Après une série d’émissions réalisées dans le Sud de la France, j’avoue que je m’étais laissé submerger par un sentiment de lassitude. Fatigué je l’étais et le mauvais temps qui couvrait le paysage n’était certainement pas le meilleur allié pour m’aider à redresser le moral. Pour la première fois depuis de longues années, je me suis surpris à ne pas avoir envie de lire. Overdose probablement due à une série de lectures touchant à des thèmes extrêmes, noirs, déprimants et malheureusement dénués, en ce qui me concerne, de tout intérêt. Je ne suis pas psychologue, faut-il le rappeler?
J’en étais arrivé à remettre en question les raisons de mes chroniques. Qu’est-ce qui m’arrive ?
C’est dans ce contexte un peu particulier que je me suis saisi d’un livre envoyé depuis de nombreuses semaines par la maison d’édition « Académia ».
L’auteur, Yves Terrancle, avait droit aux plus mauvaises conditions ; « le chroniqueur était de très méchante humeur. » Faut-il que roman soit réussi pour avoir réussi à capter toute sa concentration.
« Humana » est un roman (vraiment ?) qui nous entraine sur les traces d’un jeune esclave noir. Un livre qui nous crayonne l’histoire d’une période dans laquelle les « ébènes », dans certaines régions, étaient assimilés à la catégorie « bétail » curieuse comparaison quand on sait que les propriétaires avaient peur d’une révolte toujours possible. Il m’est difficile d’imager un troupeau de bétail se lever en rebellions, et pourtant, l’humanité est ainsi faite ; c’est le paradoxe que nous offre l’aveuglement face la rentabilité. L’argent n’a pas d’odeur, c’est faux, il pue trop souvent pour qu’on le remarque encore.
Voici un roman joliment écrit. Le narrateur, « Ted Forman » citoyen « noir » des « États-Unis d’Amérique » nous raconte le destin d’un homme qui s’est battu pour obtenir la liberté de ses semblables. Cet homme se prénommait « William Stendford », en Afrique on l’appelait « Humana ».
J’ai adoré ce livre, je l’ai adoré pour la simplicité avec laquelle l’auteur accroche son histoire. On se croirait transporté au cœur des paysages qui englobent les protagonistes au point de devenir à leurs tours personnage du roman. Traité sans lourdeur, le sujet aurait pu se refermer comme un piège à l’écriture. Aurait pu, mais ne l’a pas fait grâce ou à cause d’un auteur qui réussit à capter l’attention. Le récit captive, j’en avais besoin.
S’il fallait être critique, je me permettrais de poindre une ou deux phrases légèrement trop longues. Bagatelle et pas bien méchant, un détail qui n’enlève rien à la qualité de cet ouvrage.
« Humana » fait partie de ces livres qui sont compagnons précieux. Ne me faites pas dire que je compare « Humana » à « La case de l’oncle Tom », il n’y a pas d’analogie si ce n’est le thème de l’esclavage. Bien que ? Les deux ouvrages nous parlent d’une période pas si lointaine, une période durant laquelle une partie de l’humanité déshumanisait la seconde en raison d’une couleur de peau. Étrange d’appeler un homme noir, homme de couleur, quand on se souvient que le noir n’en est pas une, le blanc non plus d’ailleurs, le paradoxe méritait d’être souligné.
« Humana » , à lire sans modération.
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