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        L’ART, MYSTIQUE DE LA NATURE : L’ŒUVRE DE DOROTHEE DENQUIN

Du 10 - 06 au 27 – 06 – 15, l’ESPACE ART GALLERY (Rue Lesbroussart, 35, 1050, Bruxelles), a le plaisir de vous présenter l’œuvre de l’artiste française, Madame DOROTHEE DENQUIN, intitulée : D’ART ET DE NATURE.

Est-ce l’Art qui imite la Nature ou est-ce le contraire ? Certes, le débat est né intrinsèquement avec l’apparition de l’Art comme projection de la pensée humaine. Bien des théories ont été échafaudées à ce sujet. La plus célèbre d’entre elles demeure celle d’Oscar Wilde, pour qui c’est la Nature qui imite l’Art. Mais nous savons bien qu’Oscar Wilde aimait provoquer et….qui sait ? sans doute s’agissait-il là d’une boutade destinée à irriter le conservatisme victorien de l’époque ! Ce qui importe, c’est la réponse que DOROTHEE DENQUIN donne à cette question.

Selon l’artiste, c’est l’Art qui imite la Nature….sans pour autant y parvenir ! Mais, d’emblée, à ce stade, il n’est déjà plus question de parler d’imitation. Car l’Art n’imite pas. Il va au-delà de l’image archétypale. Une mer, calme ou démontée, sera inexorablement différente selon la sensibilité de l’artiste qui la crée (et non pas la recrée, car le premier jet provient du tréfonds de son émotion) sur la toile. S’agissant, au départ, d’une démarche à partir d’une vision « objective » (si tant est qu’elle existe !), un glissement s’opère jusqu’à atteindre, progressivement ébauchée sur la toile, l’empreinte d’une force de subjectivité créatrice. 

DOROTHEE DENQUIN peint « in situ ». Cela résulte de son passage par les écoles d’art britanniques duquel elle a retenu que peindre à l’extérieur oblige l’artiste à être en immersion dans le biotope du sujet et dépasser l’obstacle de la « réalité » pour trouver sa propre voie (Turner en est un exemple excellent). Dès lors, sa vision personnelle de la Nature se construit essentiellement à l’intérieur du cadrage dans un éternel dialogue avec la profondeur du champ.

LES FALAISES DE HAULT (50 x 70 cm – pastel sec sur papier Ingres).

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A partir de l’avant-plan représentant le bord d’une falaise avec le vide que l’on devine, s’ouvre sur la gauche l’infini dont l’horizon semble gonfler, au fur et à mesure que la brume monte pour se répandre sur la mer.

Tandis que la partie droite du tableau (les falaises) demeure immuablement statique, carrément massive par rapport à l’ensemble de la composition.

Le mouvement est rendu par l’écume nerveuse des vagues. Le seul élément « figé » dans une immobilité en suspension, c’est la mouette qui semble planer entre deux dimensions.

Le chromatisme est d’une grande force évocatrice.

Basé sur des couleurs tendres (presque tièdes), telles que le bleu-clair, le vert-clair et le blanc, elles expriment le choc des éléments au sein d’une douceur faisant contraste avec le thème.

Pastelliste de première force, l’artiste a réservé différentes tonalités destinées à souligner la matérialité de la Nature au sein d’un chaos poétique. Le bleu, le vert et le blanc, appartiennent à la mer dont les circonvolutions des vagues semblent labourer l’espace. Le blanc (en quantité importante) est réservé à la roche des falaises. Quant à l’avant-plan, il constitue le seul moment où l’artiste s’est aventurée dans la restitution du détail. Observez le traitement des herbes folles pliées par le vent. Elles regorgent de couleurs à peine esquissées, telles que le vert marié au blanc (avec en plus, l’ajout du jaune tirant sur l’orange, discrètement étalé).

Le cadre (nous le notions plus haut) est d’une importance capitale car il assume l’équilibre ainsi que la direction de la composition. Dans ce cas-ci, il faudrait plutôt parler de « déséquilibre », car la ligne d’horizon, étant tellement haute, le sentiment que ciel et mer s’apprêtent à engloutir la falaise envahit le visiteur. Cette même ligne d’horizon se retrouve placée tout aussi haut dans SEUL (50 x 70 cm – pastel sec sur papier velours)

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que dans LES OISEUX DE LA BAIE (73 x 60 – huile sur toile).

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Nous reviendrons, par ailleurs, plus loin sur le traitement que l’artiste accorde à la ligne d’horizon. 

Le but scénique de SEUL est celui de donner au visiteur la sensation physique de la vague en naissance, toujours avec l’idée du déchaînement des éléments mais, cette fois-ci, avec un protagoniste différent. Dans LES FALAISES DE HAULT, la mouette plane doucement, comprise dans l’édifice de la création. Dans SEUL, c’est l’Homme qui est aux prises avec les éléments.

L’Homme dont la frêle silhouette se confond avec le fracas visuel des vagues. Notons qu’un même chromatisme unit les deux œuvres.

Différentes tonalités de bleu, de vert et de jaune définissent BANC DE MEDUSES (50 x 70 cm – pastel sec sur canson).

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L’artiste nous offre une image de ce qu’elle considère être la perfection, issue d’une mathématique entraînant un ordre, en apparence, répété mais qui, néanmoins, laisse une place importante au hasard.

Outre le pastel, DOROTHEE DENQUIN maîtrise parfaitement l’huile. Par cette technique, elle incruste sa matérialité à la création. La densité de la matière, associée au dessin, apporte le relief nécessaire à chaque élément de la composition.

LE BREZOU (92 x 61 cm – huile sur toile)

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fourmille de détails au sein d’un biotope scintillant. La matière apportée aux arbres leur confère la chair de l’écorce. Une infinité de contrastes chromatiques font que le regard ne peut en saisir un seul et finit par se perdre dans un tourbillon de notes vertes et jaunes.

Osons cette dichotomie : par la dimension presque diaphane de ses couleurs, le pastel confère à l’œuvre de l’artiste une force métaphysique. Tandis que l’huile apporte au sujet une matérialité charnelle toute faite de lumière. Force métaphysique et matérialité charnelle, par une alchimie différente, se conjuguent dans l’émotion. Car la démarche de DOROTHEE DENQUIN s’inscrit dans un processus psycho-physique, en ce sens qu’elle place sur le même niveau matière et émotion pour qu’agencées, elles se déploient dans un même élan vital sur la toile. En effet, en ce qui concerne la technique à l’huile, l’artiste s’amuse souvent à confronter l’humide et le sec, lorsqu’elle travaille à la fois sur les matières et les ambiances. Il en va de même lorsqu’elle jauge la densité des couleurs et des pigments. L’artiste procède par couches successives (lavis) jusqu’à ce qu’elles soient sèches. LE BREZOU (cité plus haut) s’avère être un excellent exemple de sa technique. L’artiste a utilisé du jaune de Naples. Elle a étalé trois couches de jaune différent sur la toile et pour que la couleur inonde parfaitement l’ensemble de l’espace, elle a rajouté des couches successives.  Quant aux œuvres réalisées au pastel, elle l’utilise pour rendre plus profonde la densité du mystère de la lumière. Car, en définitive, brillante ou opaque, qu’est-ce que la lumière ?

L’artiste s’exprime dans deux techniques qui reflètent deux conceptions philosophiques. Nous insistions, plus haut, sur le caractère essentiellement métaphysique de ses créations au pastel. En fait, il est utilisé essentiellement pour traduire les transparences.

Il s’agit d’une opération extrêmement complexe, car le pastel se pose en couches successives, ce qui fait que pour obtenir la tonalité souhaitée, il faut jouer sur la gamme des tons. Il convient, par conséquent, de jouer toujours avec un ton plus bas, car le fait de fixer une couche augmente automatiquement l’effet lumineux d’un demi-ton.

Il devient alors impératif de « jouer en mineur pour obtenir un majeur », comme le dit l’artiste.

DOROTHEE DENQUIN, dont la première expérience avec la peinture remonte à l’âge de quatre ans, s’est à partir de son adolescence, orientée vers les beaux-arts. Elle a suivi les Cours Martenot ainsi que les Ateliers Clouet Des Perruches. Elle a également étudié le dessin en Grande-Bretagne ainsi qu’à Paris VII. Ayant des origines écossaises, elle est également titulaire d’un DESS en Langue et Civilisation Britannique. Elle a commencé par se familiariser avec les classiques, en copiant leurs œuvres pour en saisir la dynamique. Ensuite elle s’est tournée vers les impressionnistes pour leur lumière. Les hyper réalistes américains ont également exercé une grande influence sur elle, parmi les nombreuses références capitales dans l’Histoire de l’Art. Néanmoins, parmi celles-ci, figurent les maîtres de la peinture flamande. Arrêtons-nous un moment sur cette référence particulière. Nous avons indiqué plus haut le traitement que l’artiste donne à la ligne d’horizon (extrêmement haute par rapport au cadrage). Ceci est l’un des traits culturels majeurs de la peinture flamande qui s’est perpétué jusqu’à aujourd’hui. Précisons, également, que l’artiste est originaire du nord de la France, c'est-à-dire d’une région où la culture flamande se ressent jusque dans l’architecture. Hasard ou coïncidence ? Toujours est-il que ce trait culturel demeure inscrit dans son écriture.

Le dessin occupe depuis toujours une place primordiale dans son œuvre. Elle en dispense aussi des cours. A ceux qui prétendent ne pas savoir dessiner, elle rétorque que dessiner c’est d‘abord apprendre à regarder.

Regarder c’est avant tout s’approprier l’essence du Monde par la palette des sens. Son accouchement sur la toile est l’acte par lequel l’Art, nourri de l’humain s’interrogeant sur les êtres et les choses, se pose en mystique de la Nature.

François L. Speranza.

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Une publication
Arts
 
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Lettres

N.-B.: Ce billet est publié à l'initiative exclusive de Robert Paul, fondateur et administrateur général d'Arts et Lettres. Il ne peut être reproduit qu'avec son expresse autorisation, toujours accordée gratuitement. Mentionner le lien d'origine de l'article est expressément requis.

Robert Paul, éditeur responsable

 

A voir: 

Focus sur les précieux billets d'Art de François Speranza

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François Speranza et Dorothée Denquin: interview et prise de notes sur le déjà réputé carnet de notes Moleskine du critique d'art dans la tradition des avant-gardes artistiques et littéraires au cours des deux derniers siècles 

(10 juin 2015  -  Photo Robert Paul)

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Dorothée Denquin - Vue d'ensemble (photo Espace Art Gallery).  

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Commentaires

  • ADMINISTRATEUR GENERAL

    L’artiste française Dorothée Denquin a exposé ses œuvres dans la galerie en 2015. Et son billet d’art du critique d’art François Speranza à été publié dans le « Recueil n° 4 de 2015 » par « Les Éditions d’art EAG » dans la Collection « États d’âmes d’artistes » en 2016.

    Lien vers la vidéo lors du vernissage de son exposition dans la galerie :

    https://youtu.be/LVIcXpOCqVk

  • ...exhortation de l âme du moment présent ..transposée,posée par le souffle divin avec nous.... BRAVO

  • finissage de l'exposition: demain, samedi après-midi. Je serai présent

  • Est-ce l'Art qui imite la Nature ou est-ce le contraire ? Voilà une question interpellante. Je voudrais partager avec vous ce passage "Du spirituel dans l'art, et dans la peinture en particulier" de Kandinsky "L'art peut atteindre son plus haut niveau s'il se dégage de sa situation de subordination vis-à-vis de la nature, s'il peut devenir absolue création et non plus imitation des formes du modèle naturel. Une oeuvre est bonne lorsqu'elle est apte à provoquer des vibrations de l'âme, puisque l'art est le langage de l'âme et que c'est le seul." Bonne continuation dans vos déambulations artistiques. Cécile

  • bravo à vous Dorothée Denquin pour ces oeuvres tellement touchantes et de haut vol !

  • ADMINISTRATEUR GENERAL

    2966010220?profile=RESIZE_1024x1024Bleu Venise. Pastel sec 50 X 70cm

  • Et toujours hauts les horizons; nature oblige

  • Merci à tous de vos encouragements. Je repart sur les routes , pastels en poche et sourire au lèvres,  me confronter aux éléments. A la recherche d'un sujet à peindre en bord de Seine. Pourvu qu'il ne pleuve pas! Sinon, le pastel se transformera en aquarelle :)

  • Un grand talent Dorothée Denquin.  Merci à François Sperenza pour cette analyse en profondeur.

  • ces tableaux nous remplissent de paix et de sérénité

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