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12273305890?profile=originalMaría Izquierdo

Ma tante, un petit ami et moi *1

Huile sur toile, 1942

 

      Jouissant d’une immense aura depuis le succès du film éponyme qui lui fut dédié (Frida de Julie Taymor, 2002), qui fit suite au livre de Hayden Herrera, Frida Kahlo est devenue une icône internationale, une figure de proue du féminisme, qui malheureusement éclipse ses contemporaines mexicaines. J’ai pu le constater lors de la dernière exposition consacrée aux artistes mexicains (Los Modernos, au Musée des Beaux-Arts de Lyon du 2 décembre 2017 au 5 mars 2018) où une foule se massait devant les quelques œuvres de sa main, délaissant, ou presque, les autres artistes accroché(e)s aux cimaises.

Mais foin de polémique, j’ai voulu rendre ici un petit hommage aux autres femmes peintres du Mexique.

Place donc à…

 

12273307056?profile=originalMaría Izquierdo

Autoportrait, 1946

 

María Izquierdo (San Juan de los Lagos, 1902-Mexico, 1955) :

Artiste essentiellement autodidacte, comme le Douanier Rousseau qui fantasma le Mexique dans ses toiles et ses rêves d’exotisme naïfs. Compagne du peintre Rufino Tamayo (1899-1991), proche de Wolfgang Paalen et des surréalistes, elle milita au sein de la Ligue des écrivains et artistes révolutionnaires. Ce qui n’empêcha pas, en 1945, le trio Rivera, Siqueiros, Orozco d’opposer leur veto à une commande de fresque à María Izquierdo. Macho un poco, no ?

En tout état de cause, si les « Trois Grands » se montrèrent bien petits, nos conspirateurs d’opérette l’évincèrent. En art comme en littérature point n’est besoin de généraux de pronunciamientos.

 

12273307270?profile=originalMaría Izquierdo

Calvaire

Aquarelle, 1933

 

Olga Costa (Leipzig, 1913- Guanajuato, 1993) :

Peintre d’origine allemande, née Olga Kostakowsky Falvisant, elle s’activa à promouvoir les arts plastiques mexicains dont elle fut l’« ange blanc » selon Carlos Mérida.

  12273306698?profile=originalOlga Costa

Autoportrait

Huile sur toile, 1947

 

Rosa Rolanda (Azusa, Californie, 1898- Mexico, 1970) :

Peintre, photographe, danseuse et chorégraphe d’origine américaine, née Rosemonde Cowan, elle côtoya notamment Frida Kahlo et Diego Rivera.

 

12273307671?profile=originalRosa Rolanda

Autoportrait

Huile sur toile, 1952

Maria del Carmen Mondragόn Valseca (Tucabaya, 1893- Mexico, 1978), dite Nahui Olin :

Peintre et poète, elle fut la compagne de Gerardo Murillo, dit Dr. Atl (le signe de l’eau dans l’astrologie aztèque), qui lui donna le pseudonyme de Nahui Olin, en référence au nom nahuatl d’une fleur*2. Libre et sauvage beauté. 

 12273307486?profile=originalDr. Atl (Guadalajara, 1875-Mexico, 1964)

Nahui Olin : portrait futuriste

Pastel et huile, ca 1921

« Il faut te parer de tes fleurs,

la fleur de spatule rouge divine

à l’éclat de soleil,

la fleur de corbeau.

Avec elles couvrons-nous, sur la terre,

ici-bas, seulement ici-bas. »

Chants de Nezahualcόyotl (1402-1472),

traduits du nahuatl par Georges Baudot.

 

Alice Rahon (Chenecey-Buillon, Doubs, 1904-Mexico, 1987) :

D’origine française, mariée au peintre Wolfgang Paalen (1905-1959), elle fit partie du groupe surréaliste. Marquée dans ses chairs comme Frida Kahlo, gagna le Mexique à l’invitation de cette dernière, pays qu’elle ne quittera plus.

 

12273308463?profile=originalAlice Rahon

Autoportrait et autobiographie

 Huile et sable sur toile, 1948

 

12273309261?profile=originalWolfgang Paalen

Vienne (Autriche), 1905-Taxco (Mexique), 1959

Grand enfumage (Orphée)

Enfumage  et huile, ca 1935

Né à Vienne en 1905, Wolfgang Paalen adhéra au surréalisme en 1935. Il initia le procédé « automatique » du « fumage » (comme le sont le « cadavre exquis », grattage, frottage, collage, décollage…). Il s’établit au Mexique en 1939 où il décédera vingt ans plus tard. Il y travailla avec des artistes locaux comme le peintre et caricaturiste Miguel Covarrubias (1904-1957).

 

A suivre avec Lilia, Leonora, Remedios

Première partie consacrée à Frida Kahlo au lien suivant :

 https://artsrtlettres.ning.com/profiles/blogs/femmes-fi-res-et-mexicaines-1-re-partie-frida-kahlo?xg_source=activity

 

Michel Lansardière (texte et photos)

 

*1 Toile que l’on pourra rapprocher de celle de Frida Kahlo, réalisée en 1936, « Mes grands-parents, mes parents et moi (arbre généalogique) » exposée au MoMA de New York.

*2 Ollin, c’est aussi le mouvement cosmique du Soleil et de la Lune. Nahui Ollin représente les « quatre courses du Soleil », notion qui correspond à la perception cosmogonique des mythes fondateurs dans les cultures préhispaniques. Au commencement du monde il y avait Ometeolt (dieu-deux), puis quatre soleils (jaguar, vent, pluie, eau) se succédèrent…

Lors du quatrième cycle, Nahui Atl (quatre-eau, ou Atonatiuh, soleil d’eau), un homme et une femme sortirent indemnes du déluge mais, ayant désobéis à Tezcatlipoca (« miroir fumant », divinité primordiale), ils furent métamorphosés en chiens.

Nahui Ollin serait en fait le cinquième soleil, un nouvel âge qui verrait s’effondrer le monde dans de violents séismes…

Remarquons que ces quatre soleils nous renvoient aux quatre ères géologiques. L’ère quaternaire, dernière division du Cénozoïque, se serait terminée. Nous serions entré dans l’Anthropocène… le temps où l’homme, nouvelle force tellurique, est devenu capable de bouleverser la biosphère.  

Notons encore que la fleur nahui olin est à quatre (nahui) pétales. Fleur que l’on retrouve stylisée sur le manteau de Notre-Dame de Guadalupe, la sainte patronne du Mexique. La Vierge Marie serait apparue le 9 décembre 1531 (fêtée le 12 décembre, date de la quatrième et dernière apparition) à Juan Diego Cuauhtlatoatzin, qui sera le premier chrétien amérindien canonisé. Prélude à l’indépendance le père Miguel Hidalgo lance son « cri de Dolorès » le 15 septembre 1810 : « Vive la Vierge de Guadalupe ! » fédérant ses partisans. Plus tard les troupes zapatistes la brandiront en étendard. 

CQFD, dieux et deux font quatre, merci.

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Commentaires

  • Toutes ces femmes mériteraient d'être mieux connues, reconnues. Merci pour elles Lisette, cette page leur ait dédiée.

  • Merci Jean-François. Un soutien toujours bienvenu à cet article qui n'a pas eu beaucoup d'écho.

  • Maria Izquierdo a souvent été la grande oubliée. Quant à Rosa ou Olga elles demeurent quasi inconnues, et tant d'autres... Et c'est bien dommage quand on connait leur talent. Un talent masqué par la personnalité de Frida Kahlo ou caché derrière un amant, un mari ou un compagnon célèbres.

    Merci donc à Savina et Rosyline.

  • Et beaucoup d'autres... que nous découvrirons dans la troisième partie.

    Merci Danielle.

  • Un sujet que je devrais couvrir en dix billets (au moins) tant la matière est riche...

    Merci Antonia.

  • J'essaie simplement d'ouvrir une fenêtre sur d'autres horizons pour nous aérer et nous égayer l'esprit.

    Merci Louis.

  • Merci Michel pour tant d'infos & aussi pour Frida Kahlo & Rosa Rolanda, j'apprécie ....

  • Très belle cette incursion dans la peinture mexicaine. Un beau travail bien documenté. Félicitations, Michel.

  • Ce deuxième opus est tout aussi magnifiquement documenté que le premier. Bravo Michel.

  • Merci Savina et Jacqueline pour votre appréciation.

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