C'est au début de mai que je relis chaque année des passages du chef-d'oeuvre de Charles De Coster, La légende d'Ulenspiegel, oeuvre fondatrice de notre littérature belge.
"À Damme, en Flandre, quand mai ouvrait leurs fleurs aux aubépines, naquit Ulenspiegel, fils de Claes. Une commère sage-femme et nommée Katheline l’enveloppa de langes chauds, et, lui ayant regardé la tête, y montra une peau. – Coiffé, né sous une bonne étoile ! dit-elle joyeusement. Mais bientôt se lamentant et désignant un petit point noir sur l’épaule de l’enfant : – Hélas ! pleura-t-elle, c’est la noire marque du doigt du diable. – Monsieur Satan, reprit Claes, s’est donc levé de bien bonne heure, qu’il a déjà eu le temps de marquer mon fils ? – Il n’était pas couché, dit Katheline, car voici seulement Chanteclair, qui éveille les poules. Et elle sortit, mettant l’enfant aux mains de Claes. Puis l’aube creva les nuages nocturnes, les hirondelles rasèrent en criant les prairies et le soleil montra pourpre à l’horizon sa face éblouissante. Claes ouvrit la fenêtre et parlant a Ulenspiegel : – Fils coiffé, dit-il, voici monseigneur du Soleil qui vient saluer la terre de Flandre. Regarde-le quand tu le pourras, et, quand plus tard tu seras empêtré en quelque doute, ne sachant ce qu’il faut faire pour agir bien, demande-lui conseil ; il est clair et chaud ; sois sincère comme il est clair, et bon comme il est chaud."
Charles De Coster sur le réseau
Qui me fera le grand plaisir d'illustrer ce texte?
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