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♦ La greffe à l'arbre instruit

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Je garde mémoire et leçon des peuples dispersés

Leurs chansons de beauté triste mais à l’âme insistante

Tout ce qui rend libre même de rêves reportés

Tout ce qu’il nous faut garder comme flammes ardentes

 

J’y ai planté mon idéal, ne demandant rien d’autre

Et vivre et aimer et mourir, simplement, souhaitant 

Avoir au jour dernier l’heure apaisée de toute faute

La concession d’un endroit où me parlera le vent 

 

Bien sûr, je sais la chance répétée qu’il faut pour ça

Ne me fermez pas les yeux déjà sur ce qui n’est pas     

 

Je garde mémoire et leçon de peuples enchaînés

Par des voix ébène et coton qui ont mis l’espérance

Dans un creuset de temps double, long mais porté

A tout rendre gorges pleines des jours de délivrance            

 

J’y ai planté tout art vivant, le mouvement, la marche

La distance à parcourir par le corps et par l’esprit

La partance à choisir pour ne pas devenir lâche

La portance de tout rêve, génie ou utopie  

 

Bien sûr, je sais chaque pas difficile du combat

Mais ne dites pas ma voix se séparer d’autres voix

 

Je garde mémoire et leçon des peuples opprimés

Avant toute idée d’abandon refermé, bouches closes

Je dis des planches de salut à encore nommer

L’épi et l’olivier, l’enraciner de mille choses

 

J’y ai planté cent fois ma vie comme incroyable richesse

C’est toujours même culte rendu à l’air et à l’eau

A la terre qui me nourrit, au plumeau des caresses 

Au mystère de l’émotion, à l’instant fleur de peau

   

Bien sûr, je sais les drames, les grands malheurs et leur poids

Ne laissons pas aujourd’hui mourir de faim et de froid

 

Je garde mémoire et leçon de mon cher peuple incliné

Comme une prière ancienne et à l’adresse imprécise

Un espoir qui repousse tout non sens des destinées              

Un merci de paix profonde à toute science transmise

       

J’y ai planté ma vie forte comme un retour à la source

Comme une greffe à l’arbre instruit des vents et du temps

Un univers pénétré fait d’étonnantes ressources

De ce qui mène aux beautés, prime cœur des sentiments

 

Je sais ce qu’on peut perdre jusqu’au plus grand désarroi

Mais restez tout choix humain de l’alpha à l’oméga

 

© Gil DEF - 14.01.2011

- Manifestement Cherche-Monde -

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Commentaires

  • Bonjour Valériane,

     

    Depuis quelque temps déjà, je suis venu à penser que la poésie avait quelque chose à voir avec l’esprit de la maison primitive conçue comme un cercle autour d’un feu. Dans cette maison primitive, à défaut de pouvoir appréhender le monde tout autour, trop grand, les groupes humains pouvaient au moins se parler et se rassurer dans la proximité d’un feu. Qu’on le veuille ou non, le monde est toujours trop grand pour tout être humain et nous sommes toujours au beau milieu d’un immense océan d’incertitudes. Le poète n’est-il pas toujours et encore celui qui a fonction d’éclairer, tout en pensant qu’il ne doit en aucun cas en faire un pouvoir exclusif et qui disparaîtra avec lui. S’agit-il d’éclairer fort et loin comme un phare ou plutôt encore comme un soleil ? Je pense que sont excessivement rares ceux qui peuvent le faire, et que ce n’est pas à mon sens du pouvoir d’un être humain, c’est pourquoi je crois davantage à l’efficacité du relais des éclaireurs de la proximité, du gagne-terrain sur l’obscurité.

    Pour ce qui est de la lumière, de la fonction d’éclairage du poète, j’ai noté que c’était une obsession chez Philippe Jacottet par exemple qu’on présente comme « amour professé de la lumière, qu'il aime assez pour vouloir qu'elle circule dans les mots qu'il trace, et pour veiller à n'écrire aucune ligne qui ne soit pour le lecteur un chemin de clarté ».   

     

    Bonne journée. Amitiés. Gil

  • Mes vifs remerciements adressé à Gil le lumineux pour le soin apporté à son commentaire pertinent en deux actes faisant écho à cette magnifique "Prière" d'Albert Cohen ...

    Comme il me semblerait juste de pouvoir y répondre ! Hélas, une fois encore, les heures de liberté me font défaut pour vous transmettre à quel point je me régale à vous lire et combien je savoure la richesse de ce dialogue.

    Mais faut-il nécessairement faire l'éloge de la "beauté-bonté"pour paraphraser François Cheng ?

    Vous m'évoquez les rares  créateurs de notre présent dotés d'élans humanistes auxquels nul ne songerait à remettre en cause l'authenticité d'engagement, toutes disciplines confondues ;

    "Brillante étoile"...

  • Bonjour

     

    Je tenais à remercier Monsieur Robert Paul pour le signalement de ce texte et les personnes qui ont laissé des appréciations postives après leur lecture. Ces encouragements là me font le plus grand bien.

     

    Bonne journée. Amitiés. Gil

  • Bonjour Rebecca

    Il nous est impossible de savoir dans quel sens ira l’histoire de l’espèce humaine, ne serait-ce que pour ce siècle qui, ne l’oublions pas, suit le siècle le plus épouvantable, le plus tragique de toute son histoire passée. Comme vous, je veux bien émettre l’hypothèse que l’humanité trouvera une voie nouvelle où il sera possible à chacun d’avoir une vie au moins acceptable et où se concrétiseront bien des quêtes d’harmonies quand bien même il faut envisager cela dans un avenir très lointain, un avenir que nous ne vivrons pas en tout cas. Bien sûr, je préfère infiniment cela à un discours de totale désespérance ou qui s’ajouterait aux discours calamiteux des prophètes et prêcheurs de l’apocalypse, qui n’ont de cesse de dégrader les portraits de l’espèce humaine, d’en faire les pires créatures qui soient, et d’en appeler à des religions, à des politiques, à des pratiques de punition et de haine.

    Mais ce qui motive mes propres engagements en écriture comme dans la vie courante n’est pas la défense ou la promotion d’une utopie, fusse-t-elle des plus séduisantes, et supposée du plus grand humanisme qui soit. Ma conviction c’est que trop de rêve tue le rêve, aussi bien au niveau individuel que collectif. Mes expériences et les enseignements de l’histoire me font dire que la proposition de rêves inaccessibles, aux antipodes, à des années-lumière des réalités n’est pas mobilisatrice des énergies, et des talents que nous pouvons avoir, individuellement et collectivement. Au contraire, si elle peut un temps flamboyer, éblouir, exalter, elle est tueuse à terme de l’esprit et de la raison, telle proposition devient aisément dictature pour finir en territoire de renoncement, de résignation, de désespérance mortifère quand rien ne peut être atteint ou concrétisé. Au fil du temps, je crois avoir compris que l’humanisme se fourvoie d’être une idéologie ou une morale, et perd sa crédibilité, son efficacité quand il se contente de répéter, de manier et de moderniser des rêves. L’humanisme gagne chaque fois qu’il réussit à faire passer dans la réalité des parts de rêves, il perd pied quand les rêves restent rêves et finalement ne font que s’éloigner davantage. Ce que je constate dans le texte de Albert Cohen, c’est qu’il perd pied d’un rêve de paix et de fraternité qu’il a eu toute sa vie et qui n’est pas passé dans la réalité, et comment ne pas le comprendre quarante ans plus tard quand les dictatures, les misères et les guerres sont encore et toujours. Sa prière, sa supplique n’est-elle pas un mélange de tristesse, de colère, de déchirement, l’aveu aussi de son impuissance face à l’escalade des industries de la mort, l’aveu d’un empêchement majeur à sa propre paix intérieure.

    Et si humaniste, c’était d’être humain avant tout. Et si c’était une lucidité douloureuse d’admettre notre petitesse, notre imperfection, nos contradictions et la nécessité de prendre à bras-le-corps les réalités avant de voir ce qu’il faut en penser et ce qu’on peut en faire.  Et si c’était aussi cette difficulté permanente pour une nécessaire et juste estimation des talents, des capacités, de l’intelligence de l’être humain à pouvoir construire des sociétés efficaces pour ce qui est d’offrir des perspectives de progrès et de choix multiples de vivre. En tout cas, pour la période d’intérim que nous vivons, je suis convaincu que c’est d’un humanisme à la fois pragmatique et inventif dont nous avons besoin, et qu’il y a beaucoup à faire encore pour qu’il prenne le dessus sur les idéologies du passé.

    Comme Albert Cohen, je réclame de l’action, des actes et non pas la répétition des grands principes et des utopies en territoire d’inertie car il faut nous garder mémoire et leçon des peuples dispersés et opprimés qui ont été trahis. J’essaie ainsi pour ma part cette philosophie : les deux pieds plantés dans le sol pour le réalisme, le nez dans les étoiles pour l’idéalisme, et un tout réfléchi dans la dialectique.

    Je vous remercie de vos contributions à ces échanges que j’envisage fructueux.

     

    Bonne fin de journée. Amitiés. Gil

  • Bonjour Valériane

     

    A propos du texte de Albert Cohen …

     

    Depuis que j’écris et que j’ai les moyens de la constance, d’un artisanat appliqué en écriture, je me pose régulièrement la question de ce qui me pousse à écrire, de ce qui m’habite et m’obsède comme le dit Aragon parlant des poètes. Je me demande aussi si c’est quelque chose qui puisse servir à d’autres que moi-même, et dans quel sens. Souvent, je ne suis pas loin de penser que ça ne sert à rien d’écrire. Parfois même, quand le mal d’écrire épuise, perd tout sens en territoire de futilité ou d’indifférence, je ne suis pas loin de renoncer. Il est sûr que l’époque y est pour quelque chose, qui est celle du bruit, du temps pressé, zéro, vidé. Comment faire avec le flot d’informations monopolisé par les pouvoirs, et les groupes d’intérêt, avec l’invasion, l’agression publicitaire, l’image sans propos qui tue la réflexion. Comment faire avec le tout conçu et fait dans l’immédiat, le paraître, le nombrilisme, le chacun pour soi, l’entre soi et advienne que pourra. Comment se faire entendre dans ce monde là, j’en arrive où je suis étranger, disait déjà Aragon, avant même le monde trop grand, et la culture de l’insignifiant. Comment ne pas être classé comme un drôle de type comme le chantait Léo Ferré. Comment ne pas rejoindre les paumés, les exclus, le monde des ratés, et comment ne pas s’exclure soi-même à ne pas vouloir faire comme tout le monde, à ne pas vouloir parler comme tout le monde des préoccupations, des bons et des mauvais plans du moment.

    Pourquoi donc persister à écrire et quand ça ne sert même pas à gagner quelques sous, même pas à se payer un restaurant, même pas à s’offrir des vacances, quelques jours de villégiature au bord de la mer, ni au recto, ni au verso des cartes postales ? Il faut croire qu’il y a un courant qui passe chez celui qui écrit, et qu’il ne sait, ni ne veut l’empêcher de parler. Il faut croire qu’il est veine, artère, besoin de sang frais comme disait Aimé Césaire, jusqu’à pouvoir garder la place rouge des lèvres, et le souffle à découdre la bouche au point d’un tout à déclamer et à chanter. Peut être bien que c’est tout simplement la vie qui s’obstine entre être et ne plus être. Peut être bien que c’est pour une part l’obligation d’en prendre congé, de la mourir peu à peu, et chaque fois, le rappel que nous n’irons jamais loin, que le monde humain est fait de gens tôt ou tard séparés, et qui n’ont d’autre choix que de s’accrocher aux multiples talents de l’amour sinon c’est se départir de tout. Peut être bien qu’écrire est une entreprise où l’on entre comme en sacerdoce, comme en religion avec pour seul contrat d’être, d’assumer que rien n’est précaire comme vivre, de se prémunir de simagrées et des vanités pour plus d’honnêteté. Peut être bien que telle entreprise est de se questionner, et de questionner chacun passant à proximité: D’où viens-tu ? Où vas-tu donc ? Rien de plus, et pourtant, c’est beaucoup, il faut bien du temps pour y répondre, pour faire un être humain accompli. Il n’y a rien à atteindre au bout du Grand Chemin. Seul compte le cheminement, de chaque jour, de chaque pas, de chaque métamorphose de l’infini-seconde. Comment ne pas faire prière répétée de prières anciennes, millénaires, pour des subsistances vitales, pour le couvert et le gîte, pour des refuges les jours mauvais, pour des contrées hospitalières, et pour les plus heureuses compagnies en cours de route. Peut être bien qu’écrire, c’est l’histoire de qui va à l’essentiel, marche, se repose, et puis marche encore, jusqu’au point de se reconnaître un jour dans le miroir profond que représente tout autre de la même espèce, jusqu’au point de lui renvoyer cette même planche de salut. S’il y parvient au moins une fois, alors, il ne lui reste plus qu’à souhaiter vivement et à tout faire pour que cette instance là se répète, se multiplie au-delà de son temps, et que l’entreprise des amours prospère aux dépens des entreprises aveugles et sourdes de la mort, auxiliaire de la pire iniquité qui soit.   

    Vous me direz pourquoi tel détour pour parler du texte de l’écrivain Albert Cohen, extrait de « O vous, Frères humains ». Je ne voulais pas cette facilité, cette promptitude d’une accordance à ce principe « tu ne tueras point », un principe bien plus ancien qu’on ne croit, que je conçois bien antérieur aux grandes religions des Livres, et admis plus bien au-delà de leurs cadres. Je suis persuadé que ce n’est pas cette facilité d’accordance à un principe qu’il cherchait. C’est bien plus une forte invitation à s’interroger sur le pourquoi des réalités où les principes même considérés sacrés sont bafoués et ne valent rien, où les entreprises de la mort ont de plus en plus de moyens, de méthodes, de stratégies sophistiquées pour détruire massivement, et ce, surtout dans les pays les plus avancées, et qui se prétendent civilisées. C’est un pourquoi ça, quasiment désespérant, ce pourquoi, lui, qui sait se reconnaître en tout autre être de son espèce, et depuis si longtemps, et comme ce n’est pas le cas pour beaucoup trop, en quantités de conflits incessants, violents et meurtriers. C’est une prière obstinée, une exhortation pour que ça change qu’il transmet avant de se départir. Alors vous pouvez comprendre pourquoi mon long détour initial, et combien je suis dans les mêmes dispositions d’esprit de ne pas me fier à des principes, à des lois mais de m’obstiner en humanité en dépit de tout ce qui ne va pas dans ce monde, si désespérant quand il devient trop grand et nous, plus petits que jamais auparavant.

    Vous avez si bien fait de produire ce texte ici, car peut être bien que j’aimerais ce portrait de qui a toujours fait prière d’augmenter les territoires de paix et de fraternité, depuis le temps précoce de l’abaque de ses dix doigts pour compter sa première fratrie.

     

    Bonne fin de journée. Amitiés. Gil                                  

  • Génial cri des Temps, cet appel phare d'Albert Cohen, Valériane.

    Souvent, je me fais la même réflexion et supplique et alors je regarde au lointain, très loin dans l'avenir ....

    Avenir dont les germes sont déjà en train de timidement poindre dans l'adversité.

    Contre le désespoir, je sais que se forgera dans la douleur la plus profonde ce temps béni

    où nous serons sortis de ces temps de folie,ces temps archaïques et sauvages dérisoires

    de guerre et désir de domination où l'homme ne répand que misère et détrempe notre mère terre de sang,

    encore de sang, toujours de sang ... des sacrifiés.

    Ces temps d'une nouvelle terre métamorphosée, d'amour et de beauté, je la sais en marche

    Elle sera création dans l'harmonie pour le bien de chacun et de tous

    et construite par des milliers de désirs de bonté, désir de construire et protéger,

    après avoir secouer le joug d'esclavage des Greedy qui tirent les ficelles des marionnettes

    assoupies ... et rusent dans l'ombre pour le Profit et main basse sur tout

    et par dessus tout pour assoir mieux leur pouvoir et fermer le couvercle du ciel étoilé,

    pour robotiser l'homme,

    Mouvement déshumanisé des Transhumains de la nano et Silicone Valley déchue de

    sa ligne première.

  •  

                             " Page blanche, ma consolation, mon amie intime lorsque je rentre du méchant dehors qui me saigne chaque jour sans qu’ils s’en doutent, je veux ce soir te raconter et me raconter dans le silence une histoire hélas vraie de mon enfance. Toi, fidèle plume d’or que je veux qu’on enterre avec moi, dresse ici un fugace mémorial peu drôle. Oui, un souvenir d’enfance que je veux raconter à cet homme qui me regarde dans cette glace que je regarde.

                            Pour moi qui vis avec ma mort depuis mon enfance, je sais que l’amour et sa sœur cadette la bonté sont les seules importances. Mais comment le faire croire à mes frères humains ? Jamais ils ne le croiront en vérité, et je suis resté le naïf de mes dix ans. Mais je dois leur dire ce que je sais et advienne que pourra de ma folie. O vous, frères humains, connaissez-vous la joie de ne pas haïr ? Ainsi dis-je avec un sourire, ainsi dis-je en mon vieil âge, ainsi au seuil de ma mort.

                          Que cette épouvantable aventure des humains qui arrivent, rient, bougent, puis soudain ne bougent plus, que cette catastrophe qui les attend ne les rende pas tendres et pitoyables les uns pour les autres, cela est incroyable. Mais non, pensez-vous, voyez-les se haïr les uns les autres (…). Voyez-les en leurs guerres se tuer les uns les autres depuis des siècles, se tuer abondamment malgré leur loi d’amour du prochain, loi qui est d’ailleurs de ma race, inscrite en premier dans le Lévitique au chapitre dix-neuf, verset dix-huit. Voyez-les, ces singes rusés, voyez-les depuis des siècles avec successivement leurs flèches, leurs haches, leurs lances, leurs piques, leurs hallebardes, leurs nobles épées, les petits salauds, leurs arquebuses, leurs fusils, leurs baïonnettes troueuses de ventres, leurs mitrailleuses, leurs bombes à billes, leurs bombes au napalm, leurs chères bombes thermonucléaires, leurs missiles sol-sol et sol-air et mer-sol et bientôt lune-terre, et, délice et fierté, leurs missiles anti-missiles à tête chercheuse.

                          Telle est leur voie, telle est leur folie.

                          (…) Et tout en clamant depuis des siècle leur amour du prochain, ces singes vêtus continuent à adorer la force qui est capacité de nuire. O amour du prochain.

                          O vous , frères humains et futurs cadavres, ayez pitié les uns des autres, pitié de vos frères en la mort, pitié de tous vos frères en la mort, pitié des méchants qui vous ont fait souffrir, et pardonnez-leur car ils connaîtront les terreurs de la vallée de l’ombre de la mort. Oui, frères, ne plus haïr, par pitié et fraternité de pitié et humble bonté de pitié, ne plus haïr importe plus que l’amour du prochain.

                         O vous, frères humains, vous qui pour si peu de temps remuez, immobiles bientôt et à jamais compassés et muets en vos raides décès, ayez pitié de vos frères en la mort, et sans plus prétendre les aimer du dérisoire amour du prochain, amour sans sérieux, amour de paroles, amour dont nous avons longuement goûté au cours des siècles et nous savons ce qu’il vaut, bornez-vous, sérieux enfin, à ne plus haïr vos frères en la mort.

                        Ainsi dit un homme du haut de sa mort prochaine.

     

    Albert Cohen

    Extrait de « O Vous, Frères Humains », 1972

     

  •  Je présume que vous savez maintenant depuis quelques saisons, cher Gil, combien grâce à votre hauteur de pensée humaniste si admirablement traduite par le style de votre plume, que vous avez su réunir autour de vous, non pas de pâles courtisans sans grand intérêt, mais de fidèles lecteurs avides de venir se ressourcer auprès de vos écrits, contribuant à leur faire oublier, ne serait-ce que l'espace d'un instant, leur condition, "Frères humains" enclins à une indéniable "pente", pour paraphraser une locution de notre philosophe de Château-Thierry, celle de s'illustrer par des bassesses et compromissions et autres petitesses auxquelles il nous arrive tous, autant que nous sommes, de céder, oubliant à quel point, cependant, nous ne sommes que de passage sur cette planète Terre, goûtant les honneurs synonymes de faux amis, cultivant à outrance la vanité d'une existence réfléchissant des miroirs aux alouettes, rets dans lesquels nous nous laissons aisément prendre, hélas, au détriment de valeurs authentiques !

    Dieu merci, il est des êtres pour nous rappeler  ce que notre égarement comporte de délétères et de perfides traitrises tant  envers nous-mêmes qu'envers notre prochain...

     Égal à vous-même au fil des pages dont vous nous faites l'offrande et que nous savourons allègrement, au sein de ce réseau unique d'Arts et Lettres", il me tenait à cœur de m'associer aux membres amis qui ne manquent jamais de vous saluer, en vous transmettant ceci  :

    Vous faites indéniablement partie des "Élus" dotés de la rare faculté de nous émouvoir avec constance, en réussissant la prodigieuse alliance du fond et de la forme et ce, toujours dans un savant équilibre, une juste mesure, en dépit de vos révoltes intérieures infusant votre raison :

     

    "C'est avec la tête qu'on écrit. Si le coeur la chauffe, tant mieux, mais il ne faut pas le dire.

    Ce doit être un four invisible.."

    Gustave Flaubert

     

    Grand merci à vous, Gil de lumière.

  • Bonjour Léopold

     

    Je ne peux qu’apprécier ton passage et ton commentaire positif.

     

    Bonne fin de journée. Amitiés. Gil

  • Bonjour Rebecca

     

    A diverses reprises, je n’ai pas manqué d’indiquer tout le bien que je pensais de ce réseau à cause de la générosité de son administrateur qui trouve de nombreuses correspondances parmi les membres. Je puis avec plaisir répéter que j’ai tout lieu d’être satisfait, heureux d’en être, d’autant que le nombre et la richesse des échanges que je peux avoir ici dépassent grandement les espérances que je pouvais avoir lors de mon inscription il y a bon nombre de mois.  

    Pour ce qui est de l’attention porté à mes textes et autres publications, je suis effectivement particulièrement bien soigné par nombre de personnes et c’est avec infiniment de gratitude et de plaisir que je réponds nommément à chaque commentaire tout comme je le fais pour les œuvres des autres membres qui me plaisent ou m’interpellent. Si ma poésie déclenche des rappels, des prolongements en poésie, que dire sinon que c’est un but qu’il est heureux d’atteindre quand on aime cette compagnie de poésie et des auteurs qui l’ont pratiqué et la pratiquent de même passion, de même obstination. Qui me lit est d’ailleurs à même de relever que je suis aussi sans cesse à faire des références ou des clins d’œil à d’autres auteurs, d’autres textes.

    Vous faites bien d’encenser tous les échanges fructueux et de répéter ici ces deux extraits donnés par Dame Claudine et Dame Barbara car j’ai toujours donné raison à ceux qui répètent des choses belles et d’importance. N’est-ce pas là une belle persistance souriante de la déformation professionnelle qu’on peut avoir eue en tant qu’enseignant, parent, et si souvent répétiteurs ?

     

    Bonne fin de journée. Amitiés. Gil

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