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HISTOIRE COURTE 24.(3ème et dernière partie...)

LA DECHIRURE (suite et fin)

A l'arrivée à la gare du midi en fin d'après-midi, sa décision était prise, elle ne préviendrait pas mais attendrait le lendemain matin afin de trouver Julien seul à l'appartement après le départ de sa mère pour le bureau. Sandrine lui avait bien dit qu'il se cloitrait dans sa chambre, alors elle le surprendrait et on verrait bien!

Elle ne pouvait rien préparer, elle était seulement pleine d'amour, d'anxiété, de regret et par-dessus tout, elle voulait Julien apaisé, heureux et elle se sentait étrangement calme, comme dans un état second...

Ses parents l'attendaient à la gare, ils étaient venus la chercher à deux et leurs mines désolées réveillèrent chez Hélène son sens de la dérision! Elle se mit à rire un peu nerveusement et les prit par le cou en leur disant simplement : C'est vraiment un peu dur la vie parfois, mais je vais régler le problème demain, car rien n'est pire que l'incertitude!

 

Contre toute attente, Hélène dormit d'une traite à peine la tête sur l'oreiller et se réveilla d'elle-même à 8H, comme elle se l'était promis.

Il faisait beau et il allait faire chaud comme la veille, sa toilette faite elle enfila donc sa robe à pois marine et blanche que Julien adorait et bu seulement un grand verre de lait car son estomac s'était noué et elle n'aurait rien pu avaler!

Elle prit cependant le temps de passer à la petite boulangerie de son quartier pour y acheter les petits pains au chocolat que Julien aimait et prit le tram en direction de son destin...

 

Après son coup de sonnette, il y a son murmure dans l'allophone... c'est moi Julien...

Puis le grésillement de l'ouvre-porte...

Ensuite elle entame en courant l'escalier en collimaçon vers ce 3ème étage sans ascennseur où se cache son amour.

Comme à l'accoutumée lui viennent en tête les paroles de cette chanson:

Quand je monte, je monte, je monte chez toi

J'ai le coeur qui bat, qui bat, qui bat...

Et dans ce petit escalier qui n'en finit pas de tourner...

 

Comme elle lui tourne la tête! Et comme il bat fort aujourd'hui son coeur!

Elle est à bout de souffle quand la porte s'ouvre sur un Julien barbu et méconnaissable dont le regard gris s'illumine pourtant en la découvrant...

ça y est, elle est blottie dans ses bras et respire sa bonne odeur de tabac blond, plus prononcée qu'à l'ordinaire et aussi sans trace d'eau parfumée... Après un baiser long et passionné, ils se retrouvent assis dans le canapé et sur les deux visages, des larmes coulent...

C'est comme une litanie, une longue plainte qui sort à mots hachés de la bouche de l'homme qu'elle aime: -Je ne saurais vivre avec cette responsabilité... Elle est si fragile... Mais je t'aime tellement, je t'aime infiniment... Tu es tout ce dont je rêve... tout ce que je désire... tu es si forte toi! Sous une apparence fragile tu as la force des justes! Ma chérie, ma douce, comment pourrai-je vivre sans toi?

Son regard est embué, ses mains se tordent! Où est donc passé le jeune homme équilibré et joyeux qui l'entrainait dans de longues promenades et parlait de ses projets, de ses patients, de l'ouverture de son cabinet! Celui qui projetait d'aller rencontrer le grand-père, médecin de campagne dans les Ardennes et espérait que l'aîeul serait heureux que sa petite fille devienne la femme d'un jeune confrère... Tout cela est balayé par cette mauvaise farce que leur fait la vie!

Alors, elle sait Hélène... Elle sait que c'est elle qui doit prendre une décision, que plus jamais la légèreté ne sera leur compagne. Le poids d'un passé dans lequel elle n'avait pris pourtant aucune part, ce poids devenu trop lourd, allait les écraser... le bonheur avait claqué la porte et elle s'était prise les mains dedans! Cela faisait si mal, mais pour sauver l'image merveilleuse de son amour, elle se devait d'être forte et le laisser partir...

Alors elle a dit :-Je comprends, j'ai très mal mais je comprends... je ne t'en veux pas, c'est à la vie que j'en veux et nous lui montrerons de quoi nous sommes capables! Je ne nous oublierai pas et je pense que toi non plus...

Une demi-caresse sur la joue rugueuse...

-N'ouble pas de te raser, tu fais peur à ta soeur en homme des bois!

Du sac d'osier, elle sort la casquette étoilée et la lui tend avec ces mots : Elle a dormi sur mon coeur!

Un dernier baiser léger, rapide, déjà désincarné, un sourire qui tremble... et elle s'en va.

Il ne l'a pas retenue, et elle a noté qu'il s'est redressé déjà! Dans son regard elle a lu un étrange mélange qui longtemps allait la poursuivre, il était fait de détresse, d'adoration et de reconnaissance...

 

Elle marche avec lenteur pour rentrer chez elle et même si l'air lui fait un peu défaut, elle ne prendra ni tram, ni bus, elle a tout le temps...

Elle a toute la vie pour tenter de ravauder sa déchirure!...

 

FIN

J.G.

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