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L'automne JGobert

Le jour se lève. L’aube est grise et emplie d’un léger brouillard glaçant. La végétation est couverte de gouttelettes d’argent. Un froid nouveau s’installe. Quelques rayons de soleil trouent cette couche fiévreuse et se fraient un chemin vers la terre.

Depuis quelques jours, l’automne est revenu et surprend de nouveau les hommes. La végétation s’installe dans un monde immobile, figé, endormi par un frimas envahissant. Petit à petit, la vie végétale aux mille couleurs se meurt lentement et disparaît ne laissant que de pauvres trépas décharnés, tombant mollement sur un sol inconfortable.

Jeanne a le cœur gros de voir ainsi se transformer les beautés de l’été en immenses champs de ruines. Son âme s’alourdit de tristesse. Là où patiemment la terre a enfanté des merveilles, des chefs-d’œuvre, des bouquets de vie, il ne reste que des corps meurtris, blessés. Les fleurs sont lasses de se battre et abandonnent le combat contre cette nature qui n’en veut plus.

Chaque retour de l’automne sonne le temps du souvenir et le temps du doute pour Jeanne. Sa vie a pris un tournant inattendu dans le tumulte de cette saison, bouleversant ainsi son existence et son entourage. L’automne lui ramène en mémoire ses mélancoliques mélodies passées, ses doux chagrins de l’absence, ses vieilles disgrâces d’un monde révolu

La joie simple de Jeanne s’efface chaque année avec les images attachées au triste spectacle maussade de cette nature mourante. Elle n’aime guère cette période de repli qui commence. Rester confinée de longues semaines ne l’enchante pas. Rien ne la réjouit dans les jours à venir.

La nature n’est ni complaisante, ni indulgente. Elle est plutôt inflexible et rien ne lui résiste, ni ne la freine. Elle domine. Jeanne le sait. Elle a pu ressentir à plusieurs reprises le pouvoir terrible qui l’entoure. Il est inutile de se battre contre cette puissance. Elle en est le maître du monde.

Depuis longtemps, Jeanne connaît la faculté de cette dame nature à régenter, à distribuer ou à ôter sans compter, froidement et impassiblement la vie. Elle se souvient des grands poètes qui ont chanté les charmes, les envoûtements de cette nature, d’autres qui ont pleuré les débordements, les dévastations, les morts.

Dame nature est intraitable et reprend toujours le pouvoir sur les hommes et sur la terre. Elle ne partage qu’un instant ses droits, ses besoins. Sa maîtrise est infinie. Les chocs, les cassures, les coups ravageurs, dévastateurs persistent dans la mémoire de Jeanne.

L’automne aux couleurs de sang flamboyant, éclatant s’installe de nouveau et donne le ton pour les semaines à venir. Malgré la beauté éphémère, passagère de certains tableaux, la nature tisse une nouvelle toile asphyxiante et se souvient aisément des égarements, des sottises de notre société. Elle aimera nous les rappeler.

Doucement l’automne endormi s’éveille. Jeanne s’installe dans cette douloureuse saison encore engourdie, annonceuse de jours difficiles.

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Commentaires

  • Merci Gilbert. Cet automne a aussi sa vérité. Avec ce soudain déclin de la nature, cette mise forcée au repos, nous aussi vivons au ralenti le temps d'un hiver pour mieux revivre au printemps. Ne sommes nous pas tous logés à la même enseigne ?  Nature, animaux, humains.

    Et ces moments devant un feu de bois...je les attends .

    Amitiés

    Josette

  • Près de l'âtre qui crépite, les pieds en équilibre sur quelques bûches, le regard captivé par les flammes qui dansent et cette évocation fort poétique de l'automne. Une rédaction profondément touchante, Josette.
    Amitiés, gilbert.

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