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Coup d’Envoy prestigieux :

L’apassionata (L’art des passions baroques), @Festival de Wallonie 2013, festival de Namur

                L’imposante église Saint-Loup  à Namur ouvrait ses portes le soir du jeudi 4 juillet pour accueillir un programme musical consacré à Haendel, Vivaldi et Haydn sous la baguette joyeuse de Guy Van Waas et les Agrémens. C’est dire si le Festival de Wallonie 2013 a su  inviter de prestigieux fleurons de la musique ancienne pour lancer son  concert inaugural d’été. Et quel séducteur, Guy Van Waas ! Il prend la parole en début de soirée musicale et introduit la manifestation, sans façons. Il rend aussi hommage au musicien et ancien directeur du conservatoire de Liège, Bernard Dekaize, décédé cet hiver à 62 ans. Sur une note plus légère … ou espérons-le, prophétique,  il en profite pour dire que le festival deviendra « Royal » en 2014, fêtant l’année prochaine ses 50 ans d’existence. Il ajoute  que ce festival est une véritable fête qui a rassemblé un florilège de chouchous du public, en commençant ce soir par un catalogue baroque des passions humaines. Rassurant : si le thème  en filigrane est l’amour et la passion, voire l’érotisme et l’esprit licencieux… aucun carré blanc ne sera appliqué au Festival car Amour sincère ne porte pas de carré blanc, mais un cœur battant.

                Lorsque le chef d’orchestre ouvre la fête avec Haendel, C’est Royal ! En veste de soie chinoise damassée de roses il jette les musiciens à l’assaut des voûtes dont l’acoustique est… envoûtante. Une impression de liberté d’expression, de légèreté inonde l’espace. Sa gestuelle généreuse disperse des brassées de fleurs, son regard fleurte malicieusement avec les violonistes. Voici une musique débordante de fraîcheur et de spontanéité. Cela a l’apparence (trompeuse) du Ready, Steady, Play!

                 «A mio Cor ! » Une voix féminine chaleureuse et palpitante (Pauline Yarak) s’élève dans l’église. Quelle différence avec une salle de concert. Il y a ce supplément d’âme et de sonorités très palpables ! «Perché, perché t’amo tanto ? » Cette magnifique chanson de rupture vit, tremble sous vos yeux. Le chant s’envole dans les voûtes néo-baroques illuminées, se loge dans les moindres moulures, anime la volupté du cœur. La voix se fait caresses charnelles et partage la douleur intense : «  lascarmi sola in pianto ».

                « Piangero », extrait de Julio Caesare rend compte de la vulnérabilité humaine surtout dans ce décor  si riche et quelque peu écrasant. Encore, des sinuosités mystérieuses et de l’émotion palpable dans les mélodies chantées par la soprano Manon Poskin en somptueuse robe Empire rouge feu.

                Ces jeunes talents vocaux sont  issus de l’IMEP (Institut de Musique et Pédagogie de Namur). Le  contre-ténor Guillaume Houcke nous livre  une prestation pleine de maturité baignée d’authentique enchantement. Une diction impeccable, aucune afféterie, de la sincérité dans l’expression  très nuancée des sentiments aussi bien  dans le « Di speranza un bel raggio » et l’air « Venti Turbini » de Haendel que dans l’air « Sposa son disprezzata » extrait de  Bajazet de Vivaldi. Il plaît tout de suite par la subtilité de son jeu et sa maîtrise technique sans failles dans les vocalises virtuoses!  Cet homme jeune et dynamique a la tête qui bourdonne de musique fertile, respire, frémit, module et inspire son public. Et toujours rien à voir avec l’atmosphère d’une salle de concert ! Ces trois jeunes gens ont su créer tout de suite passion et enthousiasme.


                   Guy Van Waas, se penche amoureusement sur l’orgue avant l’extrait du Concerto Grosso  op.3 N°6 de Haendel. Des flûtes fruitées et savoureuses fredonnent, contrebasse et basson frappant du pied, façon nuit de la Saint-Jean. Les solos de l’orgue semblent pratiquer une pesée précise et minutieuse de la pharmacopée musicale … Guy Van Waas nous prépare-t-il des philtres d’amour éternel ? On le voudrait, officiant au  doux recueillement d’une messe de mariage ! Il y a tant d’équilibre et de fluidité sereine avec l’orchestre ! L’émotion est grande dans le public.

 

                 Une exaltante  symphonie n°59 en la majeur « Feuersymphonie » de Joseph Haydn clôture la soirée. Guy Van Waas est revenu sur scène sur la pointe des pieds pour attiser violons et passion. Le visage est animé par le plaisir. Des sourires d’entente fusent entre violonistes.  Le cor est princier, soutenu par de légers frémissements de clavecin et la dévotion inconditionnelle du basson. Les phrasés ensorceleurs des violons jouent le thème accroche-cœur. Le cor se libère et devient de plus en plus sensuel pendant que les violons prennent le menuet en main, en de nombreux allers-retours. Dernier mouvement, les vents s’amusent de l’écho. Rythme de sarabande, stupeur et tremblements, des vibrations s’élancent à l’assaut des épais piliers de l’église comme une vivante conquête végétale…ou musicale.

                «  Pas de bis ! Revenez nombreux  à l’assaut des concerts, par pure curiosité, la plus belle de toutes les qualités d’auditeurs, » nous souffle Guy Van Waas en congédiant un orchestre ravi et  acclamé de tout cœur.

 

 

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