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                                     AU-DELA DE L’IMAGE : L’ŒUVRE DE JEAN-FRANCOIS COURBE

Du 01-02 au 24-02-19, l’ESPACE ART GALLERY (Rue de Laeken 83, 1000 Bruxelles) a eu le plaisir de vous présenter une exposition consacrée au sculpteur français, Monsieur JEAN-FRANCOIS COURBE, intitulée : DE L’ARBRE A’ LA SCULPTURE.

Quel lien unit l’arbre à la sculpture ? Celui de l’alchimie faite de matière et de sensualité constituée par le bois. Le bois devient l’intermédiaire direct entre l’arbre et l’œuvre. Le titre de l’exposition est parfaitement fidèle à la vision de l’artiste. Il est des sculptures où le bois disparaît pour révéler la virtuosité de la forme dans toute la complexité de son vocabulaire. Pour cet artiste, l’alliance entre arbre et œuvre s’avère indispensable pour que cette dernière existe.

Dans toutes ses convulsions, circonvolutions et révolutions, LE BATON VERT (bois d’abricotier) donne le sentiment que l’arbre est à l’origine de l’œuvre.

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Que le sculpteur n’a servi que d’intermédiaire à son éclosion. Est-ce l’arbre qui est contenu dans la sculpture ou est-ce la sculpture qui est contenue dans l’arbre? Le visiteur tranchera cette question au fur et à mesure qu’il tournera autour de la pièce. LE BATON VERT est, en fait, la rencontre de deux pièces : un bâton de couleur verte traversant en son milieu un ensemble de bois massif parsemé de cratères et de circonvolutions. L’on sent la patte du sculpteur dans les finitions qui rendent le volume, particulièrement dans les creux et les aspérités. A’ partir d’une base fortement rehaussée, la pièce s’élance dans une ascension tortueuse jusqu’au sommet, constitué d’excroissances mettant en relief l’abricotier dans sa véritable couleur en ses creux. Les réminiscences originelles conférées par la nature (greffe, couleur…) atténuent l’abstraction suggérée par la forme. Cette dernière participe de la matière. Sans doute la transcende-t-elle dans la séculaire communion-compétition entre Art et Nature. La nécessité première de l’artiste concernant cette pièce est celle de créer le mouvement : tout cela étant établi dès le départ des branches. Etant réalisée en abricotier, cet arbre a pour caractéristique qu’il peut être greffé sur le tronc d’un autre arbre solide. Ici, l’arbre greffé est inconnu. 

EVOLUTION (bois d’abricotier)12273340096?profile=original

La symbiose entre le bois et la pierre réside dans le fait que leur traitement permet de mettre en exergue l’idée de la sensualité. Comment, à la vue de ces traits étirés, ne pas évoquer l’image d’une créature féminine dans sa nudité? Comment, au contact de ces longs entrelacs, ne pas succomber à l’image de l’ « Odalisque » allongée, lascive, sur son divan? L’œuvre se structure sur cinq niveaux : deux niveaux sculptés comme des scarifications corporelles et trois niveaux lisses. La pièce se présente donc comme une succession de plans lisses et de plans sculptés.

Bien que cela participe entièrement de l’imaginaire, lui-même expression directe de la culture séculaire, l’on pourrait voir dans cette succession de niveaux, l’image de la mort et de la renaissance. Les plans lisses exprimant l’idée du « renouveau » par rapport aux surfaces rugueuses évoquant l’image de la peau usée. Le titre de l’œuvre (EVOLUTION) aboutirait alors à l’idée incarnée dans la matière.  La seconde étant la servante absolue de la première.                 

DEMETER (chêne)

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est la seule œuvre de l’exposition qui soit totalement figurative. Cette sculpture démontrant l’expérience, la culture ainsi que le professionnalisme de l’artiste, pourrait à l’extrême limite (s’il ne s’agissait d’une sculpture) se lire comme une peinture moderne du début des années ‘30 du siècle dernier. A’ partir d’un tronc conçu en plan, tous les attributs composant la pièce sont décentrés par rapport à l’ensemble. La tête est tournée vers la droite (la gauche par rapport au visiteur). L’épaule droite gauche par rapport au visiteur), légèrement décentrée permet au bras de tomber harmonieusement jusqu’à ce que la main touche la cuisse droite (gauche par rapport au visiteur). Une cassure du rythme intervient dans la posture du bras gauche (droit par rapport au visiteur), lequel reposant sur le genou, occulte l’épaule pour rejoindre la base du cou. Des seins proéminents ainsi qu’une cuisse volumineuse rentrant vers l’intérieur, assurent la stabilité de la pièce dans son volume. L’on pourrait parfaitement faire passer une ligne médiane imaginaire allant de la base du cou vers le bas du ventre, en passant par les seins. Le même phénomène est perceptible sur l’arrière de la pièce. Ici, la colonne vertébrale, à peine esquissée, matérialise cette droite imaginaire, de la base du cou jusqu’au creux des reins. Le visage, tourné vers le haut, porte des traits à peine soulignés, à l’exception du nez massif par rapport au reste, rappelant assez celui des divinités cycladiques. Les yeux, exorbités, sont proches de l’art mésopotamien.   

ENVOL (châtaignier)

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évite de nous poser la question, à savoir si oui ou non, il s’agit d’un oiseau. Car une fois encore, nous nous trouvons face à la matérialisation d’une idée transcendant le sujet : celle de l’envol, concrétisée par une série d’excroissances, sur la gauche de la pièce, se déployant ensuite dans tous les sens.

La plus haute de ces celles-ci part vers le haut. Si le visiteur se place face au dos de la pièce, tout s’embrouille.

Elle prend d’autres aspects tout aussi intéressants n’ayant plus rien à voir avec l’idée de l’envol. Cette œuvre constitue un bel exemple de technique.

Réalisée en taille directe (ronde-bosse) à partir de la matière première, nous remarquons, sur l’extrême droite ainsi que sur le centre, l’apparition de résidus appartenant à la souche.

L’artiste a gardé l’écorce à la pièce comme pour laisser la peau au volatile. Il l’a ensuite badigeonnée avec une teinture conférant à l’écorce, dès que celle-ci vieillira, l’assurance qu’elle deviendra grise. La partie centrale étant mise en valeur en tant que corps confirmé de l’oiseau. Tandis que son extrémité (réduite par rapport au centre) fait office de tête au volatile. L’idée première de l’envol est donnée par l’extrémité arrière gauche, rappelant à la fois les plumes et les ailes équilibrant la pièce. L’arrière, au contraire, présente un « décor » laissant le visiteur à son imagination. Nous nous trouvons face à une pièce laquelle, à la fois, « conditionne » le regardant dans une image donnée par la Nature : l’envol (côté frontal), devenant libre d’interprétation une fois envisagé sur sa face arrière. C’est là toute la dialectique de la sculpture contemporaine : laisser le visiteur libre dans son interprétation à partir d’une idée donnée. L’œuvre de cet artiste participe d’un long discours en ce sens qu’au-delà du thème sculpté, il travaille sur cinq ou six pièces en même temps. Lorsqu’il estime avoir assez travaillé sur une œuvre, il la laisse au repos pour en reprendre une autre quitte à revenir sur la précédente pour y apporter la touche qu’il juge finale. Il y a, par conséquent, interaction entre chaque opus composant une œuvre, quelle que soit sa destination. Chaque création est semblable à un accouchement car c’est de l’arbre que la sculpture vient au Monde. L’artiste est venu à la sculpture par le bois, considérant que le bois, directement issu de la Nature a quelque chose à dire. L’arbre ne s’arrête pas. Il évolue dans l’œuvre créée. Et de ce fait, continue à révéler l’artiste.

JEAN-FRANCOIS COURBE a une formation d’autodidacte. Il a notamment travaillé avec un marbrier qui lui a appris à se servir correctement des outils. Il a jeté son dévolu non sur la pierre mais sur le bois comme mode d’expression.

Par son geste, il atteint la vocation de tout sculpteur : servir d’outil au dessein du Démiurge dans le prolongement de l’acte créateur.

François L. Speranza.

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Collection "Belles signatures" © 2020 Robert Paul

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Robert Paul, éditeur responsable

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12273342670?profile=original

12273343453?profile=originalPhotos de l'exposition de JEAN-FRANCOIS COURBE à l'ESPACE ART GALLERY

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Commentaires

  • ADMINISTRATEUR GENERAL

    L’artiste français Jean-François Courbe a exposé ses œuvres dans la galerie en 2019. Et son billet d’art du critique d’art François Speranza sera publié dans le « Recueil n° 8 de 2019 » par « Les Éditions d’art EAG » dans la Collection « États d’âmes d’artistes » en 2021. 

    Lien vers la vidéo lors du vernissage de son exposition dans la galerie :

    https://youtu.be/a2O_BRlq-z8

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