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12273313892?profile=originalIl n’est plus secret gardé de prétendre que la méfiance fait partie de mon environnement. Si l’on me dit qu’untel ou qu’unetelle écrit remarquablement, je me refuse à le croire sans y avoir posé le regard.

Les goûts et les couleurs ne se discutent pas, mais de prendre le risque de décrire un ouvrage pour raison que l’écrivaine soit belle, que l’auteur porte le verbe haut perché, qu’il est petit, drôle, élégant, tremblotant ou même agonisant serait prendre le lecteur pour un idiot.  En raison du respect que je lui porte (au lecteur pas à l’idiot), je me dois de fréquenter un minimum de neutralité.  Pourquoi vous assommer avec ce genre de propos ?  En raison des quelques lignes qui vont suivre, en raison qu’il me semblait important de préciser que je n’ai aucune intention d’offrir un cadeau promotionnel à un ouvrage s’il ne m’avait pas séduit.

Lui, il n’est pas grand, il n’est pas petit non plus…  Ce n’est pas encore un homme et cependant, il semble dépasser, et de loin, la maturité de certains exposants rencontrés au fil de mon voyage autour de la francophonie. 

C’est dans le Salon organisé par sa maman, l’écrivaine et Chroniqueuse Virginie Rebujent, que j’ai fait la connaissance de son premier roman.  Il me l’a tendu d’une main ferme, sans fausse pudeur, mais tout de même, on sentait dans ce geste une forme de réserve, de timidité et si je ne lui avais pas sollicité un autographe, probablement qu’il n’y aurait pas songé.  S’il m’a tendu le fruit de son travail ce n’est pas par orgueil, au contraire, depuis longtemps (tout est relatif) je lui avais demandé de me réserver la primeur de ce livre qu’il m’avait annoncé.  Était-ce vantardise d’adolescent ?  Je ne pouvais le dire, j’avais comme un pressentiment.  Dans le secret de mes délires, j’étais en attente.  Étais-je fou d’y croire ?  Non, je l’en croyais capable, un éclat dans le regard démontrait qu’il n’abandonnerait pas le chemin qu’il venait d’emprunter.  S’il me donna raison, j’ignorais si ses écrits méritaient l’engouement de ses parents.  Allez savoir, entre le cœur et la raison, qui peut prétendre renier le fruit de son éducation ?

Clovis Rebujent-Rouquette est, si l’on en croit la définition du dictionnaire, encore un enfant.  La tête solidement posée sur les épaules (c’est une image, ne m’écrivez pas pour critiquer cette phrase en me décrivant l’anatomie, je sais très bien qu’il y a le cou, etc.) semblait méditer derrière une pile de livres.  Des heures durant, immobile et souriant, il attendait le lecteur sous un soleil méchant…  Plus loin, à l’abri des éléments, certaines plumes vieillissantes ergotaient sur les points et les virgules en revendiquant la perfection de l’écriture.  Ma mauvaise humeur fit germer l’envie de demander si cette perfection avait quelque chose à dire ou, au contraire, servait de somnifère aux lecteurs pris au piège de ce genre de babillage.  Cancre j’étais, cancre je suis resté, je préfère la liberté du ciel quitte à souffrir devant les révisions.  Le lendemain, après une journée de patience, Clovis revenait à sa table tandis que certains donneurs de leçon brillaient par absence.

Clovis Rebujent-Rouquette m’a donc offert son premier roman.  Pris au piège je ne savais que faire.  Je déteste les esprits faux, les compliments gratuits, j’allais donc le lire en offrant mon avis comme je le fais pour n’importe quel ouvrage.  Certes, je n’ai aucune intention de blesser (qui suis-je pour oser approcher le rôle du confident ?), mais en posant « ma » vérité, celle d’un lecteur pas si différent des autres.  J’avoue que ma lecture se fit plus critique que je ne l’aurais voulu.  En voulant éviter de tomber dans la démagogie, j’ai triché par excès de sévérité.  Ce n’est pas juste, et cependant, de cette attitude naîtra une conclusion sans appel.  Ce livre est une réussite.  Certes, vous y découvrirez quelques petits péchés de jeunesse (il y a des vieux qui n’ont jamais pu s’en débarrasser), mais la vie n’est elle pas faite pour nous permettre d’évoluer ?

Voici donc mes conclusions en vous rappelant cependant que je ne suis ni juge ni Dieu, juste un homme qui partage ses passions.

Avant d’ouvrir le livre, les yeux découvrent l’équilibre d’un premier de couverture construit avec intelligence.  Rien de trop, couleurs harmonieuses, titre se fondant dans une chorégraphie légère. 

Après ce petit plaisir, on tourne les pages pour découvrir l’histoire…  Le texte est surprenant de maturité.  Écriture incisive, modelant l’intrigue à l’aide d’un phrasé dépouillé.  La lecture se fait sans heurt…   Les personnages suivent leurs destins, l’intrigue vous invite à continuer et continuer encore jusqu’à ce que la dernière page se présente.  À cet instant précis, on dépose le livre les yeux collés au plafond, en espérant qu’une suite ne tardera pas à fleurir.

Je vous parlais de péchés de jeunesse, rien de grave, juste le temps que l’écrivain prenne ses marques.  Un peu moins d’empressement dans la narration offrirait un voyage de plus longue haleine.  C’est un peu comme si les détails dérangeaient le narrateur.  J’aimerais sentir les effluves des paysages traversés.  J’aimerais découvrir les vibrations des « non-dits ».  Bien entendu, ce ne sont que des détails, ils viendront avec le temps, ils viendront quand les obligations de la vie permettront à l’auteur d’avoir le temps de s’étendre plus longuement.  N’empêche, qu’importe les faiblesses ; c’est tout de même un instant précieux que de découvrir le premier roman d’un auteur qui semble avoir un bel avenir.  L’écrivain, Clovis, pourrait mettre en place un nouveau style à condition de prendre conscience de la force de son talent sans tomber dans la facilité de croire qu’il est devenu le nouveau grain d’oraison qui va changer le monde.  C’est à l’instant de la reconnaissance qu’il faudrait se remettre en question.  Clovis est un auteur en devenir, un écrivain sur lequel je pose la main en  toute confiance, car j’imagine qu’un jour on se le disputera, mais, à une condition, c’est qu’il garde l’humilité, qu’il se garde des compliments faciles et qu’à chaque mot écrit, il pose la question fondamentale :  Ais-je tout donné comme au premier jour ?  Vais-je me faire aimer par celle ou celui qui n’a rien à gagner à me couvrir de lauriers ?

Bienvenu dans le monde de la difficulté.  Clovis, parce que je te considère comme un fils adoptif, que puis-je écrire qui ne serait fébrile ?  Je pose le clavier en toute humilité  et je quémande aux dieux d’épargner  l’innocence.  Te voici plongé dans un milieu qui ne pardonne rien, surtout pas le talent car le talent dérange.  Prend garde de ne pas te faire briser par l’orgueil, ce pauvre costume usité par ceux qui ne mérite en rien nos regards.  Reste digne de ceux qui te lisent, c’est eux qui te font vivre…  En attendant, merci pour ce cadeau

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Commentaires

  • Cette intro d'un "jeune" écrivain d'envergure est très prometteuse. De plus, selon moi & d'autres, c'est le temps des Dragons & le dragon en soi est l'émergence de clarté intérieure dans la Connaissance de Soi.

  • Merci du renseignement Philippe, ce sera comme d'habitude un beau moment de rencontre

  • Jean-Marie, il sera à Rocamadour

  • quelle belle présentation de ce jeune auteur qui a su grâce à son don car là je pense que c'est le cas séduire Philippe de Riemaecker. Pour ce jeune garçon c'est déjà une sacrée victoire car Philippe est non seulement un chroniqueur littéraire mais aussi un homme au jugement objectif et il ne vous dira jamais que c'est bien si ce n'est pas vrai. Alors merci Philippe, que rajouter de plus mis à part souhaiter une longue vie à ce livre mais aussi que ce jeune auteur persiste dans sa passion. Certes, il ne devra pas tomber dans la facilité et devra se souvenir de son premier roman, il faut savoir rester humble devant la réussite. En ce qui me concerne en tant qu'auteur et également chroniqueur j'espère pouvoir rencontrer Clovis lors d'un salon et l'avoir à mon tour comme invité dans mon émission littéraire. C'est toujours un réel plaisir de mettre en avant les auteurs et d'autant plus quand il s'agit d'un jeune auteur. Comme quoi la jeunesse ne se limite pas qu'aux jeux vidéos. Félicitations Clovis et encore merci Philippe pour ce billet qui ne peut que nous réjouir...  

    Jean-Marie LACAUX

  • Merci pour lui Zoé, merci d'avoir lu ce billet

  • Je le confonds déjà avec son personnage, je voulais écrire Clovis bien sûr.  

    Zoé

  • Je vous lis ... je suis à la place de Loïc, un jeune garçon passionné, il scrute votre visage, il sourit, il espère.  Et là voilà que vous lui parlez d'une étoile qui vient de naître.  C'est merveilleux.  Mieux encore, vous lui donnez les conseils judicieux qu'il ne devra jamais perdre de vue au risque de se perdre dans les couloirs de la gloire.  Reste humble, sache que le talent dérange, n'enfile pas le costume de l'orgueil et surtout ne te laisse pas briser par ceux qui l'honorent, reste toi ne change rien, améliore toi mais surtout continue d'écrire pour le bonheur de partager.  Je lui souhaite de vous lire souvent pour ne pas perdre ce qu'il a de plus précieux "lui". 

    Je suppose que je vais savoir commander le livre. Félicitations à Loic et merci à vous pour la sagesse de votre billet.

    Zoé

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