plus ! Mais le décor est auguste. Deux ensembles de colonnes en rotonde et marches amovibles se métamorphosent en palais, maison, rue, tonnelle, jardin, prison…. avec la grâce de gondoliers vénitiens à l’œuvre. L’imaginaire fait le reste : l’église, cette place, ces petits orangers verts, cette cascade fraiche… La vie légère, les tavernes, les balcons, les jalousies d’où l’on observe… L’atmosphère de carnaval, brillante et cruelle.  Ce décor virevoltant est néanmoins complètement moderne par son dépouillement. Les costumes sont dignes de Watteau, matelas de soieries indiennes et, dans Fantasio, un piano à queue et son pianiste  sur un plateau qui virevolte tout autant.

 

Dégustation :

 

Les visages radieux  de la jeunesse : Lisa DEBAUCHE, Elisabeth WAUTIER, Gauthier JANSEN, Dominique RONGVAUX et les autres…  Ceux, décomposés de la vieillesse , de l’avarice des sentiments, de la bêtise et de la médiocrité. Le corps entier de Coelio, au bord de l’inanition tant la sincérité de  son amour le fait souffrir. Les mines compassées de la belle Marianne, une poupée de bénitier tant qu’elle ne s’est pas jetée dans une sainte colère où elle révèle  enfin son irrésistible charme. Elle est alors sublime.

 

Un bouffon craquant d’intelligence, et de facéties, de bons mots, d’espièglerie et de calembours et le ridicule du pouvoir et de la guerre. Tout de même aussi, la tendresse d’un père et l’obéissance de sa fille, pétrie de devoir juste. Avant tout elle veut arrêter la guerre et s’offre généreusement  à cette  noble poursuite.

 

Des moments de vertige : « moi, cela me fait frémir : c'est l'histoire du siècle entier. L'éternité est une grande aire, d'où tous les siècles, comme de jeunes aiglons, se sont envolés tour à tour pour traverser le ciel et disparaître ; le nôtre est arrivé à son tour au bord du nid ; mais on lui a coupé les ailes, et il attend la mort en regardant l'espace dans lequel il ne peut s'élancer. » Fantasio, Acte 1 scène 2

  

La pièce montée :

 

Des nuages de langue française, classique, harmonieuse,  balancée,  belle, sensible, bien dite, un ravissement pour l’oreille. Et la musique….

 De la musique napolitaine plein les yeux, à cause des tambourins et guitares que l’on imagine, et cet inénarrable pianiste sur son plateau tournant,  qui chevauche aussi bien Chopin et Beethoven que Mendelssohn ou la panthère rose. Le tout baigné d’humour pétillant dans l’atmosphère féerique des plus belles comédies de Shakespeare. Clin d’œil élisabéthain.

Nul ne peut résister à un bouquet parfumé de tels talents, prêt à ravir toutes les papilles de l’âme. Le  vin fin (Lachrima Christi)  et le champagne de l’esprit coulent à flots et avec délices.

 

Point de mignardises: une soirée royale! 

                            

                                      http://www.theatreduparc.be/spectacle/spectacle_2010_2011_003

 

                    

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Commentaires

  • J'ai écrit un billet sur mon blog suite à la représentation de vendredi; vous le trouverez à cette adresse: http://artetlitterature.blogspot.com/2011/01/jetais-seul-lautre-soi...

    Bon dimanche...

  • Entièrement d'accord: à voir!
  • J'y vais ce samedi!
  • Mon penchant irait d'abord pour Musset dont la belle langue bercerait mes oreilles, bien que j'aurais envie de voir les autres spectacles, mais on ne peut pas TOUT voir, pour une question de temps et d'autres engagements.

     

    Merci à toi, Deashelle, pour tes billets colorés, curieux, dynamisants, émouvants et drôles, ils nous tiennent en haleine, grâce à ta plume alerte, qui galope sur les chemins d'Arts et Lettres!

    Tu me donnes bien envie d'aller faire un tour du côté de Musset, pour sa langue fine, précise, espiègle, qui colore les situations les plus cocasses et dramatiques!

    Belle semaine à toi, ensoleillée de mots et de pensées, de créations multiples!

    Amicalement,

    Pascale

  • Je pense bien aller voir le spectacle - sauf intempéries imprévues. Merci de me confirmer dans cette envie!

    Françoise

  • administrateur théâtres

    Acte 2 scène 3

     

    MARIANNE. - Pourquoi cela ? Vous voyez que j'écoute. Coelio me déplaît ; je ne veux pas de lui. Parlez-moi de quelque autre, de qui vous voudrez. Choisissez-moi dans vos amis un cavalier digne de moi ; envoyez-le-moi, Octave. vous voyez que je m'en rapporte à vous.
    OCTAVE. - O femme trois fois femme! Coelio vous déplaît, - mais le premier venu vous plaira. L'homme qui vous aime depuis un mois, qui s'attache à vos pas, qui mourrait de bon coeur sur un mot de votre bouche, celui-là vous déplaît ! il est jeune, beau, riche et digne en tout point de vous ; mais il vous déplaît ! et le premier venu vous plaira ! .
    MARIANNE. - Faites ce que je vous dis, ou ne me revoyez pas. (Elle sort. ) OCTAVE, seul. - Ton écharpe est bien jolie, Marianne, et ton petit caprice de colère est un charmant traité de paix. il ne me faudrait pas beaucoup d'orgueil pour le comprendre : un peu de perfidie suffirait. Ce sera pourtant Coelio qui en profitera. (Il sort.)

     

  • administrateur théâtres

     

    Drame de l’amitié, drame de l’amour. Le destin est cruel et absurde, Octave a résisté aux avances de Marianne….

     

    OCTAVE, seul. - Écris sur tes tablettes, Dieu juste, que cette nuit doit m'être comptée dans ton paradis. Est-ce bien vrai que tu as un paradis ? En vérité, cette femme était belle, et sa petite colère lui allait bien. D'où venait-elle ? C'est ce que j'ignore. Qu'importe comment la bille d'ivoire tombe sur le numéro que nous avons appelé. Souffler une maîtresse à son ami, c'est une rouerie trop commune pour moi. Marianne ou toute autre, qu'est-ce que cela me fait ? La véritable affaire est de souper ; il est clair que Coelio est à jeun. Comme tu m'aurais détesté, Marianne, si je t'avais aimée ! Comme tu m'aurais fermé ta porte ! Comme ton bélître de mari t'aurait paru un Adonis, un Sylvain, en comparaison de moi ! Où est donc la raison de tout cela? Pourquoi la fumée de cette pipe va-t-elle à droite plutôt qu'à gauche ? Voilà la raison de tout. - Fou ! Trois fois fou à lier, celui qui calcule ses chances, qui met la raison de son côté ! La justice céleste tient une balance dans ses mains. La balance est parfaitement juste, mais tous les poids sont creux. Dans l'un il y a une pistole, dans l'autre un soupir amoureux, dans celui-là une migraine, dans celui-ci il y a le temps qu'il fait, et toutes les actions humaines s'en vont de haut en bas, selon ces poids capricieux. UN DOMESTIQUE, entrant. - Monsieur, voilà une lettre à votre adresse ; elle est si pressée que vos gens l'ont apportée ici ; on a recommandé de vous la remettre, en quelque lieu que vous fussiez ce soir. OCTAVE Voyons un peu cela. (Il lit.) " Ne venez pas ce soir. Mon mari a entouré la maison d'assassins, et vous êtes perdu s'ils vous trouvent. " " MARIANNE. " Malheureux que je sois ! Qu'ai-je fait ? Mon manteau ! Mon chapeau ! Dieu veuille qu'il soit encore temps ! Suivez-moi, vous et tous les domestiques qui sommes debout à cette heure. Il s'agit de la vie de votre maître. (Il sort en courant.)

  • administrateur théâtres
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