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Lettre ouverte à une Voix orphique humaniste enchanteresse,

vibrant Passeur de sens,

Orfèvre- ciseleur de sonorités polychromes

 

 

«  La normalité est une route pavée :

On y marche aisément mais les fleurs n’y poussent pas. »

                                                                                                                                   Vincent Van Gogh

 

Troisième Partie

 

                     «Écrire, c’est mettre en ordre ses obsessions » nous spécifie Albert Camus, tandis que pour un éclaireur du Siècle des Lumières, Voltaire, « l’Écriture est la peinture de la voix : plus elle est ressemblante, meilleure elle est »…

                     De la plume de son encrier renversé disert déversant, telle une « Corne d’abondance », métaphores, allitérations, calembours et moult jeux de mots émaux missionnés à nous consoler de bien des maux, notre aède trace les pleins et les déliés de sa calligraphie signifiante, prohibant l’esthétisme pour l’esthétisme, alternant grâce et gravité, lorsqu’il ne les fait pas s’entrelacer, convoquant lecteurs et auditeurs à d’émouvantes épousailles entre harmonie du texte et mélodies à la joliesse quasi obsédante, bref, la « beauté-bonté » telle que nous le suggère François Cheng[1] avec sa vision spirituelle artistique frôlant le sublime mystique participant à l’élévation [2]de notre condition, est bel et bien là, nous liant à elle, sans pour autant faire de nous des prisonniers d’une geôle dont on ne pourrait prétendre s’évader !

                 « Toute œuvre d'art est une allusion à l'infini » nous stipule à son tour, le philosophe Edgar Morin…

                   Assurément, la nuance dépend de notre éducation, de la capacité de nos regards à ne pas « regarder sans voir », ni « à écouter sans entendre » les messages hérités de nos aïeux et nos contemporains :

 

« Le monde a la beauté du regard qu'on y pose

Le jardin de Monet, le soleil de Renoir

Ne sont que le reflet de leur vision des choses

Dont chacun d'entre nous peut être le miroir

 

La vie nous peint les jours au hasard du voyage

En amour en douleur ou en mélancolie

C'est un peu de ce temps qu'on laisse en héritage

Enrichi du regard qu'on a posé sur lui. » […][3]

 

En l’occurrence, est-il bien utile de préciser que :

 

Sans la beauté qui nous entoure

Nous ne serions dans l’univers

Que des cœurs vides au regard lourd

Sans horizon et sans repères

 

C'est l’harmonie qui nous console

De tous les pièges du chemin

Dans ces images sans paroles,

Sous le talent du magicien [4][…]

 

                      Accepter de se laisser toucher, « s’ouvrir à son ciel du dedans » pour paraphraser une formule si imagée du barde de « la Vie en Noir » ou de « l’Espérance en l’Homme »[5], c’est d’abord, selon notre humble avis, faire preuve d’une grande honnêteté envers soi-même, dégagé des « tendances » et phénomènes du dernier cri, ô combien périssables, dont l’hôte de la Maison du gouverneur de Milly la Forêt[6], n’était pas dupe, lui qui énonçait « Rien ne se démode plus vite que la mode »

                    C’est, en outre, se donner les moyens d’explorer, d’affermir et révéler son identité :« Ce qu'on te reproche, cultive le, c'est toi » nous préconisait le géniteur de « l’Aigle à deux têtes »[7]

                    C’est oser affronter la nudité (« La poésie est un chuchotement qui approfondit le silence », énonce une étoile filante[8] en fin connaisseur…)…

                    C’est ne pas avoir peur d’entendre ses « voix intérieures » en corrélation de ces assertions signées de l’auteur de « Moissons », l’émouvant Charles Juliet qui soutient que « Les seuls chemins qui valent d'être empruntés sont ceux qui mènent à l’intérieur», bien qu’il faille « parfois toute une existence pour parcourir le chemin qui mène de la peur et l'angoisse au consentement à soi-même. À l'adhésion à la vie » [9], et ce, sans néanmoins écarter une pléiade d’opinions réalistes avisées découvrant les failles, à défaut de la voie à emprunter …

                   C’est aussi, ne pas consentir à une claustration délétère en trouvant le juste équilibre entre se retirer dans une  tour d’ivoire  indispensable à l’acte créateur, « cellule de recueillement »[10] menant à la fécondité, et se perdre à musarder dans des futilités ou des « Nourritures terrestres » de piètre valeur, uniquement préoccupé de l’aspect matériel incluant promotions commerciales, ventes et profits et tutti quanti…

                  C’est encore se donner les moyens de creuser son motif pour trouver l’alchimie du verbe, en cherchant à aller toujours plus loin, tel un sculpteur qui « sculpte, lime, cisèle » [11] la matière sacrée avec minutie et amour, sans craindre d’émonder continûment son ouvrage, quasiment jusqu’à l’obsession de l’épure, défiant en cela notre sort précaire « d’éphémère », soucieux de mettre en application cette judicieuse exhortation d’une plume baroque :

 

« Hâtez-vous lentement, et, sans perdre courage,

Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage :

Polissez-le sans cesse et le repolissez ;

         Ajoutez quelquefois, et souvent effacez. [...] »[12]

 

                  En attendant, « il me manquait toujours »[13], si j’ose dire, d’aller à la rencontre de ce « pays si serein » où resplendit « ce fruit miraculeux » au parfum impérissable, promesse de saveurs les plus exquises, affecté à sustenter notre appétence gargantuesque…

                 Il me fallait donc sur le champ, embarquer pour une « île heureuse » luxuriante, « harmonique à mon efflorescence »[14], île revivifiante s’il en est, distillant ses senteurs enchanteresses synonymes de vertiges. Prise en « Flagrant délice », être enveloppée de cette plénitude rayonnante qui n’appartient qu’à ceux qui ont su vaincre les épreuves, voilà, ce vers quoi je briguais !

               « Écris le chant joyeux de la guérison, le chant précieux de la délivrance. Ainsi tu te souviendras de ton futur » nous exhorte un certain Premier Lord de l'Amirauté britannique, Sir Winston Churchill.

                C’est ainsi que, plus que jamais déterminée à me délester de mon éreintant fardeau, je me mis à fixer presto, prestissimo, un rendez-vous salutaire dans l’intention avouée d’accomplir ma traversée soit, de rejoindre une contrée fertile et hospitalière, là, où de sa lyre-cithare dorée apollinienne (« ô temps / suspends ton vol, et vous, heures propices/Suspendez votre cours […][15]), sous les auspices d’un trio de muses, un artiste singulier, intemporel, tisse une subtile alchimie entre « langue de chez nous » et langage musical, source d’inspiration, ne semblant, Dieu merci, vouloir se tarir, ni encore moins se ternir ni se trahir, et qui perdure à nous subjuguer au fil des ans égrenés dans une constance de créations jamais démentie, ô combien dignes d’admiration et d’éloges, à tel point que Calliope et Euterpe, du haut de leur Mont Parnasse, devisent à voix égales, n’en doutez point, afin de définir laquelle des deux demeure la plus accomplie parmi ces « Arts florissants » !

               « Mais quelle est cette onde pure, dénuée d’artifice, jaillissant de la « Fontaine de jouvence » salvatrice, à laquelle il vous plait de venir vous abreuver, loin, bien loin de la pollution sonore inondant fréquemment notre environnement ? » me presserez-vous, déjà aiguisé par une curiosité de bon aloi.

                Comment, n’avez pas encore décelé de quelle esquisse de portrait, il s’agissait ?

                Voyons, est-ce bien raisonnable ? Permettez-moi tout de même, Amis, de souligner que vous avez à votre portée une palette d’indices majeurs, et si je n’avais pas peur de me montrer un brin familière, chers lecteurs, je vous mettrais en garde contre le gage qui vous guette, morbleu !

               De surcroît, je pressens, pour ceux d’entre vous qui donnez votre langue au chat, n’ayant pu identifier le personnage que nous exaltions, combien vous brûlez d’impatience d’être instruits quant à mon baptême en « eau de vie » alimentée par les rigoles hippocrèniques[16] …Soyons magnanimes, et concentrons-nous à répondre à votre attente, somme toute fort légitime…

                Sitôt, il me revient en mémoire cette parenthèse unique bénie des Dieux où il me fut offert de m’initier en appréhendant progressivement un univers foisonnant, découverte duteilleinne incarnant aux yeux de la jouvencelle que j’étais alors, une oasis au cœur du désert, sorte de havre de paix hors du temps, requérant de sa part, qu’elle y laisse, parvenue au seuil, ses « Blessures d’enfance »[17] d’inguérissable, de malheureuse « affamés d'un abreuvoir » [18].

                Or, c’est au cours d’un séjour estival au royaume de Pégase, du moins chez ses lointains héritiers terrestres, situé à quelques foulées de sabots équines du château de Villandry au centre du « Jardin de la France » [19], selon une locution rabelaisienne, que je devais inaugurer mes « Affinités électives »[20] avec l’auteur de « Mélancolie »[21], cadre verdoyant de la « Vallée des Rois » scellant un pacte de confluence entre Loire et Cher, paysage propice aux escapades bucoliques, fief des élégants poneys New Forest, qui me permis de vivre en communion avec Mère Nature, à partir de l’instant, où une ravissante inconnue revêtue d’une chaude pelisse « alezane » qui m’était dévolue, l’altière trotteuse répondant au nom de baptême de « Sultane », en hommage à l’empire Ottoman de Soliman le Magnifique, plus précisément, à la splendide Roxelane, favorite puis épouse du Sultan, condescendit enfin à se laisser « apprivoiser »…

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Muse sur Pégase d'Odilon Redon

 

« Si tu veux un ami apprivoise-moi » paraissait-elle m’implorer en un battement de paupières de coquette impénitente, paraphrasant en sourdine le Renard du « Petit Prince »[1], dès le balbutiement de notre tendre tête à tête ! Oh, il va sans dire que la charmeresse vint en un éclair à bout de mes réticences de novice et su « créer des liens », soit m’attacher à elle, au-delà de notre compagnonnage sous la nue … Certes, il ne lui fallu pas davantage qu’un simple clignement de prunelles ourlées de frange, épais rideau de cils de diva volontaire, pour m’enjôler, de son langage muet, mais non décryptable : « On ne connaît que les choses que l'on apprivoise, semblait elle surenchérir. Les hommes n'ont plus le temps de rien connaître. Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n'existe point de marchands d'amis, les hommes n'ont plus d'amis. Si tu veux un ami, apprivoise-moi !

                     Mais là, n’est pas le sujet à l’ordre du jour !

Fin de la Troisième Partie

de la "Lettre Ouverte à une Voix Orphique"




[1] : François Cheng, immortel de l’Académie française, nous a livré en 2006 « Cinq Méditations Sur La Beauté » au sein desquelles il nous développe sa perception de cette fameuse « bonté-beauté »… (Pour consulter des articles de presse relatifs au sujet :

 http://www.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/la-beaute-de-francois-cheng-10632 ; http://www.psychologies.com/Culture/Philosophie-et-spiritualite/Meditation/Interviews/Francois-Cheng-La-beaute-nous-rend-meilleurs ; http://biblio.domuni.org/articleshum/delabeaute/index.htm ; http://www.canalacademie.com/ida714-Cinq-meditations-sur-la-beaute-de-Francois-Cheng-rencontre-avec-un-maitre-en-humanite.html )

[2] : Évocation des derniers vers « d’Elévation » de Charles Baudelaire. « Heureux celui qui peut d'une aile vigoureuse /S'élancer vers les champs lumineux et sereins /Celui dont les pensers, comme des alouettes/Vers les cieux le matin prennent un libre essor/- Qui plane sur la vie, et comprend sans effort/Le langage des fleurs et des choses muettes ! »

[3] : Citation de la Chanson «  Regard impressionniste » d’Yves Duteil signant Paroles et musique (album « Ton absence »).

[4] Extrait du « Trésor De L'arc En Ciel » dédié à J-M Folon d’Yves Duteil, album « Flagrant Délice », 2012

[5] : Formules de Claude Nougaro.

[6] : Allusion à Jean Cocteau demeurant à Milly la Forêt de 1947 à 1963.

[7] : Citation due à jean Cocteau

[8] : Évocation de la figure artistique polymorphe de Nicolas Dieterlé qui déclarait ceci : « Le service de la poésie et celui de l'âme impliquent mon indépendance par rapport à toute confession religieuse, toute profession, tout embrigadement que ce soit. Car le poète, le serviteur de l'âme, est essentiellement un sauvage, un hors-la-loi6.» Dans la droite ligne de Novalis, Nicolas Dieterlé place la poésie au-dessus de tout mode de connaissance : « Poésie : puits de silence où luit, tout au fond, l’eau immobile et fériée du Verbe». « Qu’est-ce que la poésie ? Une manière de contourner le monde pour voir, derrière, le Monde».

[9] Dans la lumière des saisons, p.44 et 53, P.O.L, 1991

[10] : D’après une formule, si ma mémoire ne me fait défaut, du compositeur Henri Duparc dans sa correspondance avec son intime, le poète Francis Jammes.

[11] : En référence à la pièce poétique de Théophile Gautier « L’Art » provenant du recueil « Émaux et Camées » d’où est issu le fameux vers : « Tout passe. - L'art robuste/Seul a l'éternité. » et qui s’ouvre de cette manière : « Oui, l'œuvre sort plus belle /D'une forme au travail /Rebelle,[…]

[12] : Quatrain extrait du « Chant I » de « L'art poétique » de Nicolas Boileau.

[13] : Titre de chanson de l’auteur-compositeur-interprète Yves Duteil, issu de l’album « La Tarentelle », 1977.

[14] : Détournement du poème « l’Amante » d’Émile Verhaeren provenant du recueil « les Forces tumultueuses » (http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/mile_verhaeren/l_amante.html )

[15] : Célèbres vers issus du « Lac » d’Alphonse de Lamartine, recueil « Méditations poétiques »

[16] : Néologisme autour de la source Hippocrène liée à l’Antiquité grecque, aux muses et au mythe de Pégase la faisant jaillir de son coup de sabot…

[17] : Sixième titre de l’album « Blessures D'enfance », 1990, Paroles et musiques : Yves Duteil, Les Éditions de l’Écritoire

[18] : Expression tirée de la chanson de Claude Nougaro, « La vie En Noir », Paroles et musique de C.Nougaro, album « Embarquement immédiat », an 2000

[19] :Citation provenant du Premier Livre de François Rabelais, Pantagruel (1532), 9 et dont la formule exacte est : « Car je suis né et ai été nourri jeune au jardin de France : c'est Touraine.

[20] : Emprunt au titre du roman de Johann Wolfgang Von Goethe.

[21] : Allusion à la chanson d’Yves Duteil tirée à l’origine de l’album « j’ai la Guitare qui me démange », 1979

[22]  : En référence à une œuvre que l’on ne présente plus d’Antoine de Saint Exupéry.

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Commentaires

  • Avertissement à l'adresse de nos Amis d'Arts et Lettres :

    Pour des motifs de splendeur et servitude du "serveur" régissant les paramètres de publication de notre cher réseau, je n'ai pu mettre en ligne l'intégralité de cette "Lettre Ouverte à une Voix Orphique humaniste" dédiée à l'auteur-compositeur interprète, Yves Duteil, que je suis donc contrainte de présenter sous forme de feuilleton... Et pourquoi non ?

    Voici donc, l'Avant dernier volet de l'épisode...

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