Le réseau des Arts et des Lettres en Belgique et dans la diaspora francophone
LA FEMME EST-ELLE UNE NOTE DE JAZZ ?
Du 23-05 au 10-06-12 se tient à l’ESPACE ART GALLERY (Rue Lesbroussart, 35, 1050, Bruxelles) une exposition intitulée LE MOUVEMENT DANS L’ART. Elle met en exergue les œuvres vibrantes d’un amoureux de la Femme et du jazz.
Monsieur CHRISTIAN VEY nous offre une très belle suite de tableaux vivants dont les thèmes principaux sont le jazz et la Femme, conçus comme des feux d’artifices, éclatés en une myriade d’étincelles dont chacune consolide le rythme dans sa couleur musicale.
L’artiste nous pose ici un fascinant problème, à savoir comment évoquer le mouvement en dehors de toute abstraction possible ? A cette question, Christian Vey nous propose deux mythes de l’imaginaire humain : le jazz, ce retour vers l’Homme Elémentaire, dans toute son acception, fait d’un univers tout en syncopes, rythmes et contre-rythmes. Et la Femme, cette terre nourricière qui porte en son sein l’humanité. Si Femme et jazz se fondent dans la même image, c’est précisément dans la note originelle au mouvement, considérée comme Principe de vie. Dans le rite sacrificiel qui faisait de la Femme la nourriture des dieux et qui a conduit Igor Stravinski à célébrer la première nuit du premier printemps par le sang terrible du Sacre.
C’est par la puissance d’un fauvisme rugissant, par les postures cabrées des musiciens dans le naissant de l’effort créatif, campés dans l’empreinte de la douleur extatique que la musique endiablée surgit du silence de notre inconscient.
D’un point de vue technique, les battements du jazz palpitent par la fusion incandescente de l’huile et du couteau que l’artiste utilise constamment dans les œuvres exposées. La mise en scène des couleurs, enchevêtrées dans le trait, confère à l’œuvre l’ivresse à son stade brut, inachevé. Le travail au couteau labourant la pâte souligne la forme en mettant en exergue chacune de ses nervures.
ORNETTE (100 x 80 cm), MILES DAVIS (80 x 110 cm), sont les témoins sonores de ce feu d’artifice tout en variations chromatiques.
Christian Vey: Ornette
Christian Vey: Miles Davis
Le mouvement est donc la résultante d’une série de conditions physiques se traduisant à la vue par une dimension festive qui interpelle le regard.
EN ATTENDANT (100 x 100 cm)
Christian Vey: En attendant
Cette exploration du visage féminin, porte en elle la célébration de la Femme, non pas en tant qu’ « objet » comme il est (hélas !) fréquent de le constater aujourd’hui mais comme « sujet », par lequel l’artiste s’interroge sur la magie de son mystère. L’intensité de son regard, les variations chromatiques qui soulignent son visage, l’esquisse d’un balbutiement sur ses lèvres et surtout l’arc-en-ciel chatoyant de sa chevelure en bataille, lui confèrent une sonorité hautement jazzistique dans la force du « staccato » ponctuant chacun des traits essentiels à la vie.
Son visage est compris entre le blanc immaculé de sa chemise, le feu vivifiant de ses cheveux et le fond rouge vif, formant un véritable « contre-point », indispensable à l’idée du mouvement.
Que ce soit dans l’évocation du jazz ou de celle de la Femme, l’artiste a voulu exprimer l’idée du son syncopé – jazzistique – par l’approche picturale. En cela, il rejoint, par un chemin et un style personnels, Henri Matisse qui vers la fin de sa vie a voué son interrogation finale à la manière de représenter le son spécifique au jazz dans chacun de ses segments – de ses mouvements – sur la toile.
Bien que Christian Vey n’ait jamais fréquenté les Beaux Arts, il s’était orienté dans sa jeunesse vers le dessin industriel. Ayant remarqué ses fortes dispositions, son professeur lui conseilla de se diriger vers le dessin artistique. Son « coup de foudre », comme il le dit lui-même avec la peinture lui vint lorsque, poussant la porte d’une galerie d’art, il fut, au contact des œuvres, submergé par une intense émotion. Ayant ressenti cela comme un appel, il affronta, en autodidacte le chevalet, et face à la toile vierge, il jeta pour la première fois ses taches de couleurs. Il y eut des ratages. Il y eu des réussites. Néanmoins, les formes créées sur la toile lui prouvèrent sa valeur en tant qu’artiste.
Né à Saint-Etienne, dans le Nord de la France, sa première approche avec la couleur s’est dans un premier temps, limitée au noir et au blanc, issus de la grisaille de la région industrielle. Le restant de sa palette, il l’a conquis une fois installé dans l’ambiance chaleureuse d’Uzès, dans le Sud, comme en témoignent les hautes notes rouges, jaunes et vertes qui parsèment ses compositions. Il pense la création dans un rapport agonistique. Cela n’est point étrange, étant donné qu’il a pendant des années pratiqué le Judo en professionnel. Mais qu’on ne s’y trompe pas, Christian Vey n’est pas un samouraï de la peinture. C’est un artiste pleinement accompli qui au travers du mouvement, conçu comme moyen, cherche sa voie qu’il trace au jour le jour.
Christian Vey est depuis 2006 exposé à la Angela King Gallery, à la Nouvelle Orléans, le berceau du Jazz qui eut parmi ses enfants King Oliver et Louis « Satchmo » Armstrong.
La symbiose demeure solide entre Femme, Jazz et mouvement : l’un se fond dans l’autre pour éclater sur la toile dans des accords de joie.
François L. Speranza.
Note de Robert Paul
Commenter
splendide.. j'adore
La posture de Miles est très réussie ! Une belle capacité d'animation de ses oeuvres.
Très expressif. Merci François pour cette présentatio éclairante.
Il faut aussi voir (et écouter) la vidéo de Robert Paul, pour une intro plus immédiate dans l'oeuvre.
La femme une note ? oui, celle que l'on cherche désespérément pour atteindre l'accord parfait. Quête de l'impossible "note bleue", beaucoup de jazzmen s'y sont perdus, et la note fut cher payée
Une touche puissante comme les couleurs, une grande expressivité !
Commentaire de Barbara Y. Flamand
J'ai vu l'exposition et je la revois maintenant sur le site à la lumière de l analyse de François. Ce qui m'a frappée et me frappe encore davantage dans une seconde observation, c'est l'art du peintre à rendre l'intensité intérieure des personnages, musiciens et femmes, Intensité rendue par l'explosion des couleurs dans un mouvement emporté. Je ne peux que souligner un des aspects de l'analyse de François car je ressens vraiment cette intensité relevant du fauvisme et de l'expressionnisme, et qui s'exprime dans une gamme variant de la jubilation à une sorte de souffrance qu'on lit nettement sur le visage d'un des musiciens. Ainsi, à travers les portraits - animés - circule un courant vital qui atteint le spectateur, le saisit, qu'il soit initié ou non.
merci...et bravo
...soyons "le mouvement et l'être"........musique de la vie
Superbes réalisations
magnifiques peintures méritant un très grand succès !
Effectivement sa peinture est très belle! Merci pour le partage! Amitiés ♥◠✿
Bienvenue dans
Arts et Lettres
Robert Paul recommande
Théâtre National Wallonie-Bruxelles
Thierry-Marie Delaunois
Billets culturels de qualité
BLOGUE DE DEASHELLE
Attention!: lire nuit gravement à l'ignorance.
Nouveau: Partenariats multilingues:
7 partenariats à plusieurs mains
-87 billets
-16 billets
Voies et chemins antiques de la Grèce
-19 billets
-39 billets
-38 billets
-5 billets
Ancien Testament
En préparation
I. 1830-1880 : Le romantisme embourgeoisé
II. 1880-1914 : Un bref âge d’or.
III. 1914-1940 : Avant-gardes et inquiétude
IV. 1940-1960 : Une littérature sans histoire
V. 1960-1985 : Entre hier et demain
Max Elskamp, dit "L'admirable", poète à qui est dédié le Réseau Arts et Lettres
-27 billets
Menneken-Pis. Tenue de soldat volontaire de Louis-Philippe. Le cuivre de la statuette provient de douilles de balles de la révolution belge de 1830.
(Collection Robert Paul).
© 2021 Créé par Robert Paul.
Sponsorisé par
Vous devez être membre de Arts et Lettres pour ajouter des commentaires !
Rejoindre Arts et Lettres